
De nombreux Boliviens ont réclamé jeudi avec un concert de casseroles et de pétards des élections dans un délai de 90 jours, à l'appel de réseaux sociaux hostiles au gouvernement provisoire et proches de l'ancien président Evo Morales.
La protestation a retenti à La Paz, la capitale, et dans la ville voisine d'El Alto en pleine urgence nationale décrétée en raison de la pandémie de Covid-19 et alors qu'une quarantaine totale est en vigueur depuis le 22 mars.
Elle a coïncidé avec l'approbation par le Sénat d'une loi qui fixe un délai de 90 jours à partir de sa promulgation pour que le Tribunal suprême électoral (TSE) convoque des élections générales. La mesure avait été approuvée mercredi par la Chambre des députés. Dans les deux chambres du parlement, le Mouvement vers le socialisme (MAS) d'Evo Morales, qui vit en exil après avoir démissionné en novembre, dispose d'une large majorité.
Le gouvernement intérimaire de droite arrivé au pouvoir après le départ de M. Morales est présidé par la sénatrice Jeanine Añez. Les élections qui devaient se tenir le 3 mai pour tenter de sortir la Bolivie de la crise politique ont été reportées en raison de la pandémie.
Le TSE avait proposé cette semaine au parlement qu'elles aient lieu entre le 28 juin et le 27 septembre. Maintenant qu'elle a été adoptée par les deux chambres, la loi pour la convocation des élections doit être promulguée par la présidente par intérim Jeanine Añez. Mais les partisans d'Evo Morales soupçonnent l'exécutif provisoire de vouloir les reporter à l'année prochaine. En exil en Argentine, M. Morales a mis en garde le pouvoir intérimaire bolivien contre un report à 2021 qui serait décidé en "profitant" de la pandémie.
"Ce serait une grave erreur", déclarait M. Morales, cité par l'agence AFP, le 20 avril. "Ce serait fatal. Je ne sais pas si le peuple va supporter cela jusqu'à l'année prochaine". A l'annonce du vote du Sénat demandant des élections dans les 90 jours, un sénateur de droite, Oscar Ortiz, a accusé le Sénat d'"irresponsabilité totale". Il a mis en avant la priorité de la lutte contre l'épidémie, comme l'ont fait avant lui des représentants du gouvernement par intérim. Au pouvoir depuis 2006, Evo Morales était sorti vainqueur du scrutin présidentiel du 20 octobre pour un quatrième mandat, mais l'opposition avait crié à la fraude. Après des semaines de manifestations et son lâchage par la police et par l'armée, il avait démissionné le 10 novembre et quitté la Bolivie.