
Le représentant sahraoui dans l'Etat espagnol, Abdulah Arabi, a dénoncé mardi la nouvelle manœuvre expansionniste du Maroc qui a officialisé les «lois» d'expansion de ses eaux territoriales, transgressant directement les frontières du Sahara occidental et de l'Espagne, en violation du droit international.
Abdulah Arabi, cité par l'Agence sahraouie SPS, a averti que «l'approbation ou la publication unilatérale dans son bulletin officiel par le Maroc ne change pas la nature politique et juridique du Sahara occidental d'un iota».
Dans le même esprit, le délégué du Front Polisario a rappelé une fois de plus que «le Sahara occidental continue d'être un territoire en attente de décolonisation, occupé illégalement par le Maroc, tel qu'établi par les résolutions des organisations internationales et reconnaissant les jugements du tribunal de l'Union européenne, qui détermine que le Sahara occidental est un territoire distinct et séparé du Maroc».
«Au milieu d'une crise sanitaire internationale provoquée par la propagation rapide du coronavirus, le Maroc a profité de l'état d' alerte dans les pays pour franchir une nouvelle étape dans son aventure expansionniste dans la région», a dénoncé le diplomate sahraoui. Mi février, le Parlement européen a décidé de se saisir de la question des deux lois expansionnistes adoptées par la Chambre des Conseillers marocains, début février, qui prétendent inclure les eaux du Sahara occidental dans l’espace maritime du royaume.
Face à une telle violation de la légalité internationale, l’hémicycle européen a invité la Commission européenne à réagir rapidement. Les députés européens, réunis en session plénière du Parlement européen du 10 au 13 février 2020 à Strasbourg, ont décidé de se pencher sur les démarches expansionnistes du Maroc, suite à l’adoption par la Chambre des
Conseillers du Maroc (chambre haute), le 4 février 2020, de deux textes législatifs, proposés par le Gouvernement marocain en juillet 2017, portant respectivement sur la fixation des limites des eaux territoriales (loi 37-17) et l’institution d’une Zone Economique Exclusive (loi 38-17), incluant illégalement le Sahara occidental. Le plus grand groupe politique du Parlement européen (Parti Populaire Européen/PPE) a exprimé ses vives préoccupations par la voix de son député espagnol Gabriel Mato. Cet élu canarien a pris la parole, en séance plénière du Parlement européen, pour demander à la Commission européenne d’agir «plus activement en vue de freiner toute intention unilatérale du Maroc d’étendre ses eaux territoriales». Cette interpellation intervient quelques jours seulement après que la vice-Présidente du Parlement européen, la finlandaise Heidi Hautala, avait exprimé son étonnement suite au retrait «inédit» par l’exécutif européen d’une réponse écrite du Commissaire à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, confirmant l’obligation d’étiquetage des produits originaires du Sahara occidental.
Le Sahara occidental figure sur la liste des 17 territoires relevant de la Quatrième Commission de l'ONU en charge des politiques spéciales et de la décolonisation. Son peuple attend toujours la concrétisation des promesses onusiennes concernant l'organisation d'un référendum d'autodétermination libre et régulier, conformément à l'accord de cessez-le-feu signé en 1991 entre le Front Polisario et le Maroc.