Santé

Prise en charge du cancer Un long parcours souvent contrarié

Publié par DK NEWS le 05-02-2020, 16h53 | 11
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Une épreuve avant tout mentale, souvent ponctuée par des contraintes objectives et d’autres qui le sont moins, et rendant au final ardue toute bonne prise en charge.
Dans un couloir du service d'oncologie médicale du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC), deux membres d'une famille viennent d'accuser le coup du décès de leur proche qui y était hospitalisé.
Un décès de plus, de trop s'ajoutant au macabre décompte d'une maladie dite «du siècle», car endémique de par le monde.
 A Alger, il suffit d'arpenter cet établissement, domicilié au CHU Mustapha Bacha et devenu au fil du temps une référence nationale en matière d'oncologie, pour prendre la pleine mesure de la prévalence de cette pathologie, en même temps que les péripéties de sa prise en charge, parfois apparentées à un «véritable parcours du combat», affirment patients, praticiens et administratifs.
Face à la chambre mortuaire, une autre contenant trois lits occupés par trois patients, aux stades divers de la maladie.
Le plus affaibli d'entre eux éprouve des difficultés à respirer.
Sa s£ur explique son hospitalisation la veille après des complications survenues alors qu'il était suivi en externe pour un cancer au rectum.
Son état de santé prête à une inquiétude que sa famille tente de voir dissiper auprès du personnel médical.
«Ils font de leur mieux pour suivre l'évolution de son état, mais par moments, nous avons l'impression qu'ils sont lents et dépassés par la situation», commente la s£ur du cancéreux.
Le beau-frère de celui-ci intervient pour aborder les bienfaits des nouvelles molécules qui permettent de cibler l'organe atteint sans que les autres ne pâtissent du traitement, tout en espérant que les responsables en charge de la santé les mettent à la disposition de tous les malades.
Sur un autre lit, B.Mohamed, un septuagénaire suivi depuis cinq ans pour un cancer de la vessie pour lequel la chimiothérapie et la radiothérapie avaient bien répondu après l'intervention, effectuée par l'un des professeurs du service: «Je dois avouer que j'ai été correctement suivi depuis le début de la maladie bien que je n'ai aucune connaissance directe ou indirecte dans cet hôpital.
El-Hamdoullah, Dieu seul m'a facilité les démarches car j'appréhendais vraiment comment les choses allaient se passer «, soutient-il, avant d'annoncer, non sans soulagement, l'amélioration de son état, la tumeur n'ayant pas métastasé.
Dans le même couloir, d'autres patients sont alités tandis que leurs proches se tiennent à leur chevet.
Au bout, la salle de chimiothérapie où près d'une vingtaine de patientes, pour la plupart atteintes du cancer du sein.
Pendant que sa maman est soumise à cette épreuve autant physique que morale, sa fille Amel égrène le temps en arpentant le couloir.
Son constat à elle est plus mitigé en revanche: «Une connaissance de mon père nous a mis en contact avec un professeur du service qui remet parfois en place le personnel paramédical en cas de manquement», explique-t-elle, avant de narrer le parcours de sa maman depuis qu'elle a pris connaissance, en avril dernier, de sa maladie.
Ce qui met le plus Amel hors d'elle c'est «l'impression de froid et de désinvolture» que reflète parfois le corps médical mais surtout paramédical, tout en déplorant le peu de suivi psychologique des malades.
Même son de cloche du côté de certains malades qui pointent du doigt «une certaine lenteur» de la part du corps paramédical, tandis qu’est parfois décriée une «impression de désordre» dans le circuit de prise en charge du cancéreux.
«Figurez-vous que j’ai vu une jeune fille à qui l’on a donné un rendez-vous pour 2021», soutient Dalila, une quadragénaire suivie pour un cancer du sein.

La «hantise» de la radiothérapie
«En dépit de la connaissance que nous avons, ma mère a préféré mettre l'argent de sa retraite de côté afin de payer sa radiothérapie chez le privé», confie Amel, notant le coût particulièrement onéreux de ce traitement irradiant, sachant qu'une séance est en moyenne facturée à 12.000 DA et que toute guérison du cancer en est tributaire.
C’est en effet au stade de la radiothérapie que les choses se corsent souvent pour les cancéreux, en raison des rendez-vous plus ou moins espacés: «J’accompagne ma mère pour sa séance, son rendez-vous est prévu à 13 h mais il y a tellement de monde que nous sommes là depuis tôt le matin», raconte Samia, la trentaine.
Elle s’acquitte avec dévouement à assister sa maman au quotidien, hormis les week-ends, temps de répit pour les patients et les accélérateurs.
Lorsque l’une de ces machines, trop sollicitées, tombe en panne, toute la programmation des rendez-vous s’en ressent, en même temps que l’appréhension des souffrants: «Lorsque j’ai fini les séances de chimiothérapie j’ai entamé la radiothérapie au bout de 3 mois et certains patients affirment avoir leur rendez-vous beaucoup plus tard», témoigne Fatiha, ayant subi une ablation du sein, comme environ la trentaine de femmes qui semblent se soutenir moralement dans cette salle d’attente du CPMC, confinées comme elles sont dans la même douleur.

Une structure inadéquate et un personnel dépassé...
«Il faut savoir que le CPMC est destiné depuis 1959 à l'oncologie, incluant toutes les spécialités médicales, en recevant un flux ininterrompu de malades, en provenance des quatre coins du pays.
De plus, nous assurons les urgences oncologiques, en général en cas de complications ou d’effets secondaires chez nos patients», tient à préciser le chef d'unité d'oncologie médicale, M. Sid-Ali Manseri.
 Déplorant une «pression quotidienne» gérée par les praticiens et le personnel administratif, ce cadre paramédical qui exerce au centre depuis 1994 est bien placé pour parler du volume de travail «bien au-delà des capacités» de cette structure, sachant qu’entre 15 à 20 nouveaux cas se présentent au CPMC hebdomadairement.
«Chaque médecin ou infirmier s’occupe de 6 à 7 patients en même temps et quelque soit la situation, aucun patient n’est renvoyé sans être pris en charge.
Lorsque cela s’avère impossible chez nous, nous l’orientons ailleurs.
Le problème est que tous les cancéreux préfèrent être suivis ici car convaincus que les meilleurs spécialistes exercent au CPMC», explicite-t-il.
Et de souligner l’existence d’autres services d’oncologie aux hôpitaux de Beni-Messous et de Rouiba, offrant les mêmes soins, en plus des Centre anti-Cancer (CAC) répartis à l’échelle nationale, avant de soutenir qu’à force d’être sollicités les réacteurs de la radiothérapie tombent parfois en panne.
Par ailleurs, M.
Manseri tient à interpeller le ministère de tutelle sur l’impératif de prévoir des formations spécialisées en oncologie pour les futures promotions de paramédicaux, notant que la prise en charge du cancer est «particulière».
 Des praticiens et paramédicaux déplorent tout autant une situation qui, au fil des ans, les «épuise et met leurs nerfs à rude épreuve», assurant qu’en l’absence de conditions correctes de pratique médicale, le suivi des patients dans ce service relève du «défi quotidien».
«Il faudrait sans doute penser à obliger les citoyens à activer leur carte Chiffa qui leur ouvrira droit à des soins dans le privé grâce à la contractualisation avec la Sécurité sociale», suggère-t-on comme solution.
 «Victime» de sa notoriété, ce centre ainsi fini par prendre l’allure d’un hôpital dans un hôpital, sans que, ni la structure ni l’effectif du personnel, n’évoluent en conséquence, pénalisant, in fine, les personnes atteintes de cancer.
 

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