Interdiction de "tenues musulmanes" sur les plages en France : Des politiques se voilent la face

Publié par Cherbal E-M le 15-08-2016, 15h37 | 116

Deux villes sud de la France viennent de remettre sur le tapis la question des traditions vestimentaires dans les espaces publics et du coup ravivent le faux débat sur la relation des musulmans de France avec le djihadisme et le terrorisme.

Objet de la controverse, la fameuse tenue de plage conçue selon les prescriptions musulmanes, plus communément appelée « burquini ou bourkini ou encore burkini », précise le site de l’encyclopédie en ligne Wikipédia   qui explique qu’il s’agit d’un « vêtement de bain destiné aux femmes musulmanes qui veulent profiter de la plage et de la baignade en conformité avec leur interprétation des préceptes de l'islam. »

Le maire de la ville de Cannes a ainsi pris un arrêté daté du 28 juillet dernier par lequel il interdit le port de cette tenue sur les plages de sa commune, au moto, indique-t-il, qu’une «tenue de plage manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse, alors que la France et les lieux de culte religieux sont actuellement la cible d'attaques terroristes, est de nature à créer des risques de troubles à l'ordre public (attroupements, échauffourées, etc.) qu'il est nécessaire de prévenir».

Rien que ça ! De simples citoyennes, empêchées ainsi d’accéder aux plages, ainsi que des associations, notamment le   Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et la ligue des droits de l’Homme demandent à la justice française d’annuler l’arrêté.

Rien n’y fait ; après avoir  examiné leur requête, la justice refuse de retirer l’arrêté du maire de Cannes. Saisi en référé, le tribunal administratif de Nice réfute le caractère d’urgence de la requête, venue plus de dix jours après la promulgation de l’arrêté.

Sur le fond, il s’aligne sur les arguments du maire de Cannes en considérant que  «dans le contexte d'état d'urgence et des récents attentats (...) l'affichage de signes religieux ostentatoires (...) en l'espèce sous la forme de tenues de plage affichant leur religion, sont de nature à créer ou exacerber des tensions parmi les nombreux usagers du domaine maritime, de toutes confessions, qui fréquentent les plages de Cannes au mois d'août, et un risque de troubles à l'ordre public (...)», rapporte la presse française.

Le parti socialiste local s’est quant à lui désolidarisé des agissements du chef de l’exécutif communal, dans une déclaration publique dans laquelle il soutient : «Le fondamentalisme doit être combattu avec des arguments juridiques impeccables, sous peine de lui offrir des victoires devant les tribunaux …le principe de laïcité, hormis le voile intégral, n'interdit pas les signes distinctifs religieux dans l'espace public tel que les plages».»

Quelques jours après c’est autour du maire Les Républicains de Villeneuve-Loubet, une autre commune des Alpes Maritimes de promulguer un arrêté stipulant que « l’accès à la baignade est interdit, du 1er juillet au 31 août, à toute personne ne disposant pas d’une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et du principe de laïcité, et respectant les règles d’hygiène et de sécurité adaptées au domaine public maritime.»

Face à tout cela, et devant ce ‘’rigorisme moralisateur’’, des observateurs d’autres pays relèvent avec humour, voire même ironie, ces attitudes de politiques français engagés dans des combats qu’ils estiment d’arrière garde.

« Le débat sur le burkini en France consterne (et amuse) la presse anglo-saxonne », titre le site www.huffingtonpost.fr, dans un papier mis en ligne le 14 août dernier, dans lequel on peut lire :  « Vue de l'étranger, l'interdiction du port du burkini sur des plages françaises (à Cannes et Villeneuve-Loubet plus précisément) suscite ironie et consternation. »

Après avoir repris quelques passages ‘’moqueurs’’ de chroniqueurs de grands  titres  britanniques et américains, le site met en avant les propos de  ‘’Hilary Hanson, journaliste au Huffington Post américain’’, qui trouve que  « cette mesure est tout simplement "stupide et sexiste" », ajoute huffingtonpost.fr