
L’émissaire des Nations Unies a annoncé sa démission pour des «raisons de santé». Il a écrit lundi sur son compte personnel Twitter avoir demandé au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres de le «libérer» de ses fonctions. Sa démission intervient après un nouveau round de discussions inter-libyennes à Genève, la semaine dernière, qui n'ont pas abouti aux résultats escomptés.
Ghassan Salamé, nommé en juin 2017 par M. Guterres,succédant à l'Allemand Martin Kobler, avait réussi à réunir dans la capitale helvétique des représentants du gouvernement d’union nationale libyen (GNA), reconnu par la communauté internationale, dirigé par Fayez al-Sarraj, et de l’Armée nationale libyenne (ALN) conduite par le maréchal Haftar, avant que les deux camps ne suspendent leur participation. Lors d’une confé rence de presse, le 29 février, le désormais ex-émissaire onusien a indiqué: «J’ai essayé d’unir les Libyens et de restreindre l’ingérence étrangère» dans ce pays. Il a évoqué notamment la conférence internationale sur la Libye, organisée fin janvier à Berlin, sous l'égide des Nations Unies, et les pourparlers inter-libyens qu'il avait récemment lancés sur trois volets, politique, militaire et économique
M. Salame a, avant tout, souhaité «la paix et la stabilité» en Libye, où un cessez-le-feu a été instauré depuis le 12 janvier, même si quelques violations de la trêve sont enregistrées de temps à autre. Depuis, il a tenté de convaincre les belligérants libyens d'unifier les institutions de l'Etat et d'organiser des élections en vue de mettre fin aux divisions dans le pays. M. Salamé a essayé par la suite d'unifier la position de la communauté internationale sur la Libye, après avoir constaté que les divisions et les ingérences étrangères compliquent la crise dans le pays et rendent difficile toute solution politique.
Il était ainsi présent aux côtés de dirigeants des puissances mondiales et des principaux pays concernés par la crise libyenne à la conférence de Berlin, où des engagements de non ingérences et de relance du processus politique ont été largement pris. Vendredi dernier à Genè ve, M. Salamé s'en est pris aux «cyniques» qui tentent de saper les discussions entre les belligérants libyens, réclamant en outre un plus grand soutien international.
L'émissaire de l'ONU a déclaré qu'il souhaitait la poursuite des négociations inter-libyennes même si les deux camps ont annoncé la suspension de leur participation aux pourparlers politiques. A New York, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a confirmé lundi que le secrétaire général «a reçu un message de M. Salamé, exprimant son intention de quitter son poste de représentant spécial pour la Libye». Stéphane Dujarric a indiqué qu’Antonio Guterres avait à cœur d’assurer une transition en douceur, pour «ne pas perdre le rythme des gains réalisés», assurant que M. Guterres «a toujours eu pleinement confiance dans le travail de M. Salamé et dans les grands efforts qu’il a déployés pour ramener la paix».
M. Salamé, né en 1951, a passé la majeure partie de sa carrière en tant que professeur de relations internationales à l'université de Sciences politiques à Paris. Il a été ministre de la Culture au Liban de 2000 à 2003 et a ensuite travaillé comme conseiller auprès de l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et de la mission des Nations unies en Irak.