Culture

«Trop tard» de Hajar Bali des chroniques sombres de vies ordinaires

Publié par Dknews le 06-06-2014, 17h52 | 112
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Solitaires, endeuillées ou à la dérive, figées dans les fêlures du passé ou enfermées dans un quotidien déserté par l’amour, les vies racontées dans»Trop tard», un recueil de nouvelles de Hajar Bali, sont autant d’invitations à méditer sur une condition humaine dépeinte avec tendresse et dérision.

Dans ce livre de 173 pages, paru chez Barzakh, Hajar Bali brosse, en huit textes, les portraits d’hommes, de femmes et d’enfants d’Alger dont le destin a été marqué par la mort, la séparation ou l’échec et que l’auteure raconte par des monologues intérieurs, des récits à la troisième personne ou des fragments de journal intime.

Dans «Le petit pépin de pastèque», «La mante» «Bête à bon dieu» ou encore
«La chaussette à la main», elle propose également une performance littéraire, basée sur la corrélation entre un motif (objet, animal), souvent contenu dans le titre, et le moment de la narration où les profondes motivations des protagonistes sont révélées.

Le lecteur pourra par exemple admirer la manière dont une femme au foyer raconte l’échec de son couple à partir de son observation d’un cafard qu’elle prend pour un «petit pépin de pastèque». Ce cheminement est aussi manifeste dans «Bête à bon dieu», une nouvelle sur un enfant de dix ans dont les parents se sont séparés. Espérant réunir sa famille en réussissant une carrière de footballeur, il verra ses rêves voler en éclat lorsque, durant un test crucial de recrutement, il échouera à stopper le ballon qui «arrive comme une énorme coccinelle» vers les buts.

Constituant un des thèmes majeurs du recueil, la débâcle du couple est décrite de différentes manières selon les textes mais, avec une pareille attention accordée à la disparition progressive du sentiment amoureux.

Elle est le fruit d’une incompatibilité sociale chez deux jeunes «chiens errants» dans une capitale morne et peuplée d’escrocs, ou plus tragique dans «Une chaussette à la main» présenté sous la forme d’une enquête policière sur le meurtre de l’épouse d’un mauvais poète, rongé par la jalousie.

 Cette histoire de crime passionnel est racontée sur un ton plein de dérision, voire de moquerie, une capacité à osciller- comme le notent à juste titre les éditeurs- entre «trivialité et poésie, gravité et légèreté» qui font la force du style sobre de l’auteure.

Elle a également choisi de présenter certains de ces récits avec, en toile  de fond, des suggestions sur l’histoire contemporaine algérienne, en particulier les années de violences terroriste, à l’origine des blessures de certains personnages. L’allusion à cette période tragique prendra des allures apocalyptiques dans la dernière nouvelle «Trop tard» où un couple se surprend à éprouver de la joie alors qu’ils fuient Alger sous la menace d’une «guerre imminente». 

Avec ce recueil, Hajar Bali- qui enseigne les mathématiques à l’université- signe un retour remarquable sur la scène littéraire algérienne, après avoir publié il y a cinq ans des pièces de théâtre sous le titre «Rêve et vol d’oiseau» chez le même éditeur. En posant un regard juste et sans prétention sur la société algérienne contemporaine, elle s’inscrit dans une veine littéraire qui privilégie la simplicité au lyrisme dans la manière d'aborder les drames quotidiens, à la fois étranges et familiers. 

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