Culture

Mois du Patrimoine: Reconnu à l’Unesco, le patrimoine palestinien toujours menacé de dommages irréversibles

Publié par DK News le 02-05-2015, 15h44 | 75
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Enjeu majeur d'une domination basée sur l’effacement de l’identité d’un peuple au profit d’une autre, le patrimoine culturel palestinien est systématiquement détruit par Israël sous les yeux de la communauté internationale qui en avait reconnu la valeur universelle en classant un premier site dans la foulée de l’admission de la Palestine à l’Unesco.

En Cisjordanie, où l’Eglise de la nativité et la route du pèlerinage ont été classés au patrimoine mondial de l’humanité en 2011, les quelque 5000 sites répertoriés par l’Etat palestinien sont menacés par les fouilles opérées dans les colonies israéliennes, alors que le mur de séparation met en danger d’autres vestiges.

Ce mur en béton fortifié de plus de 700 km de long, construit aux deux tiers et déjà sous le coup d'une condamnation de l'Onu, menaçait d'empiéter sur le site de Battir- une étendue agricole irriguée par le même système depuis l’époque romaine- avant que l’Unesco ne le classe au patrimoine mondial en péril en 2014.

Début avril 2015, le tracé du mur a failli séparer les terres du village de Beit Jala (Bethléem) où se trouve un autre site chrétien emblématique. Grâce à la mobilisation des habitants qui en avaient appelé, après dix ans de bataille juridique, à l’intervention du Pape François, la justice israélienne ordonne le changement de tracé.

Si le jugement de la Haute cour de justice israélienne a permis d'épargner le site de la vallée de Crémisan, elle ne remet «nullement» en cause la construction du mur, situé à 85 pour cent dans les territoires sous juridiction de l’Autorité palestinienne en vertu des accords d’Oslo de 1993, nuance l'ambassadeur de Palestine auprès de l'Unesco, Elias Sanbar.

Autre conséquence de l’occupation, le pillage des biens culturels palestiniens dans les colonies, un trafic organisé par une «Mafia» -ainsi qualifiée par le diplomate palestinien- qui revend ces biens.

La «preuve par l’archéologie»

L’implantation des colons israéliens s’avère tout aussi néfaste pour le patrimoine à El-Khalil (Hébron) où tout le quartier historique palestinien entourant la mosquée d’Abraham (tombeau des Patriarches pour les israélites) est menacé par la construction de nouvelles colonies.

La destruction du patrimoine palestinien est également à l’£uvre au moyen de fouilles archéologiques «sauvages»: les Israéliens croient ainsi pouvoir effacer toute trace de groupes humains, de civilisations qui ont peuplé la terre de Palestine, au seul profit des vestiges hébraïques pour légitimer l'occupation.

Le cas le plus exemplaire à ce titre est celui de la partie est de la vieille ville d’El Qods où des fouilles archéologiques sont gérées par Elad, une association aux agissements et aux objectifs controversés, créée par un ancien militaire israélien dans les années 1980.Ces fouilles, qui ont justifié la construction de tunnels dans le quartier de Silwan, menacent directement les fondations de la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam.

C'est sous ce prétexte fallacieux que les autorités israéliennes parviennent à exproprier la population, transformant ainsi et la sociologie et le visage même de la ville sainte, relèvent de nombreux observateurs.

Course contre la montre

Face à l'impunité dont jouit Israël, l'Etat palestinien compte saisir la Cour pénale internationale (CPI) dont il est membre depuis avril 2015. Au lendemain même de cette adhésion, deux plaintes ont été déposées, selon des officiels palestiniens. L'une d'elles concerne la colonisation et inclut les destructions du patrimoine culturel, considéré comme crime de guerre par la convention de l'Unesco de 1954.

En réaction, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, alors en pleine campagne électorale, annonçait la construction de nouvelles colonies --synonymes de nouvelles destructions-- et promettait de «préserver l'unité de Jérusalem dans son intégralité», au grand dam de la communauté internationale.

Pour contrecarrer les desseins d'un «Etat qui se croit au-dessus des lois», l’action diplomatique palestinienne engage une véritable course contre la montre en alertant l'opinion mondiale sur les périls qui pèsent sur la culture et l’identité palestiniennes, comme en témoigne cette volonté d'obtenir le classement à l'Unesco des 13 sites proposés à ce jour.

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