La culture de la dénonciation de la hausse des prix et du boycott de certains produits lorsqu’ils deviennent inaccessibles pour les citoyens doit s’inscrire dans l’esprit collectif des citoyens, se sont accordés à dire, hier, des membres de l’Association nationale de la protection et orientation des consommateurs.
Dr Mustapha Zebdi, président de l’Association de protection des consommateurs et le vice-secrétaire général, Sami El Ksouri étaient les invités du Forum de DK News qui avait pour thème «Le pouvoir d’achat des consommateurs, le rôle des citoyens dans la stabilisation des prix et le boycott des produits lorsque leur prix atteignent un seuil inaccessible». A ce titre, le Dr Zebdi a mis l’accent sur le rôle de la société civile dans la fixation des prix des fruits, légumes et produits alimentaires, appelant, ainsi, les citoyens à passer de consommateurs aux conso-acteurs, car ils ont un rôle prépondérant à jouer dans la détermination des coûts des marchandises.
Au delà des variables de l’offre et de la demande, les consommateurs doivent être conscients du pouvoir important qu’ils exercent sur le marché et s’inscrire dans une dynamique de changement et de modification de la donne. « Les acheteurs ne doivent pas subir les prix mais plutôt faire en sorte de les établir», a-t-il ajouté.
L’hôte de DK News a donné à titre d’exemple prix de la sardine qui ne descend pas sous la barre des 500 DA et celui de la pomme de terre qui varie entre 100 et 120 DA.
La sardine à l’index ...
A ce sujet, il a précisé que la plupart des citoyens boycottent la sardine depuis un bon moment et pour continuer sur la même lancée, l’association qu’il représente a lancé un appel pour un boycott général de la sardine à partir du 15 avril.
« Ce boycott durera une semaine qui sera amené au renouvellement si les mêmes prix persistent », a-t-il averti.Quand au vice-secrétaire général de l’association, Sami EL Ksouri, il a rappelé que les citoyens ont pu avoir gain de cause suite aux boycotts précédents de certains produits comme la viande, la banane et autres.
Pour lui, il est inadmissible que certains produits disponibles affichent des prix exorbitants et qu’il est donc temps de mettre un terme à ces fluctuations.S’exprimant sur les services, il a donné l’exemple du service sanitaire où les consultations médicales chez les médecins exerçant dans le secteur privé soient de l’ordre des 1500 et 2000 DA, alors que le salaire moyen de la plupart des Algériens n’excédent pas les 40.000 DA.
Il a donc appelé la Sécurité sociale a se mettre à niveau pour le remboursement efficace et équitable des malades. En ce qui concerne la pénurie en carburant, les invités du forum ont déploré le fait qu’un pays producteur de pétrole ne détienne pas des réserves stratégiques pour prévenir les manques. Comme dernier point, les conférenciers ont appelé à la création d’un laboratoire national de contrôle des produits pour éviter les accidents domestiques, les allergies et d’autres affections.
Par Sonia Belaïdi
L'alibi de l'offre et de la demande
Chaque fois qu'on parle de l'envolée des prix, l'explication est vite, même très vite donnée et le coupable très vite désigné. C'est la loi de l'offre et de la demande. C'est vite réglé et enterré. Chaque fois qu'on parle de pouvoir d'achat, il est répondu que la solution ne concerne pas que l'augmentation des salaires, mais également la disponibilité en abondance des produits sur le marché, c'est-à-dire qu'on revient encore à la loi de l'offre et de la demande. Ainsi, la boucle des explications est bouclée. Il n'y a plus d'autres explications. Et pourtant, la boucle ne peut pas être bouclée.
L'inflation a une explication économique. Elle est parfois le résultat de la qualité de la gouvernance. C'est-à-dire de la gestion. La qualité des produits de consommation bien entendu. Dans l'état actuel, ce n'est point faute de défenseurs de la qualité de gestion qui ont manqué.
Pour nous en parler, le Forum de DK News a invité hier M. Mustapha Zebdi, président de l'Association de la protection et de l'orientation du consommateur et de l'environnement. Le SG de la même association a également été invité à la même conférence débat.
Des questions ont été posées de prime abord. Pourquoi les prix ont-ils pris l'ascenseur ? Faudrait-il imposer une marge de bénéfices pour nous sortir de l'alibi de la loi de l'offre et de la demande ? Faudrait-il lier celle-ci à la notion de citoyenneté et cette dernière à celle de contribuable? Faudrait-il inclure les élus toutes institutions comprises dont les deux chambres parlementaires à la défense du consommateur ?
Comment défendre les consommateurs ? D'abord, bien sûr par la voie du dialogue pour faire aboutir les revendications. Mais, obligatoirement il faudrait passer par les adhésions des consommateurs à des mouvements de revendications de leurs droits de consommateurs. Le nombre peut constituer un pouvoir de dissuasion qui peut faire augmenter le pouvoir d'influence et d'action sur les milieux concernés par la prise de décision.
L'autre instrument d'exercice d'un pouvoir d'influence est celui auquel il a été fait recours, à savoir le boycott. Tel produit est brutalement soumis à une hausse de son prix doit être boycotté. Demandons-nous quand même s’il existe une culture de boycott des produits chez nos consommateurs nationaux ?
Dernièrement, dans un certain nombre de wilayas, il y eut une pénurie de carburants. C'est quand même grave qu'on ne dispose pas dans des wilayas des réserves stratégiques de carburant.
Le carburant est un produit subventionné. Les services de sécurité ont arrêté des contrebandiers qui tentaient de faire passer vers la Tunisie une certaine quantité de ce produit pour le vendre vraiment moins cher juste pour avoir des devises.
On devrait considérer ce trafic comme une fuite de capitaux, tout comme on devrait caractériser la vente de poissons par nos chalutiers en Méditerranée également de fuite de capitaux, s’est exclamé un participant.
Par Saïd Abjaoui
Vers le boycott des produits de la pêche ?
Le docteur Zebdi, président de l’Association de protection et d’orientation du consommateur et de l’environnement a annoncé une action de boycott des produits de la pêche algérienne estimant que « le renchérissement est tel qu’aucun citoyen aux revenus moyens ne peut consommer du poisson, une fois par semaine. »
Pouvoir d’achat et hausse des prix
Dr Zebdi a indiqué que le boycott était de ce fait une réussite : «80% des consommateurs ont éliminé ces produits de leur régime alimentaire. Je rappelle néanmoins que les précédentes actions de boycott du poulet ont ramené son prix de vente à 180DA le kilo, que celui des œufs est retombé de 13 à 8DA l’œuf. D’autres actions ont eu lieu comme celle du boycott des viandes rouges… »
Le secrétaire général de l’Association souligne que le consommateur algérien ne comprend pas que « lorsque les prix mondiaux baissent, ceux pratiqués en Algérie augmentent. Il en est de même lorsque le temps est beau ou qu’il pleut ! »
« Heureusement que l’Etat soutient les prix des produits de première nécessité » ajoute M. Zebdi.
Des mesures comme l’éradication du commerce informel n’ont pas apporté les avantages promis au consommateur.
Les orateurs sont d’accord pour déplorer que les prix des services aient suivi la même courbe ascendante : « La consultation médicale chez un généraliste est fixée à 800DA, le moindre examen radiologique est payable à plusieurs milliers de dinars. Qu’est-ce qui est remboursé à l’assuré social ? »
Conso-acteur, 5e pouvoir
L’Association est engagée dans une démarche de conscientisation et de responsabilisation du consommateur, travail qui doit aboutir à peser sur les prix du marché. Il s’agit, ni plus ni moins, de «devenir un 5e pouvoir ! »
« Le boycott est une action pacifique, citoyenne qui rééquilibre les rapports entre commerçants et consommateurs. Par ces actions le consommateur peut atteindre ses objectifs de baisse du coût de la vie.»
Exercice
Le docteur Zebdi propose une formulation : « Tous les produits de consommation sont devenus des produits annuels » ce qui voudrait dire que les fruits et légumes de saison par exemple ne jouent plus du fait de la meilleure utilisation des capacités de production sur tout le territoire national.
Au cours de son intervention, le docteur Zebdi a abordé les dommages causés aux ressources halieutiques par la modification des conditions « normales de pêche ».La production annuelle de pêche nationale est de 200 000 tonnes pour 40 millions d’habitants selon des travaux de recherche étayés par le MPRH.
M. Zebdi assure que la production est tombée à 100 000 tonnes ; ce qui pourrait expliquer la cherté du poisson sur les carreaux des pêcheries. Cet argument « occasionnel » est renforcé par les pratiques selon lesquelles des cargaisons de poissons sont exportées en Tunisie où ce qui revient à 800 dinars en Algérie est écoulé à 200 dinars en Tunisie. Les exportateurs préférant la monnaie tunisienne au dinar algérien. Des pratiques plus anciennes voudraient que la pêche soit vendue en mer…
Boycott
M. Zebdi affirme que 15 associations de wilaya soutiennent le boycott.Il est certain que dès mercredi 15 l’attention sera concentrée sur cette action des consommateurs algériens de poissons.Ce sera l’exercice pratique du passage du consommateur abusé à conso-acteur.
Positif
Les multiples démarches des associations de consommateur sont des signaux d’alerte qui peuvent intéresser les pouvoirs publics dans l’intérêt de la production nationale et la santé des consommateurs.
L’Association que préside M. Zebdi se félicite des convergences avec l’Union générale des commerçants et artisans algériens dont le siège est à Belouizdad.
Le fait que les orateurs se soient abstenus de porter des jugements critiques sur les causes de l’érosion du pouvoir d’achat est un appel du pied pour un débat approfondi sur les prix à la consommation.
Par O. Larbi
80% des familles algériennes ne consomment pas de poisson régulièrement
D’après une étude réalisée par l’Apoce, 80% des familles à revenu modeste ou moyen, ne consomment plus de poisson de manière régulière. Ce produit essentiel devenu trop cher, a été abandonné par une grande partie des consommateurs algériens.
A ce propos, l’Apoce va entreprendre à partir du 15 avril, une opération de boycott d’une semaine (renouvelable) dont l’objectif est de faire baisser les prix qui ont atteint des chiffres surréalistes. A ce jour, 15 associations nationales ont adhéré à l’opération.
Fruits, légumes et viandes :Plafonner les prix des produits élémentaires
Le secrétaire général de l'Association pour la protection du consommateur et de son environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, a plaidé hier pour le plafonnement des prix des produits alimentaires à large consommation tels que les fruits et légumes de saison afin de protéger le pouvoir d’achat des Algériens qui est selon lui de plus en plus menacé. A ce propos, M. Zbdi, suggérer l’établissement d’une liste de ces produits et le plafonnement du bénéfice des commerçants.
Faute de laboratoires qualifiés:Les échantillons des produits alimentaires sont analysés
à l’étranger
Abordant l’aspect lié à la santé et à la sécurité des consommateurs, le Dr Zebdi, a déploré l’absence de laboratoire de contrôle de qualité capables de vérifier la conformité des produits exposés sur le marché.
Face à cette situation, l’association a dû faire appel à un laboratoire étranger pour analyser 12 échantillons de boissons gazeuses commercialisées# par des opérateurs économiques nationaux.
Par Rachid Rachedi