Le documentaire «Les enfumades du Dahra, le crime de la civilisation» du réalisateur Abderrahmane Mostefa a été projeté dans une ambiance de recueillement samedi après-midi à la cinémathèque d’Oran.
Les enfumades du Dahra, un témoignage poignant d’historiens et auteurs intervenants qui ont exhumé, dans ce documentaire de 74 minutes, un chapitre douloureux de l’histoire coloniale pour dénoncer l’armée d’invasion française qui a commis un génocide contre les populations algériennes.
«Ce sont des pratiques assumées par le pouvoir colonial français qui a mené une guerre d’extermination, une guerre totale contre le peuple algérien», a souligné l’historien Amar Belkhodja, présent dans la salle. Il a dénoncé ce crime barbare perpétré un certain 19 juin 1845 par le général Pelissier, de triste renommée, sur ordre du général Bugeaud.
«C’est un massacre que la conscience humanitaire doit éprouver, que l’histoire doit sans cesse dénoncer, mais aussi un drame que les Algériens ne doivent pas oublier, car nous avons une dette morale vis à vis de ceux qui sont tombés au champ d’honneur», a-t-il ajouté, rappelant que la date du 19 juin 1845 a été décrétée par le parti du peuple algérien (PPA) journée de «Deuil national». Le 19 juin 1845, le général Pelissier, sur ordre du général Bugeaud, avait exterminé la tribu des Ouled Ryah, où femmes, enfants et vieillards s'étaient réfugiés à l’intérieur des grottes de Nekmaria, à l’Est de Mostaganem, dans l'espoir d'échapper aux exactions du colonisateur. Précurseur des chambres à gaz, le sinistre général Pélissier obstruera toutes les issues de Ghar Frachih en entretenant des heures durant un immense brasier.
Plus de 1.000 personnes, avec leur bétail, vivront leur nuit fatale, avant de périr, asphyxiés à l’intérieur des grottes transformées en d'immenses fours crématoires. La région du Dahra, qui s’étend de Mostaganem jusqu’aux monts du Zaggar, a connu d’autres crimes odieux, d’autres massacres en série, d’autres génocides perpétrés par l’armée coloniale française. Ce documentaire, une production du ministère de la Culture, réalisé en version arabe et française, a été achevé en 2016. Il a été projeté, selon son réalisateur, à Mascara et Chlef.