
La pandémie du coronavirus est très grave, mais temporaire, a estimé le professeur émérite Noam Chomsky, soulignant qu'il y'a "deux autres horreurs" plus graves qui menacent l'humanité, à savoir la guerre nucléaire et le réchauffement climatique.
"La crise sanitaire du coronavirus est très grave et aura de graves conséquences, mais qu’elle sera temporaire, alors qu’il y a deux autres horreurs plus graves pour l’humanité: la guerre nucléaire et le réchauffement climatique", a souligné Noam Chomsky, linguiste et analyste politique américain, dans un entretien accordé à des médias, depuis Arizona US, où il s’isole à cause de la pandémie. Son analyse, publié par le site grec pressenza, souligne également que toutes ces menaces sont intensifiées par les politiques néolibérales, et qu’après la fin de cette crise, "les options seront soit des Etats plus autoritaires et brutaux, soit une reconstruction radicale de la société avec des termes plus humains".
"Le coronavirus est horrible et peut avoir des conséquences terrifiantes, mais il y aura une reprise. Alors que les autres ne seront pas récupérées, c’est f ini", a-t-il relevé. L'analyste politique américain est revenu, dans l'entretien, sur les sanctions imposées sur certains pays, comme l'Iran, Cuba et le Venezuela. Chomsky dira à ce propos que "ces pays souffrent des sanctions états-uniennes, mais néanmoins l’un des éléments les plus ironiques de la crise virale actuelle est que Cuba aide l’Europe. L’Allemagne ne peut pas aider la Grèce, mais Cuba peut aider les pays européens". "La puissance des Etats-Unis est écrasante. C’est le seul pays qui, lorsqu’il impose des sanctions à d’autres Etats comme l’Iran et Cuba, cela doit être suivi par tous les autres. L’Europe suit le maître aussi", affirme encore Chomsky. Si l’on ajoute à cela la mort de milliers d’immigrants et de réfugiés en Méditerranée, Chomsky pense que la crise de civilisation de l’Occident à l’heure actuelle est dévastatrice.
Les politiques néolibérales ont intensifiés les menaces
Chomsky pense que les origines de cette crise sont un échec colossal du marché et les politiques néolibérales qui ont intensifié de profonds problèmes socio-économiques. "On savait depuis longtemps que des pandémies étaient très probables et on comprenait très bien qu’il y aurait probablement une pandémie de coronavirus avec de légères modifications de l’épidémie de SRAS", a-t-il dit. Et d'a jouter à ce propos: "Ils auraient pu travailler sur des vaccins, sur le développement d’une protection contre les pandémies potentielles de coronavirus, et avec de légères modifications, nous pourrions avoir des vaccins disponibles aujourd’hui". "La menace de la polio a pris fin avec le vaccin de Salk, par une institution gouvernementale, sans brevet, disponible pour tous. Cela aurait pu être fait cette fois-ci, mais la peste néolibérale a bloqué cela". "En octobre 2019, il y a eu une simulation à grande échelle aux Etats-Unis, dans le monde, de la possible pandémie de ce genre, mais rien n’a été fait. Nous n’avons pas fait attention à l’information", a rappelé le professeur Chomsky.
Le 31 décembre, la Chine a informé l’Organisation mondiale de la santé de la pneumonie et une semaine plus tard, des scientifiques chinois ont identifié le virus comme étant un coronavirus et ont communiqué l’information au monde entier. Les pays de la région, la Chine, la Corée du Sud, Taïwan, ont commencé à faire quelque chose et cela semble contenu, au moins pour la première vague de crise. En Europe, dans une certaine mesure, cela s’est également produit".
Un moment critique de l’histoire humaine
"C’est donc un moment critique de l’histoire humaine, et pas seulement à cause du coronavirus, qui devra it nous faire prendre conscience des profondes failles du monde, des caractéristiques profondes et dysfonctionnelles de tout le système socio-économique, qui doit changer, si l’on veut qu’il y ait un avenir viable".
A propos de la situation de quarantaine à laquelle sont confrontés aujourd’hui plus de 2 milliards de personnes sur la planète, Chomsky souligne qu’une forme d’isolement social existe depuis des années et qu’elle est très dommageable.
"Nous sommes maintenant dans une situation de réel isolement social. Il faut la surmonter en recréant des liens sociaux de quelque manière que ce soit, quel que soit le type d’aide que l’on puisse apporter aux personnes dans le besoin", a soutenu Chomsky. Noam Chomsky conclut en disant : "Trouvez d’autres moyens et poursuivez, voire étendez et approfondissez les activités réalisées. C’est possible. Ce ne sera pas facile, mais les humains ont été confrontés à des problèmes dans le passé".