
Les conservateurs canadiens annonceront dimanche soir le nom de leur nouveau chef qui prendra la tête de l'opposition face au Premier ministre libéral Justin Trudeau, moins d'un an après leur échec aux législatives, rapporte la chaîne publique CBC.
Quatre candidats sont en lice: deux anciens ministres chevronnés, Peter MacKay et Erin O'Toole, et deux avocats à peu près inconnus du grand public, Derek Sloan et Leslyn Lewis, première femme de couleur à briguer la direction de ce parti.
L'un d'eux succèdera dimanche soir au chef sortant Andrew Scheer, qui n'avait pas su suffisamment mobiliser ses troupes à l'automne 2019 pour battre un Justin Trudeau dont l'étoile avait pourtant pâli, quatre ans après son élection triomphale.
En octobre dernier, les Libéraux de M.
Trudeau ont été reconduits au pouvoir, mais avec une majorité relative: M. Scheer a tiré les conséquences de cet échec, dû en partie à son manque de charisme ou à ses positions ambiguës sur l'avortement, selon les analystes.
Considéré comme favori, Peter MacKay, 54 ans, entend marquer son retour en politique après l'avoir quittée il y a cinq ans pour des raisons familiales.
Pendant près d'une décennie, de 2006 à 2015, il a dirigé plusieurs ministères de la précédente administration conservatrice (Affaires étrangères, Défense puis Justice).
La lutte s'annonce toutefois serrée. L'adversaire principal de M. MacKay est Erin O'Toole, 47 ans, ex-ministre des Anciens combattants, lui-même vétéran de l'armée de l'air.
Il a déjà brigué la présidence du parti à deux reprises et a mené une campagne jugée pugnace qui pourrait payer dimanche soir. Tous deux sont conscients de la nécessité pour les conservateurs d'élargir leur base, actuellement surtout concentrée dans l'ouest du pays, s'ils veulent "reconquérir le pouvoir", et ils mettent l'accent sur l'économie et l'emploi.
"Je serai le Premier ministre de l'emploi", a déclaré M. MacKay à la chaîne publique CBC, en promettant aussi "un vrai plan environnemental", ce qui a fait défaut aux conservateurs lors de la dernière élection en 2019.
Il a aussi promis, comme son rival, d'interdire l'accès du géant chinois Huawei aux réseaux de la 5G au Canada, s'il devient Premier ministre.
Leslyn Lewis, une jeune avocate d'origine jamaïcaine, pourrait néanmoins créer la surprise selon certains experts, en apportant une image de modernité et de diversité au parti. Pandémie de Covid-19 oblige, la longue campagne a été largement virtuelle.
Un nombre record de plus de 170.000 bulletins ont été envoyés par la poste, selon CBC, et les résultats du dépouillement seront annoncés dimanche à partir de 23h00 GMT, lors d'une cérémonie elle aussi adaptée au contexte de l'épidémie de coronavirus.
Un des premiers défis attendant le nouveau leader sera de décider si les conservateurs s'efforceront ou non de provoquer des élections anticipées.
L'occasion interviendra dans un mois lorsque Justin Trudeau présentera le 23 septembre un "ambitieux" programme de relance d'une économie laminée par la pandémie.
Ce programme sera exposé dans un discours de politique générale devant le parlement qui, dans le système canadien, doit faire l'objet d'un vote de confiance.
Le gouvernement minoritaire de M. Trudeau - empêtré dans un nouveau scandale éthique à propos de l'attribution d'un important contrat gouvernemental à un organisme de charité ayant rémunéré des membres de sa famille - "est atteint", note Jonathan Malloy, professeur à l'université Carleton.
"Mais les conservateurs devront y réfléchir à deux fois pour décider s'ils veulent vraiment disputer une élection cet automne", dans un contexte de pandémie, de pire crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale et avec un nouveau chef au "message pas encore rodé", a-t-il déclaré à des médias.
Les conservateurs, qui tirent à boulets rouges sur M. Trudeau et réclament son départ depuis l'éclosion de ce nouveau scandale, auraient toutefois besoin du soutien d'au moins deux autres formations d'opposition.