Interview

5 questions à Mme Ferial Furon Présidente Fondatrice de l’association FARR (Franco Algériens Républicains Rassemblés) : «Nous avons toujours refusé tous les extrémismes»

Publié par Cherbal E-M le 17-01-2016, 13h16 | 830
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DK News : Comment se prépare le rassemblement 2016 des FARR ?

F. Furon : Nous avons maintenant une grande expérience de l’organisation de ce type de manifestation. Notre équipe dirigeante est toujours très motivée et très mobilisée pour cet événement majeur dans la vie de notre association.

Le succès crée le succès et nous avons mérité, par notre sérieux, la confiance de notre partenaire, « Le Pavillon Royal » qui est un lieu rénové et magnifiquement situé à proximité de la Porte Dauphine à Paris. Le GALA s’y déroulera le mardi 2 février en soirée à partir de 19h30.

Cette année, nous aurons un plateau d’invités prestigieux et de grande qualité du monde politique de toutes sensibilités ainsi que du monde diplomatique. Nous avons d’ores et déjà la confirmation de la présence de Monsieur Arnaud Montebourg, Ancien Ministre de l’économie, du redressement productif et du numérique, de Monsieur Jean-Louis Levet, Haut responsable à la coopération industrielle et technologique franco-algérienne, de Monsieur Xavier Driencourt, Ancien Ambassadeur de France en Algérie et de Monsieur Nicolas Dupont-Aignan, Député et Président du parti politique « Debout la France ». Nous attendons encore quelques confirmations qui viendront renforcer la qualité des intervenants. Nous ferons des communiqués complémentaires quand elles nous parviendront.

Nos conférenciers s’exprimeront à la tribune sur le thème « Le couple franco-algérien, moteur de développement de l’espace méditerranéen ».

Nos lauréats 2016 qui nous feront l’honneur de recevoir un TROPHEE lors de cette grande soirée sont des hommes et des femmes qui se distinguent par leur talent et leur qualité de cœur. Je peux en citer quelques-uns : Rachid Arhab pour son parcours hors-norme dans le monde des médias et pour son combat actuel qui va dans le sens des idéaux de FARR, Amine Zaoui pour son exceptionnelle œuvre littéraire qui contribue au rayonnement de la culture maghrébine dans le monde, Mohand Sidi-Said pour sa brillante trajectoire au sein de l’un des plus prestigieux laboratoires pharmaceutiques mondiaux.

Lors de cette troisième édition de notre grande rencontre annuelle qui marque l’amitié entre la France et l’Algérie, nous aurons le plaisir de mettre en lumière le patrimoine culturel algérien au travers de la musique, du stylisme et de la peinture. Ainsi, notre dîner sera égayé par l’orchestre national de musique arabo-andalouse dirigé par le grand musicien et chanteur Faouzi Abdennour. Nous aurons également l’immense plaisir d’honorer les Karakous de la talentueuse styliste algéroise Faiza Antri Bouzar. Et enfin, nous aurons le bonheur de faire découvrir à nos invités les œuvres d’une artiste-peintre d’art abstrait, Anissa Lalahoum.

Tout sera réuni pour faire de cet événement un « must » de la vie publique de la communauté franco-algérienne.

 

Que vous inspire le contexte sociopolitique français ?

Je me fais l’interprète de tous nos membres et de toute l’équipe dirigeante de FARR : nous sommes très inquiets du contexte socio-politique français.

Ce que nous redoutions est en train de se produire sous nos yeux : un mélange redoutable entre une crise économique persistante qui génère la colère sociale, un repliement identitaire sur soi des différentes composantes de la société française et pour exacerber encore les tensions, un climat de terreur lié à l’action sanguinaire et folle d’organisations terroristes étrangères.

La France est inquiète, la France a peur, la France est en colère. Cette inquiétude, cette peur, cette colère a des conséquences directes, en France comme partout : un vote xénophobe, des tensions intercommunautaires, une surenchère politique vers le tout-sécuritaire.

FARR s’est récemment positionné fermement contre la constitutionnalisation de la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux.

Ce que nous redoutons et rejetons n’est pas tant la punition des crimes commis, lesquels pourraient justifier au demeurant la sanction d’une déchéance de nationalité –puisque les actes de terrorisme ne méritent aucune clémence –, mais bien la discrimination que cette sanction opérerait si elle ne devait s’appliquer qu’aux seuls Français binationaux.

Comment en effet justifier que pour un même acte criminel commis, un Français, du seul fait de sa double nationalité, puisse se voir déchu de sa nationalité alors qu'un autre Français ne puisse pas encourir la même sanction ?

C’est pourquoi FARR se prononce aujourd’hui contre la réforme constitutionnelle envisagée et appelle tous les responsables politiques, individuellement et organiquement, à rechercher des solutions alternatives permettant à la fois la juste, forte et exemplaire sanction des ennemis de la République que deviennent les citoyens commettant des actes de terrorisme contre la France, ses intérêts et ses habitants, et sauvegardant, dans son acception la plus noble, le principe d’Egalité sans lequel la République risquerait d’y perdre son essence.

 

Pensez-vous possible de rester à l’écart des clivages politiques en France ?

Nous avons toujours refusé tous les extrémismes, qu’ils soient de nature politiques ou communautaristes.

Nous sommes apolitiques, c’est-à-dire indépendants des partis politiques, ce qui ne veut pas dire que nous ne prenions pas en compte la situation socio-politique de notre pays.

Dans le contexte actuel nous sommes et nous serons très vigilants à ce que les Français, tous les Français quelles que soient leur origine, soient traités sur un strict plan d’égalité en terme de nationalité.

Nous serons très vigilants à toute forme de stigmatisation confessionnelle.

Nous serons également très sensibles à toute forme de dérives antirépublicaines en matière d’état d’urgence, tout en reconnaissant à l’état le droit, et le devoir de se défendre et de défendre la Nation française.

Il faut bien comprendre que les franco-algériens sont au cœur d’intérêts convergents nationaux aussi bien algériens que français ce qui explique la qualité des rapports économiques et politiques entre nos deux pays.

Pour répondre directement à votre question, FARR sera vigilant et dénoncera tout candidat à la présidentielle française qui ne préservera pas les intérêts légitimes et la dignité des franco-algériens, partie intégrante du peuple français. FARR sera aussi très attentif au maintien à un haut niveau d’excellence des rapports politiques entre la France et l’Algérie.

 

Quel bilan faites-vous  de vos efforts pour la cause des Franco Algériens ?

Vous nous demandez, je suppose, d’éviter toute langue de bois et autosatisfaction vis-à-vis de notre action : ça tombe bien, ce n’est pas du tout le style de FARR.

Je dirais que beaucoup reste à faire. Nous avons eu la joie d’une reconnaissance institutionnelle par la participation de FARR à l’instance de dialogue avec l’Islam de France mise en place par le gouvernement Valls le 15 juin 2015 au ministère de l’intérieur. C’est un fait objectif qui récompense notre action. Sur un plan plus subjectif, le Gala que nous organisons annuellement est devenu « The place to be » aussi bien en terme de décideurs économiques que politiques.

Mais ce serait mal connaitre FARR que ce genre de reconnaissance nous satisfasse par rapport à nos objectifs : nous rencontrons des ralentissements avec les administrations pour mettre en place nos actions en terme de citoyenneté dans les zones géographiques prioritaires. Nous avons des difficultés pour obtenir des soutiens financiers qui nous sont pourtant nécessaires pour poursuivre et amplifier nos efforts.

Je l’ai dit, nous avons eu des succès mais nous rencontrons aussi des obstacles comme il est normal dans la vie associative.

 

Comment évoluent vos projets avec l’Algérie ?

Je ne vous apprendrais rien en vous disant que le contexte français est à l’heure actuelle très difficile du fait du climat politique en général et de l’état d’urgence en particulier.

Nous sommes très attachés à un projet de jumelage entre grands lycées français et algériens. Nous sommes convaincus que c’est par la connaissance mutuelle et le dialogue que les relations entre nos deux pays peuvent s’approfondir. Disons que les choses sont difficiles à mettre en œuvre dans la conjoncture actuelle.

Aux plans sociologiques et culturels nous constatons que les Trophées que nous décernons chaque année révèlent à l’opinion française et algérienne que le succès individuel récompense toujours l’effort et le talent. Pour FARR, c’est un de nos axes fondateurs pour lutter contre toute stigmatisation : la démonstration de la compétence par la preuve.

Les contacts que nous prenons dans le monde économique s’avèrent à l’heure actuelle prometteurs mais non encore concrétisés. Tout ceci est lent, nous demande beaucoup d’efforts. Mais nous ferons tout notre possible pour que ces projets aboutissent.

 

Entretien réalisé par Cherbal E-M

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