Quelque 600 millions de personnes resteront appauvries, d’ici à 2030, ce qui témoigne de la lenteur des progrès qui sont loin d’atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD), a indiqué lundi l’ONU, mettant l’accent sur l’aggravation des inégalités entre les pays, sur fond d’appels à une réforme urgente du système financier mondial.
«D’ici à 2030, on estime que 600 millions de personnes resteront appauvries, ce qui témoigne de la lenteur des progrès qui sont loin d’atteindre nos objectifs de développement durable», a déclaré le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Dennis Francis, lors d’une réunion de haut niveau de l’AG sur la viabilité de la dette.
Le Président de la 78e session de l’organe a mis l’accent sur l’aggravation des inégalités entre les pays riches et les pays pauvres, avertissant que «si le monde est en passe de voir son premier trillionnaire d’ici 2030, il faudra encore 229 ans pour éradiquer la pauvreté». «Il est clair que le fossé entre le Nord riche et le Sud en développement se creuse, limitant de plus en plus les chances de vie des personnes qui y vivent», a-t-il souligné, alertant sur l’impact de ces disparités sur les jeunes, les femmes, les personnes en situation de handicap et les habitants des zones rurales.
Pour M. Francis, «si rien n’est fait pour remédier à cette situation, ils seront littéralement laissés pour compte, privés des fruits du développement et ignorés», qualifiant cela «de ni acceptable ni durable». Il a entre souligné la nécessité «d’une planche de salut» pour que les pays en développement puissent s’extraire des «sables mouvants de la dette», rappelant que le programme de relance des ODD, qu’il a proposé en février dernier, «doit maintenant prendre vie».
Ce programme vise à obtenir 500 milliards de dollars par an de financement supplémentaire de la part des pays les plus développés du monde, afin de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Appels à une réforme urgente du système financier mondial
Dans ce sillage, l’ONU a appelé à une réforme urgente du système financier mondial, notamment quant à la manière d’aborder l’allègement de la dette au nom des milliards de citoyens vivant dans les pays en développement. Lors de cette réunion de haut niveau, le Secrétaire Général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a souligné l’impact paralysant de la dette sur les économies en développement, notant que les quatre dernières années «n’ont été rien de moins qu’un désastre pour la dette».
Plus d’un cinquième des recettes fiscales de 25 pays en développement ont été consacrées au service de la dette extérieure, tandis que les coûts d’emprunt extrêmement élevés ont conduit des pays comptant au total quelque 3,3 milliards d’habitants - soit environ 40 % de la population mondiale - à dépenser davantage en paiements d’intérêts qu’en initiatives dans les domaines de la santé ou de l’éducation. «Au lieu d’un filet de sécurité, les pays en développement sont confrontés à un système obsolète, dysfonctionnel et injuste qui ne répond pas à leurs besoins», a ajouté M. Guterres. Convoqué par le Président de l’Assemblée générale, le débat sur la viabilité de la dette et l’égalité socio-économique pour tous a marqué la première discussion de haut niveau dans le cadre de la toute première semaine de la durabilité organisée par l’ONU. Parmi les autres points forts, on peut citer les discussions consacrées au transport durable, au tourisme et à l’énergie.