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Réunion Opep-non Opep : 2 experts en énergie abordent...

Publié par DKNews le 29-11-2017, 17h45 | 32
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- QUESTION: Selon la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), le cours du baril atteindra les 60-65 dollars en 2018, tandis que la Banque mondiale prévoit un baril à 56 dollars en 2018. 

Comment expliquer les disparités entre ces prévisions sur les prix? 

 - ABDELMADJID ATTAR: Les incertitudes au sujet d'une éventuelle reprise de la croissance économique mondiale, ainsi que celles liées à l'évolution des foyers d'instabilité dans et autour des principaux pays producteurs de pétrole Opep ou non-Opep pèsent en ce moment beaucoup plus que les facteurs fondamentaux (offre-demande et croissance économique) sur les prévisions en matière de prix du baril. 

C'est pour cette raison qu'il est difficile, sinon impossible, en ce moment de faire des prévisions au-delà d'une année. 

Les deux institutions que vous citez n'utilisent pas les mêmes critères non plus: la BERD étant préoccupée par l'approvisionnement de l'Europe, et la BM par un environnement plus global. 
Au-delà des facteurs que je viens de citer, nous assistons aussi à une modification importante des modèles de consommation énergétique liée à une évolution rapide des technologies entraînant non seulement moins de consommation, mais aussi une part croissante des ressources énergétiques alternatives (renouvelables). 

Le progrès technologique est en train de devenir un des facteurs régulateurs de l'équilibre entre les différents types de ressources énergétiques, et il va falloir à l'avenir suivre de près les suites des différentes COP, même si pour le moment les résultats sont décevants. 

 -MOURAD PREURE: Nous avions prévu un rééquilibrage du marché vers la fin de l’année 2017 avec des prix autour de 60 dollars le baril. 

Cela se confirme. 

Néanmoins, cet équilibre reste fragile car tributaire de paramètres encore très aléatoires et difficiles à maitriser. 

La surabondance connue par le marché de 2014 à 2016 commence à se résorber avec des stocks fortement en baisse et une demande qui reprend franchement pour atteindre ses rythmes tendanciels d’avant crise de 2014. 

Et de fait, selon l’AIE, la demande augmente de 1,4 mbj en 2017 pour atteindre 98 mbj et encore de 1,4 mbj en 2018 pour atteindre 99,4 mbj.  Cela dans un contexte de reprise de l’économie mondiale dont la croissance est anticipée par le FMI à 3,6% en 2017 et 3,7% en 2018.  J’observe aussi que les opérateurs sur le marché pétrolier penchent vers l’optimisme, prenant acte d’un rééquilibrage de plus en plus affirmé. 

La conséquence est un prix qui retrouve ses niveaux d’il y a deux ans. La limitation de la production par l’Opep et ses alliés se révèle efficace. 

Cependant, nous restons dans ce paradigme pétrolier atypique où la flexibilité de l’offre américaine confisque à l’Opep son rôle de producteur résiduel (swing producer) qui ajuste l’offre pour faire fluctuer les prix dans un sentier qui ne décourage pas l’investissement ni ne détruit la demande. 
Les caractéristiques propres des producteurs américains font qu’il n’est pas dans leur nature de cartelliser le marché, ce qui est facteur d’incertitude forte. 

Ainsi, dès que les prix augmentent, l’Opep redonne la main aux schistes américains et la production réapparait pour réduire à néant les efforts de stabilisation du marché. 

Ainsi, l’appel au brut Opep est passé de 31,9 mbj en 2016 à 32,7 mbj en 2017, ceci avec un niveau de prix autour des 50 dollars. 

En 2018, l’appel au brut Opep baissera à 32,4 Mbj, cela alors que la production Opep évolue depuis juillet 2017 entre 32,7 et 32,9 mbj.  La baisse des stocks de l’OCDE s’en ressent forcément puisque avec 3.016 Mbls, ils restent supérieurs de 350 Mbls par rapport à leur niveau de 2014. 

Cependant, considérant l’évolution de la demande, les stocks ont relativement baissé et ce signal est intégré par le marché et soutient forcément le niveau des prix actuels. 

Il est connu que la baisse des stocks soutient les prix et gonfle l’offre en même temps. 
Avec, encore une fois, l’épée de Damoclès des schistes américains qui reviennent sur le marché dès une hausse des prix. 

Donc rééquilibrage d’une part, mais aussi fortes incertitudes.  Il reste que beaucoup d’efforts sont encore nécessaires pour l’Opep et ses alliés pour éponger les excédents qui continuent à freiner la courbe ascendante des prix qui aurait été plus franche sans cela. 

Le profil plat de la courbe des prix à court terme signale néanmoins un rééquilibrage, encore une fois tributaire fortement de la reconduction de l’accord de Vienne et de la discipline qui doit nécessairement l’accompagner. 

N’oublions pas aussi le facteur géopolitique: Les turbulences au Moyen Orient, le problème kurde et ses impacts sur la stabilisation encore aléatoire de l’Irak, les évolutions contrastées de la situation politique interne en Arabie Saoudite qui génèrent des incertitudes fortes pour ce pays réputé stable, les rivalités saoudo-iraniennes et les recompositions géopolitiques qu’elles induiraient inévitablement dans la région et qui sont difficiles à estimer aujourd’hui.  Tous ces éléments sont à prendre en compte avec minutie. 

Aujourd’hui, le niveau des stocks ne fait pas craindre, en cas de conflit, de risque de rupture d’approvisionnement, ce qui contient la hausse des prix.  Mais une dynamique de diffusion de l’instabilité et des évolutions chaotiques (comme on en a déjà connu dans cette région dans des pays pétroliers importants) ne sont pas à exclure. 

Les marchés sont aux aguets.  La marge d’incertitude n’a jamais été aussi forte de ce point de vue.  Néanmoins, pour vous répondre, je pense que les prix fluctueront en 2018 autour d’un pivot de 60 à 65 dollars le bari. 

Je pense que les prix pétroliers ont amorcé une orientation haussière qui converge avec les tendances de long terme et qui prennent en compte une anticipation d’épuisement des réserves et un renchérissement des coûts de production. 

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