Histoire

Guelma- La ville martyre, les hécatombes: PREMIERES EXECUTIONS ET INTERVENTION DE L’AVIATION

Publié par DK News le 13-03-2014, 16h35 | 166
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Les membres du comité des Amis du Manifeste et de la Liberté arrêtés et considérés comme otages, des centaines d’autres jeunes musulmans emprisonnés sans discernement, l’incomparable diffuseur d’Egalité, Djarbaoua Abdelmadjid, assassiné sauvagement par le commissaire Tocquard, la ville proclamée en état de siège par Achiary et ses amis, l’appel du massacre retentit soudain, en cette matinée du jeudi 10 mai, à travers Guelma et sa région.

« Ohé, fonctionnaires, ouvriers, colons, hommes, jeunes gens et même vous, femmes d’origine française, maltaise, italienne, espagnole, ou tout autre- qu’importe ! pourvu que vous soyez Européens, venez ! »
«Unissez-vous ! Venez au salut de vos privilèges aujourd’hui menacés. Accourez donc ! Voici des révolvers, des fusils, des mousquetons, des mitrailleuses en nombre ! Choisissez, prenez, armez-vous au nom du colonialisme généreux et humain et tuez-nous tous ces Arabes, ces vaincus de 1830, ces va-nu-pieds, ces haillonneux, ces ventres creux, faits pour vous servir et qui osent maintenant parler de droit des gens, de dignité humaine et poussent la prétention jusqu’à vouloir être nos égaux et vivre comme des hommes sur cette terre d’Algérie qui doit nous appartenir pour l’éternité». 

L’appel au devoir «impérieux» ne demeura pas sans écho. Vite, très vite, les miliciens, mus par cette même inexpiable haine, et cette même inétanchable soif de sang et de carnage qui animaient les hordes hitlériennes lancées à la conquête de l’Europe, les miliciens atteints par une crise collective, une véritable folie furieuse, vinrent en masse compacte au rendez-vous pour mettre sans plus tarder à exécution un plan des expéditions punitives minutieusement préparées par un véritable état-major.

La série des forfaits froidement perpétrés, inaugurée au matin par le policier Trocquard, la « chasse au sanglier, au bicot, au raton, au tronc de figuier »- entendez par là la chasse à l’Arabe – s’ouvrit aussitôt.
Les armes automatiques entrèrent en action.

Partout, à intervalles réguliers, des détonations déchirant le silence, ébranlant l’atmosphère, remplissant l’air d’une odeur de poudre, jetant partout l’effroi dans les quartiers musulmans. Chaque milicien, ayant solennellement promis d’obéir aux consignes formelles données par le «Comité de vigilance et de sauvegarde des intérêts patriotiques du pays», plusieurs Arabes, surpris dans les rues, tombèrent sous les balles, au milieu des exclamations joyeuses de leurs assassins. Ce que sont devenus leurs cadavres ? Nous le verrons après.

Vers 17 heures, une intervention de M. Maubert, maire de Guelma, auprès du sous-préfet Achiary, venait d’assurer une liberté relative aux conseillers municipaux musulmans de la ville, suspectés et sur le point d’être arrêtés, des vrombissements de moteurs d’avions se firent entendre.

De nombreux appareils de chasse sillonnèrent un moment l’espace, puis vinrent raser les toits des maisons basses du quartier arabe.  Dans les cœurs des musulmans, tous désarmés, ce fut le sentiment général d’une sécurité terriblement compromise.

Mais il restait un espoir : «Allons-nous sans motif, être lâchement tués ? Non ! Une telle agression n’est pas possible. On veut tout simplement nous effrayer», pensaient-ils, croyant à l’une de ces simples démonstrations de force auxquelles on les avait habitués depuis longtemps !

Mais lâchant leurs bombes, mitraillant en rase-motte, tuant sans pitié de très nombreux musulmans de la campagne, non encore au courant du drame de Guelma, sortis de dessous leurs tentes pour leur faire, à l’aide de leurs turbans et de leurs chechias des signes d’amitié, les aviateurs venus pour la plupart des bases aériennes de Maison-Blanche et de Blida, commencèrent un bombardement intense aux alentours de la ville. L’armée, sans perdre de temps, était venue à la curée.

L’épouvante, dans la nuit du 10 au 11 mai gagna les douars et les mechtas, cependant qu’à Guelma, épargnée par les bombardements aériens pour cette raison que tous ou à peu près tous les Européens de la région s’y étaient rendus, les coups de feu tirés par les miliciens et les arrestations ne discontinuaient guère.

La prison civile, la gendarmerie, le local du groupe Ennoudjoub des scouts musulmans, d’autres lieux aussi réquisitionnés pour servir de geôles provisoires, virent se passer des scènes de tortures à la manière de la Gestapo.

Notre camarade H. K., emprisonné et échappé miraculeusement à une mort horrible, a été la victime de brutalités inqualifiables. Il a vu des parents, des amis emprisonnés comme lui, partir au petit jour et ne plus revenir.  Avec d’autres détenus, il  dut, avec quelle indicible peine et quelle indignation, enterrer dans des fosses communes, bien des cadavres de ses frères fusillés.

Plus de deux années ont passées , mais il n’a rien oublié : «Je me souviens. C’est le 14 mai, vers 15h 30 que le milicien Mongoli Jean, actuellement maçon, habitant 20 rue Mogador et un autre de ses acolytes, vinrent perquisitionner chez moi. Après avoir mis toute la maison en branle, malmené mes vieux parents, ils m’arrêtèrent en même temps que mon oncle, Benchida Ahmed et Gaffar Khlifa. 

Conduit à la gendarmerie, on me fit aussitôt pénétrer dans le bureau de l’adjudant où des miliciens s’étaient installés, travaillant par groupe de quatre et se relayant toutes les deux heures environ. Quelques jeunes musulmans étaient déjà là. Je reconnus parmi eux le militant AM. L. Flifla Hadj Abdallah, mort fusillé. Mes surveillants après vérification de mon identité, me délestèrent de mon porte-monnaie contenant 450 francs puis se mirent en devoir de me battre.

M’ayant roué de coups, ils m’ordonnèrent de rejoindre mes camarades dans la cour de la gendarmerie, à laquelle je ne pouvais accéder qu’en traversant un long couloir où un insupportable supplice était infligé aux nouveaux prisonniers.

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