Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni a mis en avant mercredi le "riche" programme tracé, en collaboration avec plusieurs secteurs, dans le cadre des festivités commémoratives du 65e anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale.
Dans un entretien à l'APS à la veille de la commémoration du 65e anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale, M. Zitouni a précisé que la Commission nationale chargée de la préparation des fêtes nationales qu'il préside avait à cette occasion tracé, en collaboration avec plusieurs secteurs, un "riche" programme de festivités prévoyant des activités historiques, culturelles, sportives et scientifiques outre des portes ouvertes sur les musées.
Cet anniversaire est également l'occasion de baptiser et de rebaptiser des rues et des édifices, a-t-il ajouté, précisant que ce programme de festivités lancé le 18 octobre se poursuivra jusqu'à la première semaine du mois de novembre.
Il a également indiqué que le ministère des Moudjahidine coordonnait avec celui de l'Education nationale pour l'organisation de concours et d'expositions itinérantes à travers les 45 musées relevant de son département à travers les wilayas du pays.
A une question sur les chantiers ouverts récemment dans le secteur, M. Zitouni a fait savoir que le ministère "a achevé l'élaboration d'un fichier numérisé comportant les noms de tous les moudjahidine et moudjahidate et ayants droit", soulignant que "si le nombre de moudjahidine est bien établi, le moment n'est pas encore venu de le communiquer" car, a-t-il dit, "l'Algérie est en négociation avec la partie française et les statistiques algériennes ne doivent pas être exploitées dans ces négociations".
Concernant l'enrichissement des archives, le ministre a signalé que l'enregistrement des témoignages était "très avancé", le ministère ayant enregistré les témoignages de la plupart des officiers de l'Armée de libération nationale (ALN), a-t-il dit, affirmant que toutes ces archives, actuellement au niveau du ministère, seront "mises à profit par les chercheurs et les historiens pour étoffer davantage les connaissances sur l'histoire et la transmettre aux générations montantes".
M.Zitouni a, dans ce cadre, noté que la Commission nationale chargée de la préparation des fêtes nationales s'employait, en coordination avec plusieurs départements ministériels, notamment celui de l'Education nationale, à "exploiter les archives se trouvant au niveau des musées pour faire connaître l'histoire de la Révolution", a-t-il dit.
Le premier responsable du secteur a, par ailleurs, fait état de la signature d'une convention avec le ministère du Tourisme pour développer le tourisme historique à travers l'exploitation des sites historiques, rappelant que le ministère avait recensé 1.277 cimetières de chouhada, 126 carrés des martyrs, 3.487 sites historiques et 1.461 centres de torture à travers le territoire national.
Concernant le projet de loi relatif au moudjahid et au chahid, M. Zitouni a réaffirmé que ce texte juridique est toujours "en cours d'examen" et que ses articles se baseront sur "les aspects sanitaire et social" au profit des moudjahidine, indiquant que le ministère a lancé des consultations" avec plusieurs associations et organisations dans ce sens.
Absence de volonté politique sincère des autorités françaises, une entrave au règlement des dossiers en suspens
Evoquant les dossiers en suspens entre l'Algérie et la France (récupération des archives et des crânes des martyrs de la résistance nationale, disparus, indemnisations des victimes des essais nucléaires), le ministre a indiqué que la partie algérienne a accordé un intérêt particulier à ces dossiers car il s'agit là "du passé, du présent et de l'avenir de l'Algérie".
Lors de ses rencontres avec la partie française, le ministère des Moudjahidine a souligné que "les relations entre l'Algérie et la France ne peuvent être naturelles qu'après régularisation des dossiers en suspens".
Pour ce qui est du dossier des disparus, "plus de 3.000 disparus ont été recensés jusqu'à aujourd'hui et l'opération se poursuit en coordination avec leurs familles, les collectivités locales et les directions du ministère au niveau national", a précisé M. Zitouni.
S'agissant du dossier des archives, le ministre considère qu'il "revient de droit aux Algériens", soulignant que "la partie algérienne a formulé des propositions et attend une réponse de la France depuis plus d'un an".
Les Algériens "sont lassés des déclarations des responsables français", a-t-il lancé.
Lors de sa dernière visite, le président français Emanuel Macron s'était engagé à "procéder au règlement de deux dossiers sur un total de quatre, à restituer aux Algériens des copies des archives, dans une première étape, avant de leur restituer les archives authentiques et à régler le dossier de restitution des crânes des martyrs", mais ces engagements sont restés lettre morte, a-t-il dit.
"A la demande des autorités françaises, une correspondance officielle signée par les ministres des Moudjahidine et des Affaires étrangères leur a été présentée pour faciliter la publication d'un décret présidentiel portant restitution des crânes", a-t-il expliqué, déplorant le fait qu'il n'y ait aucune suite favorable.
C'est une sorte d'absence de volonté politique chez les pouvoirs français de parvenir à régulariser les dossiers en suspens, a estimé le ministre, affirmant que les Algériens "n'auront pas à attendre les Français de bien vouloir écrire l'histoire de l'Algérie pour la transmettre aux générations futures".
Par ailleurs, le responsable à la tête du ministère des Moudjahidine a rappelé que le Premier ministre, Noureddine Bedoui "avait levé le gel sur le projet de réalisation du film Zighout Youcef, dont les procédures administratives anticipant le tournage sont en cours", annonçant "la réalisation de deux autres films retraçant le parcours de Mohamed Bougara et Si El Haouas", dont les scénarios se trouvent actuellement au niveau du Centre national d'études et de recherches sur le mouvement national et la révolution du 1er Novembre 1954 (CREMN54).
Evoquant les marches "pacifiques et civilisées" qu'a connu l'Algérie lors des huit derniers mois, M. Zitouni a estimé qu'un tel mouvement dénotait "le sens patriotique des jeunes algériens qui, drapés d'emblème national, ont battu le pavé portant des portraits de chahids et réclamant des revendications légitimes et réalisables".
Le prochain rendez-vous électoral amorcera un véritable dialogue et de grands chantiers de réformes dans tous les domaines, qu'aura à assumer celui qui bénéficiera de légitimité constitutionnelle et populaire", a-t-il conclu.