En arrivant dans les locaux de la sous-préfecture de Torcy, on constate une forte affluence du public des usagers qui prennent d’assaut dès les premières heures de la matinée les différents guichets, notamment ceux chargés de la résidence et de la naturalisation.
Le sous-préfet entend résolument apporter une touche à l’accueil du public et à la facilitation des conditions de satisfaction des différentes attentes.
Après une longue carrière de fonctionnaire dans divers services de l’administration publique française, Gérard Branly, né en 1957, au Gabon, arrive donc, en février dernier comme sous-préfet à Torcy, dans le département de Seine-et-Marne, en région parisienne. Notre correspondant à Paris l’a rencontré pour un entretien de presse consacré aux conditions de prise en charge des préoccupations des usagers.
DK News : Ce que nous avons vu ce matin aux guichets de la sous-préfecture nous fait penser à la nouvelle rapportée par la presse en mai dernier d’une forte bousculade à la sous-préfecture de Torcy.
Gérard Branly : C’est effectivement une sous-préfecture qui connaît une affluence relativement importante, même si nous ne sommes pas dans les volumes d’accueil traités par exemple à Melun où les titres liés à l’automobile sont délivrés.
A cela s’ajoutent quelques petits soucis de manque d’organisation et parfois de civisme de certains usagers ; donc naturellement les usagers sont parfois dans des situations qui les amènent à avoir le comportement décrit par ces articles de presse dont vous parlez. Cela m’amène aussi à vous dire que, pour notre part, nous faisons tout ce qui est en notre capacité pour améliorer les conditions d’accueil des usagers. Ce que vous avez vu ce matin (ndlr : le 24 décembre), deviendra une image du passé avec les nouvelles installations et la nouvelle organisation prévue, à compter du 6 janvier 2016 pour offrir aux usagers de meilleures conditions d’accueil et d’accès aux services de la sous-préfecture.
Comment se passe l’accueil des usagers étrangers ?
Comme vous avez pu le constater en arrivant, il y a des dispositions qui sont prévues pour améliorer les conditions d’accueil ; nous travaillons pour supprimer tout facteur qui pourrait être à l’origine d’attente inutile.
Nous avons comme objectif d’instaurer un système d’accueil uniquement sur rendez-vous, en sorte d’éviter les longues files d’attente aux guichets. Pour les demandes de naturalisation, nous traitons les demandes sur rendez-vous, puis nous effectuons les entretiens et établissons un rapport qui est transmis à la sous-direction de l’accès à la nationalité française, seule habilitée à trancher.
À la lumière des statistiques électorales, peut-on dire que Torcy est de gauche ?
En tout cas, pour le dernier scrutin des élections régionales, le candidat socialiste (Claude Bartolone) a recueilli 54,55% des voix ; effectivement à Torcy, depuis plus de vingt ans les habitants ont toujours voté à gauche, pour des raisons que l’histoire et la sociologie de la commune peuvent expliquer.
Qu’en est-il des ZSP (zones de sécurité prioritaire) ?
Il y a une seule ZSP à Torcy, pour la gestion de laquelle les services de l’Etat et des collectivités locales sont mobilisés. Il y a un comité de pilotage qui comprend différents services comme la justice, la mairie, les services de police et l’ensemble des acteurs sociaux. Il y a aussi les outils de sécurité qui reposent beaucoup sur une collaboration entre les missions du renseignement et le travail de la police.
Nous favorisons néanmoins l’approche préventive en travaillant surtout sur des phénomènes comme le décrochage scolaire. Nous associons également les acteurs sociaux, comme le mouvement associatif et le monde de la petite entreprise.
Comment auriez-vous réagi face au reportage diffusé en 2007 par une chaîne de télévision française qui présentait Mail, un quartier de Torcy comme «un village africain» ?
D’abord, laissez-moi vous dire que la notion de «village africain» ne me dérangerait nullement, si elle était fondée, à Torcy, dans la mesure où elle renvoie à un type de vie traditionnel. Ensuite, par rapport à votre question, je commencerai par regarder si ce que le journaliste décrit comme faits et réalités était fondé en 2007. Mais je peux vous confier que ce que je sais de ce centre urbain, depuis que je suis en fonction ici me permet de dire que je n’ai pas constaté de comportements susceptibles de justifier une telle suggestion réductrice et présentée comme péjorative.
Est-il vrai que vous envisagez d’instaurer de nouveaux modes d’accueil pour les étudiants étrangers ?
Il faut savoir que nous recevons annuellement presque 500 étudiants étrangers qui viennent suivre une scolarité dans les différents établissements (université, grandes écoles et centres de recherche) du campus Descartes. Le chiffre évolue relativement peu dans le temps, mais nous avons effectivement décidé de revoir les conditions d’accueil afin de faciliter l’arrivée de ces étudiants et leur offrir des conditions de séjour et d’études adéquates.
Nous avons travaillé avec les différents services des établissements d’enseignement impliqués pour faciliter l’arrivée des étudiants étrangers et non pas pour imposer une quelconque restriction.
Les mesures d’urgence prises après le 13 novembre vous imposent-elles de nouvelles charges ?
En réalité, l’état d’urgence est d’abord une mobilisation accrue des services de police et de renseignement pour faire face à des défis nouveaux liés à la prise en charge de la sécurité des citoyens. En tant qu’agents de l’Etat, nous devons effectivement tous nous mobiliser pour assurer cette tâche, tout en gardant notre sang-froid et en évitant toute stigmatisation.
Après tout, et après un tel choc, la vie doit continuer et on doit s’éviter tout comportement inutilement alarmiste.
Entretien réalisé par Cherbal E.-M.