
Facebook a créé vendredi une vive polémique en Norvège en censurant la célèbre photo d'une jeune Vietnamienne nue brûlée au napalm, y compris dans un post de la Première ministre, premier cas connu de censure d'un chef de gouvernement sur le réseau social.
Très active dans les nouveaux médias, la Première ministre Erna Solberg a défié le géant américain dans la matinée et publié une photo que celui-ci juge contraire à ses règles sur la nudité. Considéré comme un document historique et récompensé par le prestigieux prix Pulitzer, le cliché incriminé de l'agence Associated Press montre une fillette nue de 9 ans fuyant sur une route, hurlant de douleur et de terreur, après une attaque au napalm de son village.
Le post de Mme Solberg a disparu en fin de matinée, supprimé selon elle par Facebook. «Ce que Facebook fait en supprimant des photos de ce type, aussi bonnes soient leurs intentions, c'est éditer notre histoire commune», a-t-elle dit dans un nouveau post.
«J'espère que Facebook saisira cette occasion pour examiner sa politique rédactionnelle», a-t-elle ajouté. Mme Solberg avait choisi de publier la photo au nom de la liberté d'expression dans un débat qui a progressivement enflé dans le pays scandinave.
Il est né de la décision de Facebook de supprimer il y a deux semaines un post de l'auteur norvégien Tom Egeland sur le thème des photos de guerre, illustré notamment par ce fameux cliché. Des abonnés qui avaient pris sa défense en publiant à leur tour la photo ont ensuite subi la même censure.
Si nous reconnaissons que cette photo est iconique, il est difficile de faire une distinction et d'autoriser la photo d'un enfant nu dans un cas et pas dans d'autres», s'est défendu Facebook.
«Nous essayons de trouver le bon équilibre pour permettre aux gens de s'exprimer tout en préservant une expérience sûre et respectueuse pour notre communauté», a indiqué une porte-parole cité par l'AFP. Refusant de désarmer, Mme Solberg a de nouveau publié la photo de la fillette vietnamienne ainsi que d'autres clichés emblématiques, tous biffés d'un carré noir, afin de souligner par l'ironie l'absurdité de censurer des photos historiques.