
Nadia est une jeune maman de 25 ans. Elle vient de la wilaya de Relizane.
Sa fille, Loudjaine, âgée de trois ans et demi, a été diagnostiquée comme présentant un autisme modéré.
Si son déni à elle n’a duré que quelques jours, celui de son conjoint ne semble pas prêt à passer.
Sa fille a été diagnostiquée par des spécialistes privés à Oran, lieu de résidence de sa sœur ainée. "Mon époux ne veut rien savoir", confie-t-elle. Il ne cesse de répéter, ajoute-t-elle, que la petite "n’a rien et qu’elle est juste un peu timide, co mme il l’a été, lorsqu’il avait son âge". Ce père multiplie les arguments infondés pour se convaincre et convaincre les autres que sa fille est "normale".
Face au déni de son mari, Nadia a choisi de se battre toute seule.
Pour faire suivre le cas de sa fille auprès d’une psychologue et orthophoniste à Oran, elle passe chaque mois quelque jours chez sa sœur.
"La psychologue me donne les directives que je dois suivre tout au long du mois. L’orthophoniste assure ses séances et puis je rentre chez moi", explique-t-elle, ajoutant qu’elle est entièrement impliquée dans la prise en charge de sa fille. "Je me documente beaucoup sur Internet. Il y a beaucoup d’exercices, d’astuces, de méthodes pour améliorer l’apprentissage des enfants TSA", souligne-t-elle. Lorsque ce trouble est pris en charge à temps, avant l’âge de deux ans, les résultats sont "très bons", affirme, de son côté, le directeur de la polyclinique de Bir El Djir, Wahid Necheniche.
"Lorsque les enfants sont pris en charge à temps, ils répondent et évoluent très bien", explique-t-il.
Pour sa part, le chargé de communication de la Direction de la santé et de la population, Youcef Boukhari, observe que la wilaya d’Oran compte plus de 700 autistes scolarisés dans des classes spéciales. La wilaya d’Oran dispose de deux écoles spécialisées dans la scolarisation des enfants souffrant d’autisme léger ou modéré. Elles comptent chacune six classes qui s’ajoutent à plus d’une quarantaine autres classes ouvertes dans différentes écoles de la wilaya, selon le besoin. "A chaque fois qu’une école enregistre cinq demandes de scolarisation d’enfants autistes, nous procédons à la création d’une classe spéciale", explique-t-il. Toutefois, la scolarisation de ces enfants est conditionnée par une acquisition du langage, qui n’est garantie que par une prise en charge précoce.
Les spécialistes estiment que la sensibilisation est un maillon important.
Dans ce sens, la DSP compte intensifier ses campagnes dans les établissements de Protection Mère Infantile (PMI) pour toucher les parents le plus tôt possible.
"Ces derniers doivent être plus attentifs aux comportements de leurs enfants.
Le manque d’interaction, l’absence du contact visuel, les mouvements stéréotypés répétitifs sont autant de signes qui doivent alerter les parents, dès les premiers mois de la vie de l’enfant", expliquent-ils, estimant que le déni "est un problème qu’il faut régler très rapidement", si les parents tiennent à sauver leur enfant et à lui donner des chances pour acquérir une autonomie et suivre une scolarisation.