L’université Oran 1 Ahmed Ben Bella a commémoré dimanche le 230e anniversaire de la libération de la ville d’Oran de l’occupation espagnole le 27 février 1792. L’université a organisé une sortie au profit des étudiants des filières Sciences humaines et Sciences islamiques invités à visiter des sites historiques témoignant des luttes ayant amené à la libération de la ville d'Oran, dont le "Cimetière des étudiants" à Es-Senia où ils se sont recueillis à la mémoire des martyrs des batailles contre le colonisateur espagnol, la mosquée "Ribat Ettolba" au mont Murdjadjo, édifié sur les lieux où les étudiants des écoles coraniques lançaient des attaques contre les Espagnols.
Cette visite, qui a pris le départ de la faculté des Sciences humaines et Sciences islamiques en présence du recteur de l’université Oran 1, Mustapha Belhakem, et du doyen de la faculté, Dahou Feghrour, ainsi que des cadres et élèves de l’Ecole supérieure de l’administration militaire (ESAM), a été encadrée par des professeurs spécialisés qui ont abordé les différentes étapes de libération de la ville d’Oran du joug espagnol. Dans ce contexte, Mohamed Bendjebbour, directeur du Laboratoire des sources et traductions, organisateur de la visite, a fait une intervention sur le rôle pionnier d’étudiants du Saint Coran dans la résistance contre l'occupation espagnole de la ville d'Oran pendant près de trois siècles, notant que les érudits, étudiants et chefs de zaouias avaient une place importante dans la société et une influence dans la prise de décision, ce qui a incité le Bey Mohamed Ben Othmane El-Kebir à les inclure dans ses plans militaires et ses armées pour la libération d’Oran.
Les étudiants ont choisi le mont "Sidi Abdelkader Moul El-Meïda" (Murdjadjo) comme centre de lancement de la lutte contre l'occupant en raison de son emplacement stratégique, menant, à partir de ce "Ribat", plusieurs batailles, dont la plus importante la bataille "El-Aqoual" en 1791. Pour sa part, le professeur Mohamed Abbassi a évoqué le rôle des "ribats" (relais) dans la libération de la ville d'Oran de l'occupant espagnol, évoquant que plus de 200 étudiants de l'école de Mazouna, sous la direction du cheikh et faqih Mohamed Ben Ali Cherif, qui a participé avec l'armée du Bey Mohamed El-Kebir dans la libération d’Oran, ainsi que près de 400 élèves des environs de Tlemcen et de Nedroma, 400 autres de l'éc ole d’El-Mohammadia de Mascara et plus de 100 de la région de Ghriss, un nombre qui augmentait progressivement pour atteindre environ deux mille étudiants.
Le conférencier a relevé que ces étudiants ont été organisés dans des "ribat" autour de la ville d’Oran pour serrer l’étau sur les espagnols et lancer des offensives. Pour sa part, l’enseignant d’histoire à l’université Oran 1, Hamid Aït Habbouche, a parlé du traité de paix entre l’Algérie et l’Espagne sur la libération de la ville d’Oran, notant qu’après leur défaite, les Espagnols ont négocié la paix auprès des Algériens, qui intervint dans un traité le 9 décembre 1791, stipulant la reprise des villes d’Oran et de Mers El-Kebir, la récupération de tout ce qui a été usurpé dont des canons et le versement d’une somme annuelle de cent vingt mille livres sterling, entre autres.
L'universitaire Mohamed Belhadj a abordé, pour sa part, la situation des mosquées d'Oran après la libération, dont la mosquée du Bey, située au boulevard Tripoli, (non loin du Boulevard Front de mer), qui était à l'origine une école des Sciences islamiques construite en 1794, appelée l'école Mohammadia, ainsi que la mosquée du quartier Sidi El-Houari, inaugurée en 1796, et la mosquée du Bey Mohamed Ben Othmane El-Kebir sur la place El-Djaouhara (ex La Perle), dans le même quartier, qui a ouvert ses portes en 1801. Les Espagnols avaient occupé Mers El-Kebir en 1505 et la ville d'Oran en 1509 et avaient commis des actes barbares contre le peuple, détruisant des monuments religieux et culturels, y compris les mosquées et les écoles. Depuis le début de l'occupation d’Oran, les campagnes pour sa libération se sont succédées, jusqu'en avril de l'année 1708, après de farouches batailles livrées par le Bey de Mascara, Mostefa Ben Youssef, appelé Bouchelaghem, qui a réussi à libérer la ville, une première fois, avant sa reprise par les Espagnols en 1732. Les campagnes de libération d’Oran ont repris depuis 1780 et la ville fut assiégée en 1784 par Bey Mohamed Ben Othmane El-Kebir, puis libérée. Après la signature d’un traité de paix, les Espagnols furent expulsés définitivement de la ville en 1792.