Selon un nouvel ouvrage : Conséquences de la «décennie noire» sur les écrivains algériens

Publié par Dk News le 01-12-2018, 16h30 | 11

Un nouvel ouvrage «Algérie, les écrivains de la   décennie noire» tente d'apporter une autre lecture littéraire et   sociologique sur les années 1990 où l'Algérie était confrontée à la   barbarie terroriste qui n'a épargné aucune frange de la société et encore   moins les intellectuels. 

L'auteur de cet ouvrage (2018, CNRS Editions, 344 pages) Tristan   Leperlier, chercheur au Centre européen de sociologie et de science   politique (EHESS) essaie de faire comprendre, à travers son étude, la   guerre des écrivains algériens dans les années 1990 en mettant la lumière   sur leur place dans les sociétés algérienne et française.   S'adressant à des lecteurs curieux qui veulent découvrir une littérature   algérienne «proche et lointaine de langue française ou arabe». 

Tristan Leperlier, normalien et docteur en sociologie et littérature, dont   sa thèse de doctorat soutenue en 2015 avait pour thème «Une guerre des   langues ? : le champ littéraire algérien pendant la +décennie noire+   (1988-2003) : crise politique et consécrations transnationales», estime que   face à une telle tragédie, le poète et journaliste, se référant à Tahar   Djaout, «réveille le sens héroïque de la littérature». 

En analysant cette période douloureuse vécue par les Algériens, l'auteur   ambitionne de comprendre «ce que le politique fait à la littérature et ce   que fait la littérature au politique», tout en soulignant que l'écrivain   algérien est «l'objet de luttes permanentes» entre les acteurs du champ   littéraire qui est multilingue et transnational. 

Son étude, très riche en références bibliographiques, s'appuie sur des   méthodes littéraires et sociologiques formant ainsi un corpus littéraire   élargi qui a été constitué à partir de la littérature critique et des   entretiens avec plus de 70 écrivains. 

L'auteur montre que les engagements littéraires et politiques des   écrivains algériens pendant la «décennie noire» sont liés à leurs positions   dans leur champ littéraire qui a une «triple caractéristique» : bilingue,   transnational et politisé. 

A cet effet, les premiers chapitres de l'étude, qui s'ébranle des   événements du 5 octobre 1988, rendent compte des prises de position   politique des écrivains et montrent que les violences de cette période   illustrent une «véritable crise» pour le champ littéraire. 

C'est ainsi que cette analyse poussée, ayant une base documentaire   solide, tente de «montrer la nécessité, pour comprendre les prises de   position des écrivains algériens dans la +décennie noire+, de les restituer   dans leur champ d'exercice, un champ littéraire surpolitisé, bilingue et   transnational». 

Pour le sociologue, qui fait également un travail de critique littéraire,   la tragédie nationale n'a pas «révolutionné» le champ littéraire, «mais en   a modifié les contours». 

Pour mettre en valeur la diversité du champ littéraire algérien,   Tristan Leperlier revient sur les romans des écrivains qui ont marqué   l'Algérie d'avant et d'après l'indépendance comme Mohammed Dib, Assia   Djebar, Maïssa Bey, Rachid Boudjedra, Rachid Mimouni et Yasmina Khadra pour   ne citer que ceux-là.