Les députés brésiliens devaient se prononcer dans la nuit de lundi à mardi sur la cassation du mandat parlementaire de l'ex-président du Congrès des députés Eduardo Cunha, à l'origine de la procédure de destitution controversée de l'ex-présidente Dilma Rousseff.
La séance plénière s'est ouverte à 20h25 locales (23h25 GMT). Ce député évangélique ultra-conservateur de 58 ans est accusé d'avoir «menti» à ses pairs en niant avoir été titulaire de comptes bancaires secrets à l'étranger, devant une commission d'enquête parlementaire sur le scandale de corruption autour de la compagnie pétrolière publique Petrobras.
L'enquête judiciaire a par la suite permis de découvrir qu'il était titulaire d'au moins un compte bancaire secret en Suisse sur lequel avaient transité environ cinq millions de dollars d'origine suspecte.
Ce Machiavel brésilien aux cheveux poivre et sel et costumes italiens impeccables avait déclenché en décembre 2015 la procédure de destitution contre Dilma Rousseff, en représailles au vote des députés de son Parti des travailleurs (PT, gauche) pour son propre renvoi devant la Commission d'éthique du parlement.
Ce personnage central de la crise politique brésilienne, ennemi juré de l'ex-dirigeante de gauche, avait été suspendu le 5 mai de ses fonctions de président de l'Assemblée par le Tribunal suprême fédéral (STF).
Personnage extrêmement influent ayant fédéré autour de lui les secteurs les plus conservateurs du Parlement, Eduardo Cunha a incarné l'aile dure du Parti du Mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre-droit) de l'actuel président Michel Temer, qui a succédé le 31 août à Dilma Rousseff, destituée de ses fonctions pour maquillage des comptes publics.
M. Cunha a usé pendant 11 mois d'incessants subterfuges pour freiner la procédure qui pourrait lui faire perdre son mandat.
Selon les analystes, il jouera au cours des prochaines heures sa dernière carte en demandant à ses pairs le report du vote sur la cassation de son mandat après les élections municipales d'octobre, ou une simple suspension de son mandat.
En dernier recours, il pourrait également demander à ne pas perdre ses droits civiques pendant huit ans contrairement à ce que prévoit la Constitution en cas de destitution, comme cela a été accordé à Mme Rousseff.
Dimanche, 300 députés (sur un total 513) avaient indiqué au quotidien O Globo qu'ils voteraient pour la révocation du mandat de M. Cunha. Le minimum requis est de 257.
Il a été abandonné par un grand nombre de ses anciens soutiens. Dilma Rousseff accuse M. Cunha et son ex vice-président Michel Temer d'avoir orchestré un «Coup d'Etat» parlementaire à son encontre et continue de clamer son innocence.