cancer Affluence sur le CAC de Blida, les malades contraints de se tourner vers le secteur privé

Publié par DK NEWS le 02-02-2020, 17h51 | 34

La wilaya de Blida est l'une des premières à travers le pays à avoir  bénéficié en 2011 d'un Centre médical privé spécialisé dans le traitement  des tumeurs cancéreuses, qui reçoit actuellement des malades de cancer pour  des séances de radiothérapie et de chimiothérapie las d'attendre en vain un  rendez vous dans des centres anti-cancer relevant du secteur public. La structure accueille actuellement des malades de cancer de différentes  wilayas du pays, épuisés par la longue attente d'un rendez vous pour une  séance de radiothérapie ou de chimiothérapie au niveau du CAC de Blida  relevant du secteur public. Parmi les malades dont l'état de santé ne pouvait permettre de figurer sur  une liste d'attente pour entamer un traitement, Mme Fatima de Chlef, qui  désespérée d'obtenir un rendez-vous après quatre mois d'attente, a préféré  opter pour la clinique privée de Blida.
 Visiblement épuisée par la maladie et la longue route effectuée avec son  mari et ses enfants pour arriver au centre, Mme Fatima a fait part à l'APS  de son "douloureux combat contre la maladie, aggravé par le mauvais accueil  réservé au niveau des hôpitaux publics".
 "J'ai du vendre un lot de terre hérité de mon père pour régler les frais  des soins extrêmement élevés", a-t-elle déploré, appelant les autorités  publiques à "agir pour réduire les énormes charges financières supportées  par les malades du cancer".
Ahmed, atteint d'un cancer du colon, a dit  pour sa part avoir "épuisé toutes ses économies laborieusement réunies pour  le mariage de son fils pour son traitement", ajoutant que le choix de se  faire traiter dans un centre privé lui a été imposé par le parcours du  combattant effectué au niveau du CAC du CHU Franz Fanon pour l'obtention  d'un rendez-vous.

Appels au remboursement par la CNAS des frais engagés par les malades du cancer 
Pour une lutte plus efficace contre le cancer, de nombreux patients ont  préconisé l'intégration de la maladie dans la nomenclature des maladies  prises en charge par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité  sociale, afin d'ouvrir droit au remboursement des frais de leurs thérapies  (chimiothérapie et de radiothérapie assurées) dans le secteur privé.
Une revendication soutenue par le directeur de la clinique privée, le Pr  Mohamed Afiane, qui a souligné l'impératif du "remboursement par la CNAS  des différents frais engagés par les malades du cancer tout au long de la  période de leur traitement, et ce dans le cadre du futur plan national de  lutte contre la maladie".
Le Pr Afiane, également ex-responsable de la Commission nationale sur le  cancer, a indiqué que sa structure accueille "une moyenne de 20 malades par  jour pour des séances de chimiothérapie".
"Ce nombre est nettement en deçà  des capacités de la clinique", a-t-il noté, imputant ce fait aux "frais  élevés des séances de thérapie, qui ne sont pas à la portée d'une majorité  des malades". Pour le spécialiste, "une prise en charge des frais par l'Etat permettrait  à un grand nombre d'assurés sociaux de bénéficier d'un traitement dans le  secteur privé, ce qui réduira la tension sur les hôpitaux publics". Le président de l'association El-Badr d'aide aux malades atteints de  cancer, Mustapha Moussaoui, a plaidé, quant à lui, pour l'intégration des  prothèses mammaires externes dans la nomenclature des médicaments et  membres artificiels remboursés par la CNAS (les prix de cette prothèse  varient entre 15.000 à 20.000 Da). "Cela est de rigueur dans de nombreux  pays développés", a-t-il relevé, déplorant la "situation précaire d'une  majorité des patientes, qui ne peuvent acquérir cet équipement vital pour  leur féminité".
L'association El Badr assure gite et couvert aux malades de cancer tout au  long de la période de leur traitement dans la wilaya de Blida, en plus d'un  soutien psychologique, essentiel pour leur rétablissement, selon les  spécialistes du domaine.
En 2019, le foyer "Dar El Ihssane", relevant de l'association, a accueilli  864 malades issus de 39 wilayas, dont 80% de femmes. Ils ont été hébergés  et nourris à titre gracieux tout au long de la durée de leur traitement,  pouvant aller de 45 à 60 jours, outre une orientation et un accompagnement  dans la réalisation de différentes analyses et radios dans des laboratoires  d'analyses et de radiologie, ayant signé des conventions avec l'association  "El Badr", a indiqué M. Moussaoui.
Un autre foyer "Dar El Ihssane 2", d'une capacité de prise en charge d'une  trentaine de personnes, a été ouvert à la fin de l'année dernière à Bab  Zaouia dans le centre ville de Blida, en vue de réduire la tension sur le  premier foyer.
L'initiative a été également élargie à la capitale où un foyer "Dar El  Badr" a été ouvert au mois d'octobre dernier dans la commune de Belouizdad,  grâce aux dons d'un bienfaiteur.