La progression a atteint au total 4%, selon le rapport annuel de l'institut IISS publié vendredi peu avant le début de la Conférence sur la sécurité de Munich.
En ouverture de cette grand-messe annuelle internationale sur les questions de défense, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a planté le décor.
"Année après année, nous nous éloignons de l'objectif d'une coopération internationale visant à créer un monde pacifique", a-t-il regretté.
La "compétition des grandes puissances" gagne "toute la planète", a dit le président allemand, en critiquant l'égoïsme national répandu à ses yeux par les Etats-Unis de Donald Trump qui refusent "l'idée même d'une communauté internationale".
"Le monde ne peut pas se permettre une course aux armements", lui a fait écho la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, parlant d'"érosion préoccupante des cadres pour le contrôle qui ont rendu le monde sûr pendant des décennies".
Les dépenses militaires "ont augmenté avec la sortie des économies de la crise financière (de 2008) et sous l'effet d'une perception accrue des menaces", a relevé le directeur général de l'Institut international d'études stratégiques (IISS, International Institute for Strategic Studies).
La mort du traité FNI sur les forces nucléaires intermédiaires (portée de 500 à 5.500 km) en 2019 et l'extinction potentielle du traité New Start sur les armes nucléaires intercontinentales en 2021 bouscule l'ordre international post-Guerre froide, tout comme la montée en puissance de la Chine ainsi qu'une série de crises régionales, de l'Ukraine à la Libye. Dans un tel contexte, les deux plus gros budgets militaires mondiaux, ceux des Etats-Unis (685 milliards de dollars) et de la Chine (181 milliards), poursuivent leur croissance exponentielle, avec une hausse de 6,6% dans les deux pays en 2019 par rapport à 2018.
Les dépenses américaines ont augmenté à elles seules de 53,4 milliards de dollars l'an dernier, soit l'équivalent du septième budget mondial de la défense, après ceux de l'Arabie saoudite (3e), de la Russie (4e), mais avant ceux de la France (8e).
En Europe, les interrogations grandissent devant le risque de désengagement des Etats-Unis, de plus en plus centrés sur l'Asie-Pacifique, même si ces derniers ont renforcé pour l'heure leur présence militaire dans l'est du continent, tout comme dans le Golfe. Les pays membres de l'Otan, Allemagne en tête, sont aussi budgétairement sous la pression du président américain Donald Trump qui leur réclame un effort plus massif pour arriver à l'objectif de dépenses égales à 2% du PIB. Après Donald Trump en 2018, le président français Emmanuel Macron a en outre "semblé jeter le doute" à son tour sur l'engagement de solidarité collective au sein de l'Alliance en cas d'agression de l'un de ses membres, rappelle l'ISS.
Il a aussi ébranlé ses partenaires en estimant l'Otan en état de "mort cérébrale". "Deux des trois puissances nucléaires de l'Alliance (la troisième étant le Royaume-uni) ont ainsi semé l'incertitude sur cette questions clé de la sécurité collective", souligne John Chipman.