La France a décidé de ne pas réduire ses effectifs militaires déployés au Sahel alors que leur présence dans la région est de plus en plus critiquée par l’opinion publique française et par les populations locales en raison notamment de la multiplication des bavures de l’armée française.
Le 15 et le 16 février s’est tenu le Sommet du G5 Sahel au Tchad pour discuter des évolutions de la lutte contre le terrorisme dans la région au cours de l'année écoulée, depuis le précédent sommet tenu à Pau, en France, en janvier 2020.
La France a décidé de ne pas réduire "dans l'immédiat" ses effectifs militaires déployés au Sahel, a affirmé mardi le président Emmanuel Macron, qui a participé par visioconférence au sommet organisé à N'Djamena, la capitale du Tchad. "Des évolutions sans doute significatives seront apportées à notre dispositif militaire au Sahel en temps voulu, mais elles n'interviendront pas dans l'immédiat", a-t-il déclaré, promettant "une action renforcée" pour "essayer d’aller décapiter ces organisations (terroristes)".
Ces déclarations marquent un décalage par rapport à l'affirmation de la mini stre de la Défense française, Florence Parly, le mois dernier selon laquelle la France envisageait de réduire ses effectifs au Sahel.
Huit ans après la mobilisation de l’opération militaire dite Barkhane, la situation s’enlise et devient de plus en plus impopulaire parmi la population française et celle du Sahel, selon RevolutionPermanente (réseau international de journaux).
En effet, d'après la même source, les résultats de cette "lutte contre le terrorisme" que prône le gouvernement français "sont loin de justifier l’occupation militaire aux yeux de l’opinion publique : les meurtres se sont multipliés lors de ces deux dernières années et la zone compte 2 millions de déplacés par la guerre". Selon un sondage réalisé, début janvier 2021, par l’Institut de l’opinion publique de Français (IFOP), 51% de la population française ne soutient plus l’intervention militaire dans la région.
Les multiples manifestations qui ont eu lieu au Mali ont aussi témoigné de l’hostilité de la population locale qui perçoit la présence de la France comme "une forme d’occupation néocoloniale", rappelle la même source.
L’impopularité de cette opération militaire s’est encore aggravée suite à la mort récent de trois soldats français et les brutalités que subissent la population civile dans la région.
Une frappe aérienne française au Mali a entrainé la mort de 19 civils le 3 janvier, selon Humans Right Watchs.
Aussi, le fait que en 2019 et 2020, la plupart de civils aient été tués par des forces armées françaises ou "régionales" et non par des groupes terroristes, "est venu alourdir ce bilan et démentir le discours officiel", ajoute le réseau.
Lors des jours précédents au sommet de N'Djamena, le gouvernement français a essayé de mettre un frein aux critiques et contrebalancer le manque de résultats, en présentant l’élimination de certaines chefs de groupes terroristes et en revendiquant d'avoir "sérieusement" affaibli les groupes terroristes. Mais les deux principales nébuleuses terroristes restent très actives.
Dans sa vaine tentative de dissimuler l'échec patent de la stratégie militaire française au Sahel, M. Macron a voulu "donner une perspective aux populations du Sahel", en appelant à un "deuxième sursaut : celui du retour de la sécurité et des services aux populations", et en réclamant "une impulsion au plus niveau de l’Etat" pour réinvestir " les territoires délaissés de la région".
Néanmoins, selon RévolutionPermanente, "Le renforcement de l’action militaire sous prétexte de lutte contre le terrorisme, teinté de quelques aides au développement, ressemble bien à une entreprise néo-coloniale : Ave c Barkhane, avec la dette - qui siphonne les budgets des pays africains et sert de levier pour leur imposer des politiques promues par les impérialistes - et les millions des aides au "développement, Macron entend donc jouer un rôle dans la reconstruction d’un Sahel allié de la France". Le sommet du G5 Sahel a été marqué par la prise de commandes du G5 Sahel par le Tchad.
Parmi les annonces faites, à l’occasion du G5 Sahel qui regroupe les cinq pays du Sahel (Mauritanie, Niger, Burkina Faso, Tchad et le Mali), l’envoi de 1.200 soldats tchadiens dans la zone dite des "trois frontières" entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso pour lutter contre les terroristes.
Les ministres de la défense du G5 Sahel (Tchad, Niger, Mauritanie, Niger, Burkina Faso) se sont rendus lundi à N'Guigmi, au Niger, près de la frontière avec le Tchad, où sont stationnés les soldats qui seront ensuite déployés dans la région des "trois frontières", selon la télévision d'Etat tchadienne. L'envoi de soldats tchadiens avait été initialement annoncé, il y a un an, lors du précédent sommet de Pau (Sud-Ouest de la France).
Mais l'opération avait été retardée par la menace terroriste grandissante sur les bords du lac Tchad, et par un "désaccord" entre N'djamena et ses partenaires sur les modalités, notamment financières, de c e déploiement.