
Des progrès dans le processus de formation d'un nouveau gouvernement au Liban ont été enregistrés par le chef du Parlement Nabih Berri, au moment où les manifestations contre la crise socio-économique et le système bancaire se poursuivent.
A l'issue d'une réunion avec des députés dans le cadre de la formation du gouvernement, M. Berri a fait état de «progrès dans le processus (de formation du gouvernement -ndlr)» qui devrait se préciser après une réunion avec le Premier ministre Hassan Diab. «Il y a beaucoup de progrès dans la formation du gouvernement qui devrait se préciser après une réunion que je devrais avoir le Premier ministre», a déclaré M. Berri lors d'une réunion hebdomadaire avec les députés. «Je ne trouve pas d'objection à ce que le nombre de ministres soit élargi afin d'inclure des politiciens dans ce cabinet de technocrates», a-t-il ajouté. Il avait affirmé auparavant qu'il pourrait ne pas participer au futur gouvernement, si ses demandes de former un cabinet de «techno-politique» au lieu de «technocrates» ne soient prises en compte. Depuis presque trois mois, des manifestants libanais appellent à la chute de la classe dirigeante es accusée de corruption et d'incompétence, alors que le pays traverse une grave crise économique et de liquidités. Le président libanais Michel Aoun a désigné le 21 décembre dernier Hassan Diab au poste de Premier ministre après des consultations. Malgré le fait qu'il insiste à former un cabinet de technocrates indépendants, comme cela est réclamé par la contestation, M. Diab est rejeté par les protestataires, qui estiment qu'il fait partie de la même classe politique corrompue dont ils réclament le départ.
Routes bloquées, condamnation et appel au pacifisme
Des violences ont éclaté entre forces de l'ordre et manifestants mercredi pour la deuxième soirée consécutive, devant la banque centrale, à Beyrouth pour protester contre le système bancaire, un acte fermement condamné par le ministère de l'Intérieur qui a appelé les contestataires à «rester pacifique». Les forces de sécurité avaient arrêté mardi soir, 59 manifestants selon les médias locaux, et une dizaine d'entre eux ont été libérés. Des médias locaux et des militants ont rapporté que des manifestants, dont au moins un photojournaliste d'une agence de presse étrangère, avaient été blessés, tandis que les forces de l'ordre ont arrêté plusieurs protestataires.
La ministre de l'Intérieur par intérim, Raya al-Hassan, a diffusé un communiqué condamnant la violence et appelant les manifestants à rester pacifique. Jeudi matin, plusieurs routes ont été coupées à travers le territoire libanais, principalement dans le Nord et dans la Békaa, par les contestataires de la classe dirigeante, mobilisés depuis mardi sous le slogan de «la semaine de la colère», à quelques heures de la fin de leur ultimatum de 48 heures pour la formation du gouvernement et après une nuit tendue à Beyrouth. A Beyrouth, des avocats proches de la contestation se sont rassemblés devant le Palais de justice pour réclamer la libération de tous les détenus arrêtés ces deux derniers jours, notamment lors des violents échauffourées à Hamra mardi, et protester contre les arrestations abusives effectuées par les forces de l'ordre. Par ailleurs, des employés du ministère des Affaires sociales se sont rassemblés devant le siège du ministère pour réclamer le versement de leurs salaires, suspendu depuis 14 mois. La situation économique et financière, déjà largement précaire avant le début du mouvement de protestation, n'a eu de cesse de se dégrader ces dernières semaines, sur fond de restrictions draconiennes sur les retraits bancaires et d'une dévaluation d'environ 40% de la monnaie nationale sur le marché parallèle ayant provoqué un bond des prix. Les banques ont imposé des plafonds aux retraits, limités à environ 1000 dollars par mois. La Banque mondiale a averti en novembre que la moitié de la population pourrait sombrer dans la pauvreté. Le pays croule sous une dette avoisinant les 90 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB. Les épargnants accusent les banques de prendre leur argent en otage et d'avoir permis aux politiciens et hauts fonctionnaires d'effectuer des virements à l'étranger.