L'analyse des tweets et des vidéos postés par Daech mettent en lumière la «stratégie militaire»

Publié par dknews le 21-06-2015, 18h16 | 50

L'analyse des tweets et des vidéos postés par les éléments du groupe autoproclamé «Etat islamique» (EI/Daech) met en lumière la «stratégie militaire» de l'organisation terroriste, «qui pousse ses pions vers les fiefs gouvernementaux irakien et syrien», révèlent les travaux d'un groupe international de consultants en sécurité.

Des chercheurs du groupe IHS Conflict Monitor, basé à Londres, ont compilé et géolocalisé les comptes Twitter et Youtube de membres «connus» de Daech entre mars et mai, mais aussi ceux de militants de l'opposition et de sources gouvernementales. Au total, 4.000 entrées par mois de mars à mai ont été analysées pour dresser un tableau géographique des exactions du groupe, des assassinats aux attaques à la bombe.

En conclusion, les terroristes poussent leurs forces vers Baghdad et Damas, selon les résultats de cette analyse. En Syrie, Daech «se focalise désormais sur le gouvernement syrien affaibli, quitte à perdre des territoires au profit des Kurdes dans le nord», explique Firas Abi-Ali, chef du département Moyen-Orient d'IHS. «Nous constatons que la portée opérationnelle du groupe s'étend bien au-delà du territoire qu'il contrôle.

Il s'agit d'un projet en continuelle expansion», ajoute-t-il. Ainsi, l'analyse des données a montré que sur la ligne de front nord, les éléments de l'EI cherchent essentiellement à maintenir les forces kurdes à distance, plutôt que de les attaquer et de se rendre vulnérables aux frappes de la coalition internationale.

«Ni les Kurdes ni l'Etat islamique ne semblent intéressés par un changement de la ligne de front», selon Richard Jackson, chef adjoint du département violence  politique à l'IHS. A l'exception notable toutefois de la bataille de Tall Abyad, une ville syrienne stratégique à la frontière turque tenus par les extrémistes, contre laquelle les forces kurdes ont lancé une offensive, appuyés par les frappes aériennes de la coalition anti-EI. Tall Abyad a été prise par les Kurdes le 16 juin, le plus sévère revers de l'EI en Syrie, où les terroristes contrôlent près de la moitié du territoire.

La ville était en effet l'un des deux principaux points de passage informels avec la Turquie à travers lesquels le groupe terroriste faisait transiter armes et combattants. Mais pour M. Jackson, l'EI/Daech va continuer à chercher à se diriger vers les bastions gouvernementaux syriens et irakiens.

«Ils ne sont pas assez forts pour prendre Damas (...) mais ils vont tenter de pousser vers la route Damas-Homs pour couper le gouvernement syrien de son fief de Lattaquié», sur la Méditerranée, ajoute M. Jackson.

Les chercheurs de IHS ont débuté leur projet en janvier 2014, s'exerçant d'abord à déterminer les sources les plus fiables parmi la myriade de tweets et vidéos concernant les conflits syrien et irakien.  En Irak, où les forces de sécurité ont été mises plus d'une fois en déroute et où le gouvernement du Premier ministre Haidar al-Abadi reste faible, le groupe continue à avoir Baghdad comme objectif.

Quelque 70 attaques avec des engins explosifs artisanaux et trois attentats suicides à la bombe ont été enregistrés dans la capitale irakienne entre février et avril, selon le rapport de l'IHS.

«Le but est de saper la volonté de combattre de l'ennemi», explique M. Abi-Ali, disant que «de nombreux commandants de Daech sont d'anciens baâthistes membres des services de renseignements de Saddam Hussein, rompus aux techniques d'infiltration des villes, villages ou tribus». «Ils ont des cellules dormantes très structurées.

Les barbes tombent, ils parlent contre l'Etat islamique pour voir qui réagit et comment, ils divisent pour conquérir», selon M. Jackson.