Qui est le professeur Aoussat ? Je suis professeur de marketing, de mangement et communication depuis vingt ans, notamment à la Sorbonne où j’ai enseigné le marketing international.
Je suis également et parallèlement imam-prêcheur du vendredi depuis plus de trente ans ; autrement dit, depuis que j’étais déjà étudiant. Je donne des conférences et des séminaires un peu partout en France et en Belgique.
DK News : Pouvez-vous nous dire en quelques mots qui est le professeur Aoussat ?
Pr Aoussat : Je suis professeur de marketing, de mangement et communication depuis vingt ans, notamment à la Sorbonne où j’ai enseigné le marketing international. Je suis également et parallèlement imam-prêcheur du vendredi depuis plus de trente ans ; autrement dit, depuis que j’étais déjà étudiant.
Je donne des conférences et des séminaires un peu partout en France et en Belgique. Je suis né à Alger en 1961, et installé à Aix-en-Provence en 1987 pour la poursuite de mes études doctorales. Arrivé dans cette ville et devant le besoin patent de notre communauté, je me suis investi dans le travail associatif et la mission d’imam jusqu’à présent.
En deux mots, je dirais que Noureddine Aoussat est un humble serviteur de sa religion et de sa communauté, très à l’aise dans son algérianité, sa francité et son islamité.
L’actualité a retenu votre dernière sortie médiatique contre les propos du Premier ministre Manuel Valls qui avait parlé d’islamo-fascisme ; il visait qui d’après vous ?
Effectivement, il m’était impossible de laisser passer cette ignominieuse phrase prononcée par un haut responsable politique, sans réagir ; plus particulièrement dans l’après-7 janvier 2015. Que visait Manuel Valls par islamo-fascisme ?
Je doute fort qu’il ne le sache lui-même, croyez-moi. En tout cas, cet épisode est invraisemblable. Il ne s’agit pas d’un lapsus révélateur à mon sens. Il ne s’agit pas non plus d’un propos qui a dépassé la pensée de son auteur.
C’est ni plus ni moins qu’un scandaleux exemple du rapport qu’ont certains hommes politiques vis-à-vis de la communauté musulmane. Sinon comment expliquerions-nous que le journaliste de RTL lui pose une question plus ou moins neutre, et d’actualité puisqu’ elle concerne le débat qui avait lieu à ce moment-là sur la réforme de l’islam de France et lui sort cette phrase totalement hors contexte. Jugez-en vous-même !
Le journaliste lui pose la question, je cite : « Manuel Valls, diriez-vous qu’il y a un problème de l’islam de France, ou d’Islam en France ? ». La question est donc claire. Elle concerne l’Islam dans sa globalité en rapport ou relation avec la France.
Et la réponse de Valls a été complètement décalée. En effet, sans marquer le moindre temps d’arrêt, ni de réflexion, il prend une forte inspiration et lâche : «Pour combattre cet islamo-fascisme, puisque c’est comme ça qu’il faut le nommer, l’unité doit être notre force».
J’ai beau chercher à comprendre qui il visait au juste par cette phrase, je n’ai trouvé qu’une seule réponse : personne précisément ! Mon analyse et mon décryptage de cette réponse m’ont conduit à la conclusion que cette ignoble et scandaleuse phrase est le produit de deux facteurs.
L’amalgame et l’essentialisation très présents hélas chez nombre des politiques français, et aussi et surtout, que cette phrase lui a été inspirée –ou avait été préparée avant l’interview- elle lui brûlait les lèvres ; et il lui fallait coûte que coûte la placer, ce qu’il a fait très maladroitement pour lui et scandaleusement pour nous.
Comment expliquez-vous la recrudescence de propos islamophobes ?
Au-delà des évènements dramatiques, comme la tuerie de Charlie Hebdo qui ne sont que le prétexte et non la cause, il y a surtout la mollesse de la réaction des pouvoirs publics dans sa lutte contre l’islamophobie.
Figurez-vous que ce terme même est tabou dans la bouche des hommes politiques français. Il y a un déni d’appellation. Pourtant le terme islamophobie est aujourd’hui admis par les instances internationales (le Conseil des nations unies pour les droits de l’homme et le Conseil européen des droits de l’homme, ainsi que de nombreux chercheurs et acteurs politiques étrangers).
Comment voyez-vous l’intégration de la communauté musulmane dans une société laïque ?
J’aimerais d’abord souligner que la communauté musulmane a certes encore des efforts à faire pour achever son intégration complète dans la société française, mais celle-ci avance tant bien que mal.
Le problème se pose dès lors que des assignations et injonctions sont formulées à l’endroit de la communauté musulmane afin de s’intégrer alors que ce qu’on lui demande est plutôt l’assimilation ; et en quelque sorte la dissolution de ses spécificités dans une forme de laïcité qui n’est plus neutralité et secularité, mais religion civile.
En tout cas, la présence de l’islam en France ou dans les sociétés laïques d’une manière générale est une chance pour ces sociétés, tant et si bien qu’il remet le spirituel et Dieu au centre des questions de la Cité.
Que recherchez-vous exactement à travers votre travail sur le «vrai visage du prophète Mohamed (QSSL)»?
Notre livre : « Le vrai visage de Muhammad, Prophète de la miséricorde » et dont le sous-titre est « livre pour l’ouverture et le dialogue, au-delà des caricatures» a été distribué à 230.000 exemplaires, et notre objectif est d’atteindre 500.000 (un demi-million) en début 2017. Ce travail commencé en 2007 vise trois objectifs.
Le premier, à travers ce livre, je cherchais en 2006/2007 à mettre des mots sur les blessures et les souffrances réelles et profondes que nous ont causées les 12 caricatures de notre bien-aimé Prophète Muhammad (BDSL) publiées par le journal danois Jyllands Posten et reproduites en France par Charlie Hebdo.
Le second, et qui paraît dans le titre du livre, il s’agit de montrer le vrai visage du Prophète Muhammad face à la déformation de ce visage par certains musulmans s’en réclamant mais qui, manifestement trahissent le message prophétique.
Et le troisième but, c’est d’apporter un certain nombre d’informations et enseignements authentiques de l’islam pour répondre aux questions et débats soulevées par ses caricatures. Depuis presque dix ans maintenant que ce livre est mis dans les mains des non musulmans et des musulmans, les résultats en sont encourageants. Le «faire-société ensemble» y est incarné et non uniquement clamé.
CEM