Plus de 4.000 personnes, selon la police, sont descendues dimanche dans les rues Santiago à trois jours du 46e anniversaire du coup d'Etat du général Augusto Pinochet et du début de la dictature militaire, un épisode dont le souvenir continue de diviser profondément le Chili.
Des affrontements ont éclaté en fin de cortège entre les forces de l'ordre et des manifestants encagoulés et armés de pierres et de bâtons. La police, qui a répliqué à l'aide de canons à eau et de gaz lacrymogènes, a annoncé avoir arrêté 23 personnes. Le 11 septembre 1973, des militaires chiliens dirigés par le général Pinochet avaient renversé le gouvernement démocratiquement élu de Salvador Allende, qui s'était suicidé dans son palais présidentiel pris d'assaut. La dictature militaire qui avait suivi jusqu'en 1990 est considérée comme responsable de plus de 3.000 assassinats et disparitions.
«Nous marchons avec la conviction qu'au Chili, il n'y a encore ni vérité ni vraie justice» à propos de ce sombre épisode de l'histoire du pays, a déclaré au cours de la manifestation Marco Barraza, membre du Parti communiste chilien.
Sous le slogan «pour la vérité et la justice», la manifestation avait été convoquée par plusieurs organisations de gauche pour exiger des avancées dans les enquêtes judiciaires sur les crimes de la dictature. Sur les 1.200 cas de disparition, seule une centaine ont pu être élucidés à ce jour, de nombreux corps de personnes enlevées et exécutées sommairement ayant été jetés à la mer ou dynamités par les militaires pour effacer toute trace. Parmi les manifestants se trouvait la députée communiste Carmen Hertz, qui vient de récupérer les restes de son mari arrêté et fusillé pendant la dictature. «Le désert nous a rendu des morceaux de son dos et de sa mâchoire. Une vie massacrée, pendant que ses assassins restent impunis depuis des décennies et que le négationnisme persiste», a-t-elle tweeté.