
L’envoyé de l’ONU au Yémen, Martin Griffiths, a fait part de ses frustrations au Conseil de sécurité face aux lenteurs des négociations politiques alors que le pays est toujours confronté, au quotidien, aux hostilités et à la menace de la Covid-19.
"C’est frustrant", a reconnu jeudi l’Envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen alors que le pays n’est pas épargné par la pandémie de Covid-19, ni par ses conséquences socio-économiques mondiales.
Mais il a émis l’espoir de pouvoir montrer aux membres de l’organe onusien chargé de la paix et de la sécurité internationale "que la fin des combats au Yémen est à portée de main".
"Les Nations Unies ont fourni une feuille de route. Il appartient à ceux qui disposent des armes et du pouvoir de prendre les décisions pour la faire réussir", a dit M. Griffiths aux 15 membres du Conseil.
Suite à l’appel à un cessez-le-feu mondial du Secrétaire général de l’ONU, son Envoyé spécial s’est engagé dans d’intenses négociations avec les parties au conflit au Yémen, s’efforçant de trouver des points de convergences entre elles et de prop oser des compromis.
La dernière version des propositions faites par l’ONU était un "ensemble équilibré et réaliste", a estimé M. Griffiths."Nous avons constaté des progrès importants dans ces négociations, en particulier en ce qui concerne le cessez-le-feu. C'est l'élément le plus important.
Il répond directement aux appels du peuple yéménite, qui a désespérément besoin de calme pour retourner dans sa vie", a-t-il dit.
Mais le cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas, souligne l’envoyé onusien, précisant que des divergences persistent sur le volet humanitaire et économique.
Les mesures socioéconomiques de tout accord sont nécessaire pour aider le Yémen à affronter la crise du Covid-19, insiste M. Griffiths. Nul ne sait vraiment le taux d’infection réel, vu le faible nombre de tests.
Autre point de discorde entre les parties, la question de la libération des prisonniers qui n'est pas mise en oeuvre. M. Griffiths estime toutefois que le gouvernement yéménite et les Houthis se sont engagés de façon " constructive, sérieuse et positive" sur les propositions faites par l’ONU.
"Mais le peuple du Yémen a le droit de se sentir frustré par le rythme lent des négociations. Nous espérons que ces négociations se concluront bientôt sur un succès", a-t-il dit.
Car sur le plan militaire, la situation a u Yémen demeure extrêmement préoccupante.
Les hostilités se poursuivent à Marib et des combats intenses ont eu lieu dans les gouvernorats d’Al-Bayda et d’Al-Dali. A Hodeïda, les violations du cessez-le-feu continuent. La situation dans le sud du pays est également extrêmement préoccupante où M. Griffiths craint qu’une " tempête parfaite soit sur le point de fermenter".
"Le résultat à venir est dans les mains des parties", a dit M. Griffiths. "Et ce Conseil (de sécurité) a un rôle vital à jouer pour les soutenir, et de façon plus importante le peuple yéménite, sur le chemin vers la paix".
Depuis 2014, la guerre au Yémen oppose les rebelles Houthis qui contrôlent le nord du pays, dont la capitale Sanaa-- aux forces gouvernementales appuyées militairement depuis 2015 par une coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite.