Le procureur anti-corruption au Ghana, Martin Amidu a démissionné lundi soir, à trois semaines de l'élection présidentielle du 7 décembre prochain.
L'ancien procureur général a affirmé qu'il restait convaincu "qu'il n'était plus en mesure d'exercer en toute indépendance" son travail, dans une lettre de démission adressée au président Nana Akufo-Addo, rendue publique à quelques jours de l'élection présidentielle du 7 décembre.
L'actuel président Nana Akufo-Addo, candidat à sa réélection affrontera l'ancien chef d'Etat John Mahama dans un scrutin qui s'annonce serré.
La nomination de M. Martin Amidu par le président Akufo-Addo en février 2018 avait suscité l'espoir au Ghana où la corruption demeure un problème persistant. M. Amidu enquêtait sur un "rapport" concernant une société offshore créée par le gouvernement pour gérer les redevances minières du pays.
Cette société devait entrer à la Bourse de Londres en septembre et permettre de lever 500 millions de dollars (421 millions d'euros).
Mais son introduction sur les marchés a été suspendue après que des organisations de la société civile aient dénoncé des risque s de corruption.
Pour les autorités, ce projet de vente devrait aider financièrement le Ghana a faire face à la crise économique provoquée par la pandémie de coronavirus. Dans sa lettre, M. Amidu souligne que le rapport pointe des "pratiques négatives dans la lutte contre le corruption au sein de la présidence".
La présidence n'avait pas encore réagi mardi midi à ces accusations, mais le pouvoir exécutif a récemment affirmé qu'il agissait de façon transparente dans ce dossier.
Le rapport sur la société offshore a finalement été publié il y a deux semaines et le gouvernement a annoncé qu'il retardait l'entrée en bourse de cette société au lendemain de la présidentielle. En 2019, le Ghana a été classé 80e sur 180 dans l'index sur la perception de la corruption établi par l'ONG Transparency International. Selon une enquête de cette ONG, un tiers des usagers du service public ont affirmé avoir payé des pots-de-vin cette année-là.