La wilaya de Boumerdes recèle pas moins de 90 sites et monuments historiques relatifs à la Révolution nationale (1954/1962), dont une majorité nécessitent une action de restauration et valorisation, de manière à préserver la mémoire nationale, a-t-on appris, dimanche, de la directrice des moudjahidines.
La direction des moudjahidine, en collaboration avec les communes de la wilaya, ont procédé ces dernières années, au classement de 90 sites et monuments historiques au titre de la liste des biens culturels et historiques de la wilaya relatifs à la guerre de libération nationale, a indiqué, à l’APS, Bouterfa Habiba.
Elle a déploré la dégradation extrême d’un grand nombre de ces sites et monuments à cause du facteur temps et du séisme du 21 mai 2003, mais aussi du facteur humain, du fait de la transformation d’un nombre d’entre eux en habitations, au moment où d’autres monuments demeurent à ce jour des témoins vivants de cette période de l’histoire de l’Algérie contemporaine, a-t-elle expliqué.
Il s’agit notamment, a-t-elle dit, de 42 centres de torture, 39 camps de concentration, sept hôpitaux de campagne, deux prisons coloniales, et nombre de tours de contrôle et de lieux d’importance.
La responsable a fait part, au titre des efforts de préservation de la mémoire nationale, à l’échelle locale, d’une action visant la récupération progressive de ces monuments, en vue de leur restauration et réhabilitation, puis l’introduction de dossiers auprès du ministère de tutelle, pour leur classement. «Une cartographie des sites historiques de la région remontant à l'époque coloniale a été réalisée, à ce titre en 2010, avec l'assistance d'un bureau d'études spécialisé», a -t-elle fait savoir.
Le centre de tortures «El Khezna», des hauteurs de la localité de Sidi Daoud ( à l’est de Boumerdes) a été cité, par Mme. Bouterfa, parmi ces monuments historiques d’importance, ayant bénéficié dernièrement, a-t-elle déclaré,
«d’une action de restauration, avant son classement dans la liste des sites historiques et culturels de la wilaya». En l’occurrence, il s’agit, a-t-elle expliqué, d’un ancien réservoir d’eau de forme ronde, d’environ 1,5 m de hauteur et d’un diamètre de 5 mètres, transformé par l’armée coloniale, en une geôle, où étaient entassées près de 70 personnes, parallèlement à la réalisation d’une caserne militaire mitoyenne au site, au niveau de laquelle les militaires français suppliciaient et torturaient les moudjahidines algériens.
La même responsable a signalé d’autres actions en cours en vue de la transformation du tristement célèbre camp de tortures du colonialisme français «Chaouch Goutier» de la commune de Souk El Heda (à l’ouest du chef-lieu de Boumer des), en un monument historique, après le relogement de la trentaine de familles squattant actuellement le site. Mme.Bouterfa, qui a déploré la «non classification du site à cause de son occupation par ces familles», a fait part de la programmation d’une étude détaillée de ce monument historique, dès le relogement de ses occupants, dans l’objectif d’une restauration, puis classification, est-il escompté.
A noter la présence, encore, de certains vestiges de ce camps de tortures, représentés par de minuscules geôles en béton, initialement des caves destinées à la conservation et production du vin, demeurées debout à ce jour, pour témoigner des atrocités commises par l’armée coloniale française contre les Algériens. Ce centre de tortures mitoyen à la RN5 reliant l'Est et le Centre du pays, fut, selon les témoignages de moudjahidine de la région ayant survécu à cette période douloureuse de l'histoire de l'Algérie, créé en 1956. Il s’étend sur une surface de 5000 M2, et doté d’une capacité d’accueil de 200 détenus.
Toujours au titre des festivités commémoratives du 57eme anniversaire de l’indépendance, à Boumerdes, cette semaine verra l’inauguration de la grotte historique, dite «Magharate Baghla» (ou grotte Baghla) dans la commune des Issers (à l’Est de la wilaya). Un site historique connu pour être la sépulture de 22 Chahid, ayant bénéficié d’une opération de restauration.