Stress, angoisse, insomnie poussent de nombreuses personnes à se tourner vers vers les benzodiazépines.Or, ces médicaments présentent un risque important de dépendance. Les conseils d'un psychiatre et d'une phytothérapeute pour dire stop aux angoisses sans avoir recours à ces médicaments aux effets indésirables.
Les derniers chiffres disponibles datent de 2015, mais ils sont éloquents : cette année-là, plus d'1 Français sur 10 a consommé au moins une fois une benzodiazépine. Il s'agissait d'une benzodiazépine anxiolytique dans 10,3 % des cas (Xanax, Lexomil, Tranxene, Seresta, etc.) et d'un hypnotique dans 5,6 % des cas (que l'on nomme plus communément somnifères, commercialisés sous les noms de Stilnox, Noctamide ou encore Havlane). Pire, à partir des données d'un important échantillon de la population, l'équipe du Dr Guillaume Airagnes, psychiatre addictologue à l'hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris a montré que 2,8 % des hommes et 3,8 % des femmes en ont consommé pendant plus de trois mois.
Or, souligne le psychiatre, "il devrait s'agir de la durée maximale de traitement car, hormis quelques très rares exceptions, il n'y a aucune indication médicale à prendre ces médicaments au long cours, car ils perdent en efficacité et engendrent bon nombre d'effets indésirables".
LES BENZODIAZÉPINES NE TRAITENT PAS L'INSOMNIE CHRONIQUE
"Certes les benzodiazépines sont des médicaments sur ordonnance, mais beaucoup de patients pratiquent néanmoins l'automédication. Ils utilisent de vieilles boîtes prescrites précédemment ou les médicaments d'un proche", souligne le Dr Airagnes.
Conseil essentiel : respecter l'indication pour lesquels ces médicaments sont faits : les benzodiazépines ne traitent pas l'anxiété ou l'insomnie chroniques. Elles ne sont pas non plus efficaces dans la dépression et elles peuvent en aggraver certains symptômes.
En revanche, elles peuvent être utilisées dans certaines manifestations anxieuses sévères et réactionnelles, par exemple suite à un deuil ou une séparation, mais "dans tous les cas, ce doit être pour des situations ponctuelles et passagères et les benzodiazépines ne doivent pas être prescrites de façon automatique : d'autres stratégies thérapeutiques moins pourvoyeuses d'effets indésirables peuvent être utilisées, telles que la thérapie cognitivo-comportementale ou des pratiques de relaxation", indique notre expert.
UN RISQUE DE DÉPENDANCE
Si toutefois votre médecin vous prescrit des benzodiazépines, ayez conscience des risques : ne prenez pas le volant et soyez attentif à tout signe de dépendance. "Les patients n'ont souvent pas l'impression d'être dépendants, car ils n'ont pas tous besoin d'augmenter les doses et parce que, lorsqu'ils stoppent momentanément leur traitement, les symptômes de manque ressemblent aux symptômes pour lesquels ils sont traités : leur anxiété augmente, ils dorment moins bien ; ils sont alors confortés dans l'idée que leur médicament est efficace et indispensable", détaille le psychiatre. Gardez bien en tête l'idée qu'il s'agit d'un traitement ponctuel, dont l'arrêt doit être anticipé dès le début du traitement.
COMMENT SE SEVRER ?
À la différence d'autres substances addictives, il n'existe pas de traitement de substitution à cette classe de médicaments. Néanmoins "si vous prenez plusieurs benzodiazépines, votre médecin pourra, par exemple, vous proposer en premier lieu de remplacer ces différents traitements par une seule molécule, afin de stabiliser votre consommation" , indique le Dr Airagnes. La posologie sera ensuite réduite de façon très progressive. "Cela peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois" , précise le psychiatre.
Si des symptômes de manque apparaissent, n'hésitez pas à en parler à votre médecin : celui-ci pourra éventuellement vous proposer de ralentir le sevrage en revenant au palier supérieur. Profitez-en également pour améliorer votre hygiène de vie (meilleure alimentation, augmentation ou reprise de l'activité physique) et prendre en charge d'autres conduites addictives telles que le tabagisme.
Nos experts : le Dr Guillaume Airagnes, psychiatre addictologue à l'hôpital européen Georges-Pompidou (Paris) et Pascale Gelis-Imbert, docteure en pharmacie, spécialisée en phytothérapie et aromathérapie.
1/6 - Comment se passer des benzodiazépines ?
Pour retrouver calme, apaisement, et dire stop aux angoisses, Pascale Gélis-Imbert, docteure en pharmacie, spécialisée en phytothérapie et aromathérapie, conseille de se tourner vers l'aubépine. Cette plante est utilisée depuis l'Antiquité pour calmer les palpitations cardiaques, les angoisses, les insomnies et les vertiges.
2/6 - La passiflore, pour dormir comme une fleur
Utilisée depuis toujours par les Aztèques pour ses vertus sédatives, la "fleur de la passion" calme les anxiétés et l'irritabilité, réduit les troubles du sommeil ou encore une hypertension générée par l'émotivité. En aromathérapie, c'est en poudre ou en extrait sec que sa tige et sa feuille sont utilisées (la fleur à peu d'intérêt).
3/6 - L'agripaume, pour se relaxer
Ce classique de la médecine chinoise calme les palpitations dues au stress, diminue angoisse et nervosité.
Elle réduit aussi les douleurs des règles et peut même les déclencher si elles sont retardées pour des raisons émotionnelles. Fleurs et feuilles, fraîches ou sèches, en infusion, trois fois par jour.
4/6 - En cas d'insomnie
Mettez 15 g de parties aériennes de pavot de Californie, 15 g de parties aériennes de passiflore et 15 g de fleurs d'aubépine dans 1 litre d'eau frémissante.
Laisser infuser 10 à 15 minutes. Filtrez et buvez 2 tasses, en fin de journée, pendant 21 jours.
5/6 - En cas de sensation d'oppression
Mettez 10 g de feuilles et de fleurs d'aubépine et 10 g de parties aériennes de passiflore dans 1 litre d'eau frémissante.
Arrêtez le feu et laissez infuser pendant 15 minutes. Filtrez et buvez 1 litre par jour pendant 21 jours.