L’Algérie ferroviaire, c’est 4000km de réalisations, un programme en cours de 2300km, qui viennent compléter le réseau existant en 1999 de 17oo km.
M. Fridi est un ancien cheminot, c’est dire s’il connaît le pays sous toutes ses coutures en acier, du rail. Il semble encore plus enthousiaste, en tant que DG d’Anesrif (Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires : « Anesrif est le maître d’ouvrage délégué au profit du ministère des Transports » rappelle-t-il avec fierté.
Il y a de quoi, car ce responsable et ses 700 ingénieurs, dont 300 cadres féminins, créent de l’emploi : « 18000 emplois directs sur les 44 chantiers en cours de réalisation, sans compter les emplois indirects et ceux des entreprises qui investissent dans les autres secteurs au plus près des lignes de chemin de fer. »
Rappelons-nous
Au sortir de la décennie qui a détruit le pays, ses infrastructures, ses usines, les meilleurs de ses enfants ; décennie au cours de laquelle les chemins de fer ont payé un lourd tribut, le réseau ferroviaire était réduit aux lignes Alger-Oran, Alger-Annaba par Constantine, le tout avec quelques kilomètres vers Tlemcen ou Guelma et Tébessa , à cause du minerai de fer de Djebel Onk.
Il fallait tout refaire ; c’est donc le fait de participer à cette œuvre de développement aussi remarquable que l’autoroute Est-Ouest, qui rend cette entreprise exemplaire pour les progrès dans les domaines des transports, du déplacement des personnes, des marchandises, le désenclavement de régions entières et un facteur d’impulsion aux investisseurs.
Entreprise d’Etat
L’Etat algérien a une stratégie ! La conférence de M. Fridi suffirait à en convaincre les plus sceptiques : « Le programme national de réalisation ferroviaire est lié au programme économique, à la création des parcs industriels suivis et réalisés par l’Aniref, les exécutions des plans des autres ministères et intervenants dans le processus de développement » qui est intégré. Il est donc absolument impératif que les rythmes soient quasi comparables.
L’Etat a investi 30milliards de dollars dans ce programme et « il n’y a aucun risque que les enveloppes financières soient revues, car tous les projets sont adossés à des concours définitifs, et même si la conjoncture économique est celle que nous connaissons, que l’érosion du dinar peut avoir une influence, nous nous efforcerons de faire des économies sans que le programme global en souffre» répond le DG à une question.
Anesrif est un acteur public dont les cadres ont un cahier des charges qu’ils se font un point d’honneur de respecter. Ce qui redonne du lustre au secteur d’Etat tant décrié. Si timide à défendre ses atouts ? Peut-être.
Axes
La rocade ferroviaire Nord et ses dessertes : d’Annaba à Tlemcen. Dessertes vers Aïn Témouchent et Mostaganem, Zeralda, Bejaïa, Jijel par Skikda, Et Tarf.
La rocade ferroviaire des Hauts –Plateaux, la plus innovante car elle va de Sidi Bel-Abbès à Tébessa par Saïda, Tiaret, Boughezoul, Djelfa, M’sila, Batna, Khenchela, Oum El Bouaghi : Elle remet en mémoire le Programme de développement des Hauts-Plateaux dont les médias ne parlent plus beaucoup. Esprit de suite également dans la réalisation de la Pénétrante Ouest : Oran-Béchar par SBA, Naâma, sans doute Aïn Sefra ; une extension est à l’étude vers Tindouf et les gisements de fer de Gara Djebilet.
La ligne minière d’Annaba à Souk Ahras, Tébessa, les pénétrantes Nord-Sud et Centre ont un tracé et Djebel Onk confirme la démarche d’Etat d’exploiter les richesses du sous-sol pour le développement. On peut dire de la première qu’elle est celle des Oasis et du pôle pétrolier de la ville nouvelle de Hassi Messaoud. La vitesse sera de 230km/h.
Celle du Centre ira de Blida à Laghouat en passant par Chiffa, Médéa, Ksar El Bokhari, Djelfa et atteindra Laghouat. Ces chaînons sont autant d’ouvrages de très bonne technologie, avec des ouvrages d’art tels que viaducs, tunnels, voies aériennes, etc.
L’autre miracle est qu’il existe une main-d’œuvre pour les réaliser. Ce n’est pas le moindre des mérites d’Annesrif que de révéler ses richesse professionnelles. Il y a dans les réalisations humaines les plus prosaïques quelque chose qui touche à la beauté : les boucles Sud -Est et Sud-Ouest en sont la preuve.
La première part d’El Oued, descend à Ghardaïa, remonte vers Ouargla rejoint Touggourt par la ville nouvelle de Hassi Messaoud. Les heureux sont les maraîchers d’El Oued, les manufacturiers de Ghardaïa, les producteurs de dattes d’Ouargla et Touggourt, les travailleurs et les commerçants de Hassi Messaoud.
Cette boucle est un circuit touristique à elle seule. La boucle Sud Ouest a la forme d’un « Y » ou d’un hamza : Elle partirait de Béchar à Tamanrasset avec des arrêts à Abadla, Béni Abbès, Adrar, Timimoun, In Salah, Tamanrasset, terminant au nord à Ghardaïa.
Cette dernière boucle de 1500km est un concentré de l’idée de développement national équilibré, de désenclavement, de brassage des populations, de renforcement de l’unité nationale par le travail.
M. Fridi Azzedine a réussi à captiver un auditoire habituellement sceptique. Son discours est un plaidoyer qui invite à l’investissement.
O. Larbi
à retenir...
Aucun projet n’est concerné par les restrictions budgétaires
L’ensemble des projets enregistrés dans le cadre du programme ferroviaire national seront réalisés dans les temps et aucun de ces projets n’est concerné par les mesures de restrictions adoptés par le gouvernement suite à la chute des revenus du pétrole, a assuré hier M. Fridi. A cet effet, le ministre des Transports a donné dernièrement des garanties aux entreprises étrangères et étatiques chargées de la réalisation de ces projets.
18 000 emplois directs créés par l’ANESRIF
Les chantiers lancés par l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires ont permis à l’heure actuelle, la création de plus de 18 000 emplois directs, sans compter le nombre d’emplois indirects aux quatre coins du pays, a indiqué le directeur général de l’ANESRIF.
Le raccordement des zones d’activités au réseau ferré national, à l’image de la cimenterie de Biskra, du complexe sidérurgique de Bellara, permettra dans un avenir proche d’accroitre l’activité économique et de créer d’avantage d’emplois, a-t-il souligné.
Installation d’un nouveau système de signalisation performant
En parallèle avec le projet de modernisation du réseau ferroviaire qui s’appuie notamment sur l’électrification et le dédoublement des voies, un nouveau système de communication et de signalisation sécurisé est en train d’être installé.
Il permettra entre autres, de réduire le risque d’accidents, maîtriser la distance de sécurité et augmenter le nombre de trains circulant sur la même ligne ce qui permettra d’accroître l’offre de service aux citoyens et d’améliorer la qualité du service public. Par ailleurs, par mesure de sécurité, il a été décidé de supprimer, dans les nouveaux projets, les passages à niveau non gardés qui ont fait dernièrement l’objet d’une polémique suite à l’augmentation du nombre d’accidents. Il est a rappeler que seule la responsabilité des conducteurs de véhicules est engagée dans la survenue de ces accidents.
Le réseau ferré centre renforcé
La ligne Zéralda-Birtouta sera bientôt réceptionnée
La ligne ferroviaire reliant les villes de Birtouta et Zéralda qui est actuellement en cours de réalisation, sera réceptionnée d’ici la fin du premier semestre 2016, a indiqué M. Fridi. Idem pour la ligne devant relier la ville de Thenia (Boumerdès) A Oued Aïssi (Tizi-Ouzou).
Par ailleurs le prolongement de cette ligne entre Oued Aïssi et la ville d’Azzazga est en cours d’étude. Même chose pour celles devant relier Zéralda à Gouraya ainsi que El Affroun au nouveau port Centre de Tipasa. Cette dernière permettra d’accroître les capacités de transports et de fret au niveau de la région Centre.
R. R