Dans la commune de Chréa à l’Ouest de Tébessa, "Hammam El-Medjzara" qui fut durant la guerre de libération un centre d’interrogatoire et de torture des moudjahidine témoigne toujours des atrocités et de la barbarie du colonialisme français à l’égard du peuple algérien.
Créé début de l’année 1957 sur une superficie de 900 m2 au centre-ville de Chréa, ce centre révèle encore à travers ses cellules obscures et de ses puits, où s’entassaient les cadavres des martyrs, les pratiques horribles de torture et des exécutions sommaires commises contre un peuple déterminé à obtenir son indépendance.
A la veille de la célébration du 58ème anniversaire de la fête de la Victoire, le moudjahid Mohamed-Tahar Smaïl, 78 ans se souvient, les yeux larmoyant, des atrocités qu’il a endurées derrière les murs de Hammam El Medjzara durant une certain octobre 1957 alors qu’il avait à peine 20 ans sous les mains du tortionnaire Jean-Pierre.
"Toutes les parties de mon corps totalement nu ont été électrocutées pendant trois jours entiers dans leur vaine tentative d’obtenir des informations sur les moudjahidine, leurs plans et leurs approvisionnements en armes et munitions", se rappelle ce moudjahid qui relève que ce centre que les habitants de Chéra appellent "Hammam El-Medjzara" était un bain maure avant que la France coloniale ne se l’approprie et le transforme en centre de torture.
"Les bourreaux du centre utilisaient toutes les méthodes de torture contre les moudjahidine et civils sans distinction aucune entre grand et petit ou homme et femme", ajoute Mohamed-Tahar qui souligne que leurs sévices décuplaient à chaque fois que l’Armée de libération nationale (ALN) occasionnait à l’armée française des pertes dans ses rangs. Les cris des moudjahidine torturés parvenaient bien au-delà des murs du centre pour jeter l’effroi et la peur parmi la population de la région, se remémore-t-il.
Le souhait de convertir Hammam El- Medjzra en musée renouvelé
A chaque célébration des dates phares de la guerre de libération, la famille révolutionnaire de Tébessa et sa région, avec à sa tête le secrétariat de wilaya de l’Organisation nationale des moudjahidine renouvelle son souhait de voir convertir Hammam El Medjra en un musée qui transmettra aux générations futures un pan de la mémoire collective nationale.
Pour le secrétaire du bureau de Chréa de l’Or ganisation nationale des moudjahidine, Laâroussi Boutaleb, faire du centre un musée permet aux visiteurs et étudiants notamment de découvrir les tortures subies par les moudjahidine et à ériger une stèle commémorative avec les noms de tous les chouhada et moudjahidine ayant passé par ce centre de torture, "est une marque de reconnaissance à celles et ceux qui ont sacrifié leur vie pour leur pays".
M. Boutaleb a également appellé à transcrire les témoignages vivants des moudjahidine ayant été interné dans ce centre pour "constituer des documents aux chercheurs en histoire nationale".
"Après de longues années d’oubli, certaines parties de ce centre de torture ont fini par être exploités comme locaux de commerce", souligne le même intervenant ui affirme avoir saisi par écrits les autorités concernés pour "intervenir en urgence et préserver ce patrimoine matériel de la révolution puis le restaurer".