
Une conférence-débat sur un sujet important mais qui reste tabou en Algérie à savoir les violences sexuelles faites aux femmes, a été organisé, hier, à l’hôtel Hilton.
Des psychologues, sociologues, avocates ainsi que des membres du mouvement associatif ont pris part à cette rencontre pour dénoncer toutes les formes de violences faites aux femmes.
L’avocate Fatma Ben Brahem a insisté, lors de cette rencontre, sur l’importance de la révision des textes législatifs afin de faciliter aux femmes violentées, l’accès à la justice. Les textes de loi utilisés actuellement datent de 1962 et sont désuets, a-t-elle ajouté.
Pour faciliter aux femmes l’accès à la justice, l’avocate a précisé qu’elles devaient être écoutées, bien accueillies et reçues aux seins des institutions publiques (Gendarmerie, Police et hôpitaux). Elle a relevé à ce propos que de nombreuses femmes qui allaient porter plainte étaient découragées soit par leurs familles soit par la Gendarmerie ou la Police.
S’agissant de la médecine légale, l’intervenant a souligné que les victimes devaient se rendre chez le médecin légiste juste après l’acte de violence ou de viol pour permettre aux médecins de constater les faits.
A propos des tabous entourant les actes de violence chez les femmes, Me Ben Brahem a relevé que les mentalités devaient changer et que la société devait accompagner la victime et la soutenir dans cette épreuve difficile. Il est à rappeler que l’acte de viol est un acte puni par la loi et passible d’emprisonnement allant de 5 ans à 8 ans.
Pour certains magistrats qui proposent aux agresseurs d’épouser leurs victimes, Me Ben Brahem a qualifié cela « d’inadmissible » et « d’inconcevable ». En ce qui concerne le mouvement associatif, l’avocate a précisé qu’il pouvait se constituer partie civile et déposer plainte à la place de la victime.
Les chiffres loin de refléter la réalité
Pour rappel, de nombreux actes de violences sexuelles sont commis quotidiennement et les chiffres annoncés par les autorités sont bien en- deçà de la réalité étant donné que les femmes par crainte et par peur du regard de la société ne portent pas plainte.
Les participants à cette journée ont donc encouragé les femmes à aller déposer plainte et ont demandé aux institutions publiques de prendre le temps de recueillir les propos de la victime, de l’écouter, la soutenir et l’orienter.
La prise en charge des actes de violence chez la femme doit être une prise en charge pluridisciplinaire, ont rappelé les intervenants qui ont proposé la création de centres d’écoute pour les femmes et des unités de victimologie au sein des centres de soins.
Par ailleurs, les intervenants ont rappelé que les actes de viol ne doivent pas être imputés au statut de la femme, à sa tenue vestimentaire, à son métier ou bien à son comportement.