Culture

Poésie «Moi, Si Mohand Ou M'hand» de Rachid Kahar, ou les tribulations du poète racontées par lui-même

Publié par DK NEWS le 07-02-2020, 17h14 | 22
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Dans son dernier roman, «Moi Si Mohand Ou M’hand,  ma vie de bohème et de poèmes», Rachid Kahar revient sur le parcours  atypique du poète d'expression kabyle dont la verve, de colère et d'amour,  étonnamment résiliente face à l'adversité, continue de résonner plus d'un  siècle après sa mort.  
Après, «Si Mohand Ou M'hand, la vaine musique du vent», paru en 2006,  Rachid Kahar récidive en 2019 avec «Moi Si Mohand Ou M’hand, ma vie de  bohème et de poèmes», édité chez «Tafat», dans lequel il revient en 204  pages sur la vie tumultueuse de Si Mohand Ou M’hand. Cet «épicurien  notoire», né vers 1850, et qui, bien que lettré, refusait de transcrire,  voire de répéter, ses poèmes après les avoir déclamés.  «Qui les entendra, les écrira», avait tranché le poète qui ne dérogera  jamais à la règle qu'il s'était imposée.  Dans un récit déployé en vingt chapitres, le romancier tente de  sensibiliser le lecteur à la beauté des «Isefra»( poèmes en Tamazight) de  Mohand Ou M'hand, à la densité de ses sentiments, à travers la traduction  vers le Français d’une quarantaine de ses poèmes replacés dans leur  contexte historique, avec le souci particulier d'en conserver la  sensibilité et le lyrisme.  
Prêtant sa plume au poète à qui il confie la charge de revenir sur sa vie,  l'auteur restitue par l'anecdote et des faits marquants les liens intimes  entre le poète et son peuple. Des liens qui firent de l'un le témoin des  malheurs de l'autre et le pourfendeur de ses travers, tout autant que le  héraut de ses espérances.  
Se racontant, l'aède revient sur les bouleversements qui ont secoué son  enfance durant la deuxième moitié du XIXe siècle. De la conquête française  de 1857 en Kabylie, jusqu'à l'assassinat du père et la dispersion de la  famille, en passant par la destruction de son village natal et de l'école  où il étudiait, rien n'aura été épargné au poète dans ses jeunes années.   Et ce sont ces drames accumulés qui détermineront sa personnalité  d'iconoclaste et de rebelle, réfractaire à l'ordre établi par «Ce monde  (qui) dégénère. Où les ladres prospèrent. Et où les preux sont gavés de  déboires», et qui inspire tant de dégoût au poète.  Déraciné, ne possédant plus rien, le jeune Mohand, écorché vif, se rendra  vite compte qu’un «destin de poète errant l'appelait». Maudit, il  s'abandonne aux paradis artificiels, oscillant entre plaisirs et remords:  «Maintenant, je suis égaré. Je pèche et je le fais exprès. Connaissant Ta  voie et m'en écartant».  La nostalgie de la terre natale, l’amour et l’amitié, le chagrin ou encore  l'exil, autant de sujets évoqués que le lecteur retrouvera dans Si Mohand  Ou M'hand. Dans des Isefra à l'aphorisme tout aussi percutant, il  appréciera également la vision perspicace du poète sur son temps, sur les  conditions d'existence des siens et l'avilissement de l'être humain soumis  à un ordre impitoyable.    Eternel nomade vivant de petits métiers, Si Mohand Ou M’hand, entreprendra  un long périple qui le mènera, à pieds, d'Alger à Tunis. Jusqu'à sa mort en  1906 dans un hôpital de sa Kabylie natale, le poète aura bravé tous les  interdits en ce bas monde qu'il quittera «Le c£ur en peine et le visage  délabré. Je suis prisonnier de ma destinée. Personne ne se souvient plus de  moi».   les «Isefra» de Si Mohand Ou M'hand ont déjà fait l'objet de nombreuses  autres publications: Amar n'Said Boulifa (1904), Mouloud Feraoun (1960),  Mouloud Mammeri (1969) et Younès Adli en 2000, entre autres. 

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