Interview

Mourad Amroun, auteur de plusieurs publications à Sétif : "Ecrire, un moyen d’aller vers les autres"

Publié par Azzedine Tiouri le 07-11-2015, 18h21 | 491
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La tenue de la 20e édition du Salon international du livre d’Alger (Sila) nous donne l’opportunité d’évoquer un auteur algérien, demeurant à Sétif,  passionné par l’écriture depuis l’âge de 23 ans. Malgré le peu de temps libre qu’il dégage de ses responsabilités de gestionnaire d’une entreprise publique nationale à Sétif, Mourad Amroun essaie de se livrer à sa passion par ce besoin d’écrire.

Ses réponses sont brèves, mais précises. Amroun, comme il nous le confiera trouve son inspiration des souvenirs, de son enfance, de sa jeunesse, de sa vie au quotidien, mais aussi de la société qu’il côtoie quotidiennement… Suivons-le à travers cette interview pour mieux le découvrir…

 

DK News : Vous avez publié plusieurs ouvrages, dont certains à compte d’auteur. Comment vous est-elle venue l’idée d’écrire ? De toutes vos publications, en arabe et en français, quelle est votre préférée et pourquoi ?

M. Amroun : J’écris parce que j’ai toujours aimé écrire. Au fil des années, c’est devenue une passion pour moi, car c’est un excellent moyen d’aller vers les autres, ceux qu’on ne rencontre pas forcément. Par ailleurs, la vie me stimule, plus que cela, beaucoup d’évènements m’inspirent. Je crois, que chaque auteur, selon ce qu’il vit, qu’il lit ou qu’il découvre, arrive à se créer son propre univers. Pour rappel, j’ai publié en 2008 ‘’ Larme glacée’’ que j’ai écrit lorsque j’avais 23 ans, suivi d’un recueil de poésie en arabe en 2010 intitulé ‘’ Nassidj khawatiri’’ pour répondre ainsi à certains qui m’avaient taxé de francisant. Ensuite, j’ai publié ‘’ El Fodhil El Ourtilani’’, suivi d’une biographie et un hommage à ‘’ Mustapha Zemirli, un homme, une histoire’’. Un grand artiste, humaniste et grand frère mis au banc des oubliettes. Puis, une série de quatre tomes sur les savants et les célébrités algériennes, suivi d’un livret sur le management, un travail comparatif avec la gestion du point de vue de notre religion.

 

L’inspiration facilite l’écriture. Chez vous, comment vient-elle et à quelle moment ?

L’écriture est une passion. Par conséquent, elle fait partie de ma vie. J’écris tout le temps et n’importe où. Lorsqu’une idée me vient en tète, je prends note. L’inspiration peut provenir de n’importe quelle circonstance, pour moi, c’est beaucoup plus lorsque je suis stressé ou triste, et ce n’est pas toujours le cas, heureusement. Chez moi, par contre, l’inspiration ne m’arrive que la nuit lorsque je suis  seul avec ma conscience, dans le vide et le noir.

 

Quel est l’ouvrage que vous avez le mieux aimé et pourquoi ?

Mon préféré est incontestablement celui de ‘’ El Fodhil El Ourtilani’’. Il m’a procuré le plus d’émotion car il traite de la vie d’un éminent penseur et un héros de notre Glorieuse Révolution, mais qui reste malheureusement très mal connu par le grand public.

 

Vous êtes un cadre gestionnaire, responsable d’une entreprise publique, comment conciliez-vous le travail et l’écriture ? Est-ce dur de faire les deux à la fois ?

C’est sans doute une question qui pourrait être embarrassante pour certains, mais pas pour moi. Car comme je vous déjà dis, l’écriture est une passion pour moi et comme telle, j’arrive toujours à lui trouver du temps et de l’énergie nécessaires. Je parviens sans difficulté à concilier entre mon travail de cadre gestionnaire et la plume. Il reste à savoir qu’on n’est pas forcément un bon auteur parce qu’on a publié des livres. Aux lecteurs donc d’en juger de la qualité de mes œuvres.

 

Avez-vous le temps de lire ? Si oui, que lisez-vous ? Beaucoup, peu ? Quel est le livre qui se trouve actuellement sur votre table de chevet ?

Oui, j’arrive à lire. Autrefois, je lisais beaucoup, mais à présent je le fais moyennement. Plus je lis, plus je me dis que je ne sais pas écrire. Mais plus j’écris, plus je me dis que je suis aussi en train d’écrire. L’écriture m’apporte une façon de me situer dans le monde. C’est un enchantement perpétuel et un encouragement.

 

Quels sont et quels ont été vos auteurs préférés ? Le genre ? Le style ? Expliquez le pourquoi de  vos choix.

Mes auteurs préférés sont nombreux et mon amour de la lecture ne date pas d’hier. A 14 ans, je suis tombé amoureux des romans policiers de par leur intrigue. Peu de temps après, je me suis tourné vers les écrivains de mon pays, tels que Mouloud Feraoun, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Mohamed Dib etc. Je lisais aussi les classiques français tels que Balzac, Flaubert et autres. J’aimais aussi les livres arabes particulièrement ceux de Taha Hacine, Mahmoud El Agad, la belle poésie d’Antar Ibn Cheded et bien d’autres. Dans ces œuvres, on y trouve tout ce que cherche un lecteur adepte de la belle plume, de la langue raffinée, du style, au contenu etc. Il reste que mon auteur préféré reste Mouloud Feraoun.

 

Avez-vous une publication en préparation ? Si oui, peut-on avoir une idée de quoi il s’agit, le titre, le thème et à quand sa date de parution ?

Actuellement, je suis sur une série de projets de livres. Les deux premiers portent, l’un sur la ville de Sétif, l’autre sur celle de Tizi Ouzou. Je prépare également un autre de poésie intitulé ‘’ Des vers pour ma mère’’ que j’ai écrit suite à son décès. Le quatrième sera une fiction ‘’ Souvenirs d’enfance’’ qui retrace une partie des péripéties d’un villageois. Par ailleurs, je sus en train de finaliser d’autres ouvrages en arabe sur ‘’Ain El Fouara’’ ainsi que sur d’autres thèmes différents, dont celui sur les barrages d’eau et des transferts, les zones humides en Algérie etc. Je touche aussi du théâtre, du one man show et des pièces pour enfants et adultes. Je compte participer au concours du film documentaire sur les évènements du 8 Mai 1945 avec deux scénarios, le premier sonore et le second cinématographique.

 

Selon vous l’écrivain doit-il avoir un rôle à jouer plus que les autres au sein de la société ? Si oui, lequel ?

Evidemment. Il est nécessaire de rappeler tout le temps à qui veut l’entendre, le rôle et les missions qui lui sont dévolues dans la société, notamment avec les temps qui courent où le citoyen est en proie à tout ce qui provient de l’extérieur où il a besoin d’être orienté, éclairé et accompagné.

 

Un mot peut-être à ajouter pour conclure ?

Oui. Prêter à autrui les mots dont il a besoin pour avoir accès à lui-même et formuler éventuellement ce qu’il vit n’est pas une œuvre de charité. Ecrire, c’est donc d’abord écrire pour soi, en fonction d’une besoin personnel. Mais c’est aussi, je crois savoir suffisamment se détacher de soi pour tenir un propos universel qui puisse concerner autrui. De même écrire, fait partie d’un travail que je poursuis incessamment en moi, un travail qui me met en paix.

Entretien réalisé par Azzedine Tiouri

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