On sait que le wali de Bordj Bou-Arreridj, Azzedine Mecheri, lors de son installation en fin 2010 dans la wilaya a décidé d’accorder la priorité aux programmes à la santé.
Après quatre années, avec la précédente directrice de la santé, les choses ont positivement évolué. Avec l’arrivée du nouveau directeur, Zegrar Salim, il nous a semblé intéressant d’obtenir de la nouvelle haute autorité de la santé de la wilaya quelques précisions à ce sujet. M. Zegrar Salim directeur de la santé de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, a bien voulu recevoir notre journaliste et répondre à ses questions.
DKNews : Quel bilan faites-vous de la santé dans la wilaya de Bordj Bou- Arreridj?
Zegrar Salim : Non seulement Bordj Bou-Arréridj mais tout le pays est sur la bonne voie. Les Bordjiens, jeunes et moins jeunes, sont de plus en plus sensibles à l’idée de bien-être pris en charge sur le plan soins.
Aujourd’hui, tout le monde y voit des moyens matériels et humains qui sont mis en place. La wilaya de Bordj Bou-Arréridj s’oriente vers la mise en place de son propre pôle de santé. Elle suit en cela la dynamique enclenchée par les projets structurants et les grands investissements qui se mettent en place.
Le plus gros du travail se fait cependant avec les petits. Nous assistons à un véritable foisonnement des services d’accompagnement ; Sur le plan infrastructure, aujourd’hui, elle compte 5 hôpitaux, une maternité (hôpital mère-enfant), 44 polycliniques dont 32 urgences H/24, 138 salles de soins, deux équipes médicales mobiles.
Dans l’ensemble, une bonne couverture. 1 médecin spécialiste pour 3600 habitants et un médecin généraliste pour 1200 habitants. Nous sommes un peu loin de la moyenne nationale. Sincèrement, il n’y a pas eu de coordination entre les infrastructures et la formation. Il y a un certain décalage. Nous y travaillons pour combler ce vide.
Mais dans certaines régions de la wilaya, les habitants parlent du manque de médecins et surtout de l’éloignement des établissements de santé ?
Effectivement, il y a des zones qui ne sont pas totalement couvertes à cause de leur enclavement. Le manque de transport empêche les médecins et les infirmiers de s’y rendre. Pour les salles de soins, nous allons en rouvrir d’autres dans le cadre du PCD. Et au niveau du programme de la DSP, 7 nouvelles polycliniques vont êtres ouvertes dans ces régions éloignées.
Le malade attend des mois pour se faire opéré…
Comme je vous l’ai dit, nous avons un problème au niveau des médecins anesthésistes. La wilaya a besoin de réanimateurs. Par exemple, l’hôpital Bouzidi Lakhdar du chef-lieu de wilaya, tourne avec un seul anesthésiste. C’est le manque de médecins anesthésistes qui a causé ces retards.
Est-ce que les analyses, les radios et les médicaments sont disponibles dans les hôpitaux et établissements de santés ?
Le comportement d’un employé ne peut pas se généraliser sur tout le secteur. Nous avons des rencontres, chaque semaine, avec les responsables de ces établissements et nous sommes au courant de qu’ils ont comme médicaments et autres moyens. Donc, il y a tout dans nos hôpitaux. Le malade doit être pris en charge.
Est-ce que ce manque touche simplement le service de réanimation ?
Nous avons un manque de réanimateurs, de radiologues, de médecins généralistes et surtout d’infirmiers spécialisés. Nous sommes en train de faire un redéploiement du personnel pour essayer de trouver un équilibre dans toutes les parties de la wilaya.
Comment allez-vous combler le manque de médecins ?
Nous avons organisé des concours de recrutement pour les médecins généralistes. Concernant les médecins spécialistes nous avons envoyé nos besoins au ministère et c’est à lui d’apprécier la demande selon la carte sanitaire nationale.
Pour accueillir les médecins spécialistes, le wali a demandé à l’OPGI de construire des logements à l’intérieur de l’enceinte des structures de santé pour assurer aux médecins la proximité et la sécurité nécessaires pour leur bien- être. C’est une très bonne initiative.
Quels sont les moyens mis en œuvre pour développer la santé?
Dès ma nomination, j’ai essayé d’établir un diagnostic pour pouvoir établir un plan de développement de la santé. J’ai constitué un groupe de travail dont la mission a consisté à dresser un état des lieux à partir d’une analyse de tous les processus relatifs à gestion de la santé.
Quels sont les points forts ? Quels sont les points faibles ? Que faut-il mettre en place pour corriger les points faibles et améliorer les points forts ? L’ensemble de ces éléments figure dans un document, le livre blanc de la santé en quelque sorte, à partir duquel nous avons élaboré notre stratégie.
Pour améliorer le rendement et la prise en charge du malade, nous allons faire des échanges avec le CHU de Batna concernant la réanimation. Des médecins vont venir juste pour assurer les visites et le médecin de l’hôpital va se libérer juste au bloc. Un autre échange avec le CHU de Tizi Ouzou est prévu pour un pacemaker.
Quels sont les objectifs qui restent à atteindre ?
Il s’agit en premier lieu d’assurer un redéploiement de la carte sanitaire à travers toutes les zones de la wilaya, de les doter de nouvelles techniques de prise en charge du malade. Ainsi, on est dans l’obligation d’organiser des sessions de recyclage au profit des personnes de santé qui travaillent directement avec le malade, le personnel paramédical et les médecins généralistes. Notre objectif aussi est d’améliorer nos plateaux techniques et les bonnes pratiques.
Nous allons former des agents d’accueil et d’orientation avec des formations internes dans nos classes paramédicales. Nous allons aussi former des cuisiniers afin d’assurer une bonne prise en charge du malade et améliorer la qualité des repas.
Avez-vous d’autres projets de développement ?
Nous prévoyons, dans notre stratégie, de créer en plus des 7 polycliniques, deux hôpitaux de 240 lits chacun, un à Bordj Bou-Arréridj et un autre à Ras El Oued, deux autres hôpitaux de 60 lits. D’ici la fin 2016, la wilaya sera dotée de 10 hôpitaux (presque pour chaque daïra un hôpital).
Et le nombre de malades soignés pour le cancer ?
Nous avons 1980 malades de cancers. Nous avons une unité de lutte contre le cancer avec 16 lits qu’on prévoit d’agrandir jusqu’à 30 lits, dans les prochains mois tout en préparant le personnel. Concernant les causes du cancer, c’est au niveau national que le dossier est pris.
Au niveau local, nous allons lancer une enquête sur ce sujet. Nous travaillons dans le cadre de la stratégie ministérielle qui s’assigne pour objectif, le recensement, le dépistage, le traitement et la réduction de la mortalité.
L’hôpital d’orthopédie…
On vient de le relancer. C’est un hôpital régional d’orthopédie et de traumatologie. Il est à 80% de réalisation. Il reste 20%. Après que nous allons relever les réserves, les délais vont être respectés. Concernant l’encadrement, nous allons l’alimenter avec le personnel local en attendant des affectations du ministère concernant les médecins et les spécialistes.
Quel message souhaiteriez-vous transmettre à travers cette interview ?
Vous savez, la santé, c’est ma vie. Je travaille dans ce domaine depuis des années et j’ai traité de nombreux patients. Je souhaite avant tout que la santé, en Algérie et à Bordj Bou-Arréridj, se développe de telle manière que toute personne, lorsqu’elle a besoin de soins, quel que soit le lieu où elle se trouve et quelle que soit sa pathologie, puisse les trouver.
Le soin n’est pas un acte anodin, sans risque de complication. Mais lorsque son indication est justifiée, il faut que le malade les trouve . J’aimerais que les médias, en particulier, s’intéressent aux aspects positifs du secteur de la santé plutôt que de toujours chercher le côté négatif, et qu’ils participent à la sensibilisation de la population.
J’aimerais, enfin, qu’on prenne conscience des efforts considérables fournis par les équipes des établissements de santé qui s’organisent pour que les soins soient disponibles et qui participent, chaque jour, à sauver des vies. Un peu de patience et tout ira vers le meilleur.