La presse n’a pas encore totalement traité les dessous de la nouvelle affaire d’espionnage qui ébranle de nouveau le camp politique de la chancelière Angela Merkel, elle-même, à peine calmée des suites des révélations de Snowden, l’ancien agent du renseignement américain, faisant état, il y a quelques mois, de la surveillance par la NSA y compris de ses téléphones.
Cette fois, elle devra s’expliquer sur les agissements de ses services de renseignements du BND désignés du doigt par de nouveaux rapports au motif qu’ils auraient collaboré avec la NSA au profit de laquelle ils auraient espionné des cibles, notamment industrielles et politiques en France.
Rien de moins pour rallumer la polémique entre les deux pays, par médias interposés pour le moment. Selon le site lefigaro.fr ce serait le quotidien allemand Der Spiegel qui aurait «révélé que le BND a aidé, au moins depuis 2008, la NSA dans ses activités d'espionnage industriel en Europe, outrepassant largement la coopération contre le terrorisme.
«De son côté, le site d’information huffingtonpost.fr, reprend un écrit de courrier
international.com qui évoque « une enquête de la Süddeutsche Zeitung «, selon laquelle
«le BND aurait surveillé de ‘hauts fonctionnaires’ français et de la Commission
européenne pour le compte de la NSA américaine».
Des informations recoupées par De Spiegel, reprises par des titres de la presse française parlent d’une aide des services allemands à la NSA qui se serait intéressée à «des grands groupes industriels sensibles comme EADS ou Eurocopter, à des responsables politiques allemands ou à l'administration française», écrit Der Spiegel, sans donner plus de détails, lit-on sur huffingtonpost.fr
Ce site cite des sources qui croient savoir que la situation ne sera pas facile à gérer par la chancelière dans la mesure où son « ministre de l’Intérieur, Thomas de Maiziere, qui était à l'époque chef de la chancellerie et ne pouvait pas ignorer ce qui se passait au BND».
Ce dernier devra s’expliquer dans les prochains jours devant une commission parlementaire instituée à cet effet.Un porte-parole de Mme Merkel a pointé du doigt des écarts «techniques et d’organisation» pour essayer de répondre aux interrogations de la presse et de l’opinion publique.
La collaboration en effet consiste pour le BND à répondre aux sollicitations de la NSA pour «surveiller certaines adresses électroniques IP ou des numéros de téléphone particuliers», selon lefigaro.fr qui précise que «les renseignements allemands n'ont pas cherché à vérifier systématiquement la nature des cibles identifiées par les Américains».
Toujours sur ce même site, on apprend que « 40.000 données auraient été collectées selon la presse allemande, sans lien avec l'antiterrorisme «. Du côté des officiels français c’est encore le silence, peut-être en attente d’éventuelles explications ou hypothétiques excuses.
Seul un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a pour le moment réagi pour dire, d’après l’agence Reuters : «Nous sommes en contact étroit avec nos partenaires allemands, qui ont indiqué publiquement procéder à une clarification interne sur les éléments rapportés par la presse».
Le cofondateur du parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon n’a pas raté l’aubaine de monter au créneau pour exiger «l'ouverture conjointe d'une enquête parlementaire et d'une enquête judiciaire», selon Reuters qui ajoute qu’il est motivé par le souci de «faire toute la lumière sur ces atteintes à la souveraineté de la France».
Alors que l’opposition allemande demande la démission du ministre de l’Intérieur, les députés se mettent au travail pour démêler les fils de cette nouvelle affaire, dont l’Allemagne aurait souhaité se passer.
CEM
