
L'ancien ministre irakien des Télécommunications, Mohammed Allawi, a été choisi samedi pour former un gouvernement, promettant de répondre aux demandes clés des manifestants mais la rue semblait partagée sur cette nomination.
A Baghdad, les partisans de l'influent leader chiite Moqtada Sadr sont venus en masse samedi sur la place Tahrir, épicentre du mouvement de contestation, affichant leur soutien au Premier ministre désigné. Mais de nombreux manifestants dans la capitale et le Sud ont rejeté cette nomination.
Les blocs politiques au Parlement sont arrivés in extremis à un consensus sur le nom de Mohammed Allawi, alors que le délai qui leur était imparti expirait samedi. Adel Abdel Mahdi, le prédécesseur de M. Allawi, avait démissionné début décembre sous la pression d'un mouvement de contestation inédit qui avait éclaté en octobre à Baghdad et dans le Sud et accusait la classe politique d'incompétence et de corruption.
Le mouvement réclamait ces derniers jours des élections anticipées et un nouveau Premier ministre indépendant, et il avait déjà rejeté en bloc de nombreux noms évoqués pour ce poste, dont celui de M. Allawi. Le bureau de la présidence a publié des photos du président Barham Saleh en train de remettre à M. Allawi le décret sur sa nomination. S'exprimant à la télévision d'Etat, M. Allawi a promis de former un gouvernement représentatif, tenir des élections anticipées et s'assurer que justice sera rendue pour les manifestants tués lors du mouvement de contestation qui a été marqué par la mort de plus de 480 personnes, majoritairement des protestataires. ²»Cette désignation place une immense (...) responsabilité sur mes épaules», a dit le responsable politique de 65 ans. «Je vous demande de poursuivre les manifestations, car si vous n'êtes pas avec moi, je serai seul et je ne pourrai rien faire», a-t-il indiqué plus tôt sur Twitter, s'adressant aux manifestants.
M. Allawi fait en effet face au défi de former un gouvernement sur fond de profondes divisions au sein de la classe politique irakienne, et sous l'oeil scrutateur des deux alliés de l'Irak, les Etats-Unis et l'Iran, eux-mêmes ennemis. Les Nations unies ont salué sa nomination, rappelant qu'il faisait face à une «tâche monumentale».