
La presse au Burundi est confrontée à de réelles difficultés après des violences politiques et une tentative de coup d'Etat dans le pays, suivies d'attaques contre les médias, qui sont désormais mis à «rude épreuve», selon les observateurs. Alors que le calme semble revenir dans la rue suite au manifestations contre la candidature du président sortant, Pierre Nkurunziza, pour un troisième mandat, plusieurs radios ont été saccagées durant les dernières 48 heures, ont rapporté des médias.
A dix jours des législatives et à quarante jours de la présidentielle, les principales chaînes de radios privées ont été fermées ou vandalisées, selon les mêmes sources.
«La radio-télévision (RTNB), gouvernementale, continue de relayer les messages présidentiels. La Radio public africaine (RPA -privée-), la Radio-Télé Renaissance et les deux autres principales radios privées, Bonesha et Isangarino ont été attaquées et ne peuvent plus émettre aujourd'hui, pour avoir diffusé les messages des putschistes», a-t-on confirmé à Bujumbura.
Toutefois, la présidence burundaise a «condamné» dimanche les récentes attaques contre des radios privées du pays. «Qu'on brûle des médias, au niveau de la présidence, on condamne avec la dernière énergie», a affirmé le conseiller en communication du président, Willy Nyamitwe.
Le responsable de la Radio-Télé Renaissance, «Innocent Muhozi, a pour sa part dénoncé une «violation de la liberté de la presse», regrettant le fait que les quatre médias les plus suivis de la capitale «ont été saccagés par les forces de l'ordre.»
Accusées de soutenir l'opposition, les principales radios: la RPA, Radio-Télé Renaissance, Bonesha-FM et Isanganiro ont été violemment attaquées, leur matériel détruit, et endommagé. Seules deux radios continuent à émettre, la Radio Maria, et la RTNB, ont fait savoir des sources médiatiques. «On sent une telle haine derrière ces attaques, une volonté de casser, d'anéantir la liberté de parole et d'expression au Burundi», a dit avec insistance le responsable de Radio-Télé Renaissance.
Les manifestations au Burundi ont cessé, dimanche, pour une journée avant de reprendre lundi. «Les manifestations reprendront lundi matin», a promis l'opposant Pacifique Nininahazwe, demandant «aux manifestants de rester vigilants quant à leur sécurité dans les différents quartiers».
Retour en arrièreaprès une ouverturemédiatique en 2000Depuis le début des années 2000, alors que s'achevait la longue guerre civile (1993-2006), s'était développée une presse se voulant professionnelle et libre. Plusieurs radios indépendantes ont vu le jour refusant toute identification communautaire. «Il est très clair que le Burundi ressemble maintenant à ce qu'il était à l'époque du parti unique lorsqu'il n'y avait que la seule RTNB (Radio Télévision nationale du Burundi) à émettre.
Aujourd'hui on en est exactement là», a fait remarquer Innoncent Muhozi. Le silence des radios indépendantes suscite toutes les craintes dans les quartiers contestataires de Bujumbura. Pour l'instant on ne parle d'aucune arrestation. «Mais la plupart des responsables ont quitté le pays et les journalistes ont peur d'être assassinés.
Nous voulons être traités comme des êtres humains et non comme des animaux à abattre», a ajouté Innoncent Muhozi. Le patron de la RPA Bob Rugurika, un symbole de la liberté d'expression au Burundi a fui à l'étranger et plusieurs journalistes de médias privés se cachent. Des leaders du mouvement anti-troisième mandat sont également recherchés.