Guinée : Camara reconnaît «sa responsabilité morale» dans le massacre d'opposants dans un stade de Conakry en 2009

Publié par dknews le 14-07-2015, 18h27 | 30

L'ex-chef de la junte guinéenne, Moussa Dadis Camara, a reconnu, lors d'un interrogatoire, «sa responsabilité morale» dans le massacre d'opposants dans un stade de Conakry en septembre 2009, se disant prêt à «se rendre en Guinée pour répondre de tous les faits», ont rapporté mardi des médias, citant son avocat.

L'ex-chef de la junte, qui avait annoncé en mai son intention de se présenter à l'élection présidentielle d'octobre, a été inculpé mercredi à Ouagadougou, capitale du Burkina-Faso où il est en exil depuis 2010, par des magistrats guinéens enquêtant sur le massacre d'au moins 157 personnes le 28 septembre 2009 à Conakry.

«Moussa Dadis Camara a été entendu lundi (...) Pendant plus de 9 heures d’interrogatoire, il a dit 'sa part de vérité' sur les trois chefs d’inculpation retenus contre lui: Complicité d’assassinat, meurtre et pillage», a indiqué Me Jean-Baptiste Jocamey Haba.

Il explique: «Tout en rejetant les trois chefs d’inculpation retenus contre lui, M.Camara reconnaît sa responsabilité morale dans le massacre d'opposants» et «se dit prêt à se rendre en Guinée pour répondre de tous les faits dont il est accusé si la justice lui en fait la demande».
Chef d'Etat à l'époque des faits, M. Camara «est également poursuivi pour non-assistance à personne en danger.

Il est enfin poursuivi pour la responsabilité de commandement en tant que chef militaire ou supérieur hiérarchique conformément à l’article 22 du statut de Rome.
C’est sur la base donc de ces trois chefs d’inculpation qu’il a été entendu aujourd’hui», a précisé Me Haba.

Pour ce dernier, «seule sa responsabilité morale peut être engagée, car il était le président de la République et commandant en chef des forces armées à l’époque des faits».Les violences du 28 septembre 2009 avaient été commises dans un stade de Conakry où étaient rassemblés des milliers d'opposants à la candidature à la présidentielle du capitaine Camara.

Au moins 157 personnes avaient été tuées et plusieurs dizaines sont portées disparues depuis, selon un rapport de la Commission internationale d'enquête de l'ONU.De même source, au moins 109 femmes avaient aussi été violées dans le stade et ses environs.

Samedi, Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda a affirmé samedi que des «progrès importants et encourageants» ont été effectués dans l'enquête sur le massacre de 2009 à Conakry.