Interview

BAZOU - L’INCONTESTABLE VIRTUOSe se confie à dk news : De la musique en général et de la chanson en Algérie, qu’en pense-t-il ?

Publié par Arslan B. le 17-04-2015, 17h45 | 1484
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Musicien polyvalent (il joue aisément de divers instruments de musique), il est également arrangeur, compositeur et, depuis quelque temps, doublé de metteur en scène (Il évolue au TR Béjaïa Malek-Bouguermouh, sa plus récente mise en scène est 1930), Abdelaziz Yousfi, alias Bazou, diplômé en 1988 de l’Ecole normale supérieure en musicologie, donne son point de vue en ce qui concerne l’état de la musique dans ses différents genres et de la chanson en Algérie, aujourd’hui…

Quels sont les genres musicaux prédominants et les plus pratiqués actuellement en Algérie ?

Chaque région « cultive » un genre spécifique pour lequel elle développe un penchant collectif et depuis fort longtemps enraciné en sa population, un penchant donc particulier et cela reflète une diversité culturelle.

Mais cela étant, des passerelles sont établies entre chacune de ces régions et comme conséquence édifiante, enrichissante, s’instaure le principe des vases communicants, avec échanges continuels et mutuels d’apports…

Si bien, donc,  que même si un genre demeure une constante prédominante et quasi sacro-sainte d’une région, cela n’empêche pas d’autres genres de graviter autour de cette constante.

D’ailleurs, l’on voit ça dans les nouveaux groupes, avec cette propension à opérer des fusions, tout en ayant recours à l’outil occidental (harmonies, arrangements, instruments…).

Qu’en est-il aujourd’hui, selon vous, des deux grands genres nationaux, à savoir l’andalou et le « chaâbi », notamment depuis la disparition de la plupart des ténors de ces deux genres ?

Moi je ne vois pas les choses comme ça. Cette tendance à vouloir coûte que coûte faire de l’andalou et du chaâbi  les «deux grands genres nationaux»  est une vue de l’esprit, une erreur ! car  à côté le raï a depuis longtemps et indéniablement investi la scène nationale  et même internationale ! Idem pour la musique targuie.

Cependant, il est incontestable que la musique (et la chanson) chaâbie continuent et continueront effectivement à détenir le statut de dimension lyrique nationale. Parce qu’il s’agit d’un genre profondément populaire.

A contrario, on a mis des garde-fous à la musique andalouse, en ce sens qu’on l’a cantonnée à l’intérieur d’associations , d’écoles pratiquement « privées » et des régions bien précises, clairement circonscrites et qui, comme tout le monde le sait, sont Tlemcen, Alger, El Koléa, Béjaïa, Mostaganem…

Quant au chaâbi, il ne faut pas perdre de vue qu’il ne s’agit ni plus ni moins que de musique (et de textes) andalouse, adaptés avec à la clé un cachet particulier, popularisé, en somme… Le chaâbi, à mon humble avis, c’est de l’andalou ramené à la rue, à la portée de simples gens.

A propos de la relève dont vous parliez, permettez-moi de faire remarquer que la méthode d’enseignement de ce genre populaire demeure une tradition éminemment orale et il est, en outre et par ailleurs, dommage que nombre d’interprètes au demeurant dotés de fort jolies voix s’ingénient à imiter les maîtres, alors qu’armés de leurs connaissances diversifiées, notamment en se frottant à d’autres genres même et surtout du point de vue vocal et mélodique, ils sont largement en mesure d’apporter leur propre empreinte.

Peut-on savoir quelle est  votre appréciation de la musique « kabyle » ?

On a tendance à parler de « musique kabyle » et, de ce fait, on la met dans une boîte. Parce qu’il faut savoir, c’est que par rapport à l’histoire, ce genre si je puis dire n’a jamais cessé d’être interféré par les musiques occidentale et orientale, sans  trop en altérer la matrice, bien entendu, c’est-à-dire tout en gardant ses traits méditerranéens.

Et c’est tant mieux, en fait, qu’il y ait eu tous ces brassages, mais, une fois de plus, l’on ne peut parler de pureté ou de purisme à proprement parler.

A noter également que la plupart des grands maîtres de la musique « chaâbie » sont d’origine kabyle. Quelle magnifique et agréable jonction entre, donc, l’andalou en quelque sorte « désacadémisé » et la musique kabyle de souche.

En conclusion à propos de l’état et de l’évolution de la musique algérienne en général dans toute sa diversité ?

y a risque de sombrer dans la confusion et de perte de certains cachets, il faudrait songer à développer la recherche en musicologie afin de préserver l’authenticité de chaque genre régional, cette fabuleuse et non moins monolithique mosaïque lyrique algérienne.

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