
La wilaya de Blida est l'une des premières à travers le pays à avoir bénéficié en 2011 d'un Centre médical privé spécialisé dans le traitement des tumeurs cancéreuses, qui reçoit actuellement des malades de cancer pour des séances de radiothérapie et de chimiothérapie las d'attendre en vain un rendez vous dans des centres anti-cancer relevant du secteur public. La structure accueille actuellement des malades de cancer de différentes wilayas du pays, épuisés par la longue attente d'un rendez vous pour une séance de radiothérapie ou de chimiothérapie au niveau du CAC de Blida relevant du secteur public. Parmi les malades dont l'état de santé ne pouvait permettre de figurer sur une liste d'attente pour entamer un traitement, Mme Fatima de Chlef, qui désespérée d'obtenir un rendez-vous après quatre mois d'attente, a préféré opter pour la clinique privée de Blida.
Visiblement épuisée par la maladie et la longue route effectuée avec son mari et ses enfants pour arriver au centre, Mme Fatima a fait part à l'APS de son "douloureux combat contre la maladie, aggravé par le mauvais accueil réservé au niveau des hôpitaux publics".
"J'ai du vendre un lot de terre hérité de mon père pour régler les frais des soins extrêmement élevés", a-t-elle déploré, appelant les autorités publiques à "agir pour réduire les énormes charges financières supportées par les malades du cancer".
Ahmed, atteint d'un cancer du colon, a dit pour sa part avoir "épuisé toutes ses économies laborieusement réunies pour le mariage de son fils pour son traitement", ajoutant que le choix de se faire traiter dans un centre privé lui a été imposé par le parcours du combattant effectué au niveau du CAC du CHU Franz Fanon pour l'obtention d'un rendez-vous.
Appels au remboursement par la CNAS des frais engagés par les malades du cancer
Pour une lutte plus efficace contre le cancer, de nombreux patients ont préconisé l'intégration de la maladie dans la nomenclature des maladies prises en charge par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, afin d'ouvrir droit au remboursement des frais de leurs thérapies (chimiothérapie et de radiothérapie assurées) dans le secteur privé.
Une revendication soutenue par le directeur de la clinique privée, le Pr Mohamed Afiane, qui a souligné l'impératif du "remboursement par la CNAS des différents frais engagés par les malades du cancer tout au long de la période de leur traitement, et ce dans le cadre du futur plan national de lutte contre la maladie".
Le Pr Afiane, également ex-responsable de la Commission nationale sur le cancer, a indiqué que sa structure accueille "une moyenne de 20 malades par jour pour des séances de chimiothérapie".
"Ce nombre est nettement en deçà des capacités de la clinique", a-t-il noté, imputant ce fait aux "frais élevés des séances de thérapie, qui ne sont pas à la portée d'une majorité des malades". Pour le spécialiste, "une prise en charge des frais par l'Etat permettrait à un grand nombre d'assurés sociaux de bénéficier d'un traitement dans le secteur privé, ce qui réduira la tension sur les hôpitaux publics". Le président de l'association El-Badr d'aide aux malades atteints de cancer, Mustapha Moussaoui, a plaidé, quant à lui, pour l'intégration des prothèses mammaires externes dans la nomenclature des médicaments et membres artificiels remboursés par la CNAS (les prix de cette prothèse varient entre 15.000 à 20.000 Da). "Cela est de rigueur dans de nombreux pays développés", a-t-il relevé, déplorant la "situation précaire d'une majorité des patientes, qui ne peuvent acquérir cet équipement vital pour leur féminité".
L'association El Badr assure gite et couvert aux malades de cancer tout au long de la période de leur traitement dans la wilaya de Blida, en plus d'un soutien psychologique, essentiel pour leur rétablissement, selon les spécialistes du domaine.
En 2019, le foyer "Dar El Ihssane", relevant de l'association, a accueilli 864 malades issus de 39 wilayas, dont 80% de femmes. Ils ont été hébergés et nourris à titre gracieux tout au long de la durée de leur traitement, pouvant aller de 45 à 60 jours, outre une orientation et un accompagnement dans la réalisation de différentes analyses et radios dans des laboratoires d'analyses et de radiologie, ayant signé des conventions avec l'association "El Badr", a indiqué M. Moussaoui.
Un autre foyer "Dar El Ihssane 2", d'une capacité de prise en charge d'une trentaine de personnes, a été ouvert à la fin de l'année dernière à Bab Zaouia dans le centre ville de Blida, en vue de réduire la tension sur le premier foyer.
L'initiative a été également élargie à la capitale où un foyer "Dar El Badr" a été ouvert au mois d'octobre dernier dans la commune de Belouizdad, grâce aux dons d'un bienfaiteur.