
Le président du Conseil d'administration du Groupe de l'industrie de papier et d'emballage "TONIC Industrie", Idris Yaalaoui, a affirmé, mardi, que la reprise de l'activité était "l'unique option" pour sauver l'usine, écartant néanmoins tout scénario de "faillite" en dépit d'un déficit de 10 Mds Da, alors que les travailleurs restent déterminés à poursuivre leur grève ouverte.
"L'unique option possible pour sauver le Groupe est la reprise de l'activité et le retour des unités de l'usine à la production suivant à un plan d'efficacité permettant de rattraper le déficit enregistré en 2020, et ce, dans le cadre d'une vision consensuelle satisfaisante pour toutes les parties, a indiqué M. Yaalaoui dans une déclaration à l'APS, après une semaine de grève ouverte enclenchée par les travailleurs pour protester contre le retard de paiement des salaires suite aux difficultés financières que vit le Groupe depuis plusieurs années.
Pour lui, "l'efficacité et la réussite" du plan d'action du Conseil d'administration du Groupe demeure tributaire de l'engagement des travailleurs pour sauvegarder l'usine à travers une reprise de l'activité en mettant fin à la grève, qu'il a qualifiée d'illégale car intervenant sans préavis".
Concernant le versement des arriérés de salaires depuis le mois de janvier, selon l'administration et depuis décembre, selon les travailleurs, M. Yaalaoui a assuré que "les solutions existent pour leur paiement", annonçant un prochain accord de financement des besoins de l'usine, pour couvrir la masse salariale estimée à 140 millions Da/mois.
A ce propos, M. Yaalaoui appelé les travailleurs à faire preuve de "pondération, de sagesse et de bon sens en plaçant l'avenir de l'usine au dessus de toute considération".
Un appel que soutient la section syndicale de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) "sous réserve de son sérieux", selon le Secrétaire général Farid Zerarki qui a fait état de l'exigence de délais précis et d'un engagement écrit.
La BADR approuve le financement de l'acquisition des matières premières
Evoquant les nombreuses solutions pour sortir de la zone du danger, M.Yaalaoui a indiqué que le Conseil d'administration du Groupe est parvenu récemment à un accord de principe avec la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR) pour un crédit hypothèque d'un (1)milliard de dinars, qui peut être porté à 2,5 milliards de dinars, pour l'acquisition des matières premières, cependant le Syndicat juge ce montant insuffisant pour couvrir les besoins financiers du Groupe.
L'accord de principe avec la banque s'inscrit dans le cadre du plan d'action tracé par la nouvelle administration depuis l'été 2019, comme solutions urgentes à court terme, soit 2020, visant à rétablir l'équilibre financier, perdu depuis 2011 et qui s'est accentué en 2019, avec un déficit de 10 Mds Da alors que le capital de la société est 30 Mds Da. Concernant la situation financière difficile du Groupe, le président du Conseil d'administration du Groupe a tenu à dissiper les craintes des travailleurs quant à la faillite, ajoutant que TONIC Industrie "leader de l'industrie papetière au niveau national et continental a les capacités de dépasser la crise".
Soulignant, à ce propos, que l'usine est entrain de récupérer plusieurs marchés nationaux, mettant en avant le plan du gouvernement relatif aux sacs en papier destinés au boulangeries, un accord conclu avec Algérie Télécom pour la production de leurs besoins en emballage ainsi que le marché de la semoule et de la farine et d'autres marchés nationaux.
Le Groupe mise beaucoup sur l'orientation graduelle vers l'exportation, selon un programm e annuel visant l'accès aux marchés mondiaux et régionaux, à l'instar de la Tunisie, la France et la Turquie ainsi que certains pays africains, a-t-il ajouté s'interrogeant sur "les motivations des tentatives de sabotage de la plus grande usines de papier dans le continent". Pour M.Yaalaoui, il est possible de relever le défi et de réaliser les objectifs escomptés, d'autant que plusieurs unités de production ont atteint, en janvier dernier, 100% de leurs objectifs, notamment l'unité "papier hygiénique", qui a réalisé un volume de production de 720 tonnes en un seul mois, soit 80 millions de dinars contre seulement 500 tonnes en 2019.
TONIC Industrie sur plusieurs fronts
Pour la seule année 2019, le déficit du Groupe s'est élevé à 2,2 mds DA mais ce qui a aggravé la crise c'est le cumul de plusieurs années de mauvaise gestion, notamment le recrutement anarchique, néanmoins le scenario de faillite est "totalement" exclu, pour M. Yaalaoui, qui explique que le déficit n'a pas encore atteint 50% du capital de la société.
Les difficultés financières du Groupe trouvent leur origine dans des arriérés de créances dues à la SEAAL (800 millions DA), la consommation d'énergie, la CNAS, d'autres contributions et taxes et d'amendes écologiques, ce qui a amené les dossiers devant l a justice qui a ordonné, l'année dernière, le gel des comptes, d'où l'irrégularité du versement des salaires, a-t-il argue.
L'administration du Groupe mise largement sur l'application de l'accord conclu, début 2019, avec le consentement du partenaire social portant départ volontaire en retraite de 600 employés, représentant un surplus d'effectif. Un deuxième accord a été signé, début de l'année en cours, avec le partenaire social pour une procédure de "chômage technique conjoncturel" au niveau d'une des unités, dont la capacité de production n'a pas dépassé les 40%. Cette mesure prévoit le versement aux travailleurs de leur salaire de base en plus de la prime d'expérience jusqu'au la reprise de l'activité de production à 100%.
Par la même occasion, le président du Conseil d'administration a précisé que le départ volontaire, approuvé par le Holding des industries chimiques qui l'a financé à hauteur d'un (01) MDS Da est une mesure "volontaire" décidée par l'employé en toute liberté.
Toutes ces mesures ont pour but de réduire le surplus d'effectifs de 2290 à quelque 1700 travailleurs, soit une baisse de 50 millions DA de masse salariale mensuelle tout en oeuvrant à l'augmentation des capacités de production à 250% en 2020, ce qui permettra, à long terme, de rétablir l'équilibre financier, a poursuivi le même responsable .
De son côté, le SG de la section syndicale Farid Zirargui a déclaré que les problèmes du Groupe se sont accumulés depuis des années pour s'aggraver en 2018 avec des perturbations dans le paiement des salaires, avant d'atteindre leur paroxysme en 2019, ce qui amené le syndicat à enclencher une grève d'une quarantaine de jours l'été dernier.
La tension s'est accrue et la confiance perdue en l'administration, qui n'a pas honoré ses engagements de verser les salaires et l'application des deux accords relatifs au départ volontaire sous prétexte de crise financière alors que l'administration a décidé de promouvoir près de 100 cadres unilatéralement et sans consultation du partenaire social", a-t-il ajouté évoquant "des réserves concernant la gestion interne ainsi que des licenciements abusifs et dont les dossiers sont devant l'inspection du travail".
Pour M. Farid Zerarki, "les ennuis de TONIC Industrie, depuis sa nationalisation en 2011, se sont accumulés car les gestionnaires successifs ont focalisé davantage sur l'aspect organisationnel que sur la production et la commercialisation".