Crise en Libye : l'ONU reprendra son aide alimentaire, l'urgence d'une solution politique

Publié par par ramdane tamani le 22-05-2015, 17h35 | 44

La situation fragile et vulnérable des personnes déplacées en Libye, due aux violences et aux combats meurtriers sur le terrain, suscitait vendredi la réaction de l'ONU, qui a opté pour la reprise de l'aide alimentaire, en faveur des populations, après deux mois d'interruption forcée, alors que les efforts pour une solution politique à la crise s'intensifient.

«La violence et l'insécurité en Libye se poursuivent sans relâche et ont conduit à des déplacements massifs de populations et une augmentation des besoins humanitaires», a déclaré le Coordinateur d'urgence du Programme alimentaire mondial de l'Onu (PAM) pour la Libye, Wagdi Othman, annonçant la reprise des livraisons alimentaires, à la faveur de convois, qui commencent à franchir la frontière tunisienne vers la Libye.

Depuis le début de l'année, le PAM a apporté une assistance alimentaire à 75.000 personnes en Libye, mais les distributions avaient été suspendues en mars et en avril en raison du manque de financement. Avec l'aide de son partenaire dans le pays, l'organisation caritative Shaikh Tahir Azzawi Charity Organisation (Staco), le PAM est en mesure de distribuer des pâtes, du couscous, du riz, et d'autres denrées dans plusieurs villes de l'ouest du pays, y compris à Wadi ash-Shati, Misrata, Sebha et Traghen.

Le programme onusien prévoit de soutenir au total 243.000 personnes déplacées à l'intérieur de la Libye en les dotant d'aide alimentaire vitale au cours des six prochains mois, a ajouté le Coordinateur.
L'agence alimentaire est, par ailleurs, sur le point d'établir un partenariat avec une seconde organisation caritative libyenne, a souligné M. Othman, afin d'acheminer les denrées alimentaires aux familles déplacées dans l'est de la Libye, notamment à Benghazi, la deuxième ville du pays, durement touchée par le conflit.

Les opérations de distribution de vivres dans l'est du pays devraient reprendre dans les prochains jours, selon le PAM, qui espère lever 14 millions de dollars supplémentaires pour éviter une nouvelle interruption de ses activités humanitaire, au moment où seulement 33% de ses besoins pour la Libye ont été financés à ce jour.

Violences meurtrières au quotidien

La situation sécuritaire en Libye, fragilisée de plus en plus par des combats violents et des affrontements meurtriers, causant la mort des centaines de personnes, ne cesse de se dégrader. Jeudi, au moins onze personnes ont été tuées dans de nouvelles violences, selon les autorités, alors que dix autres soldats avaient péri la veille dans des accrochages à Benghazi (1.000 km à l'est de Tripoli) et 36 autres sont comptés par les blessés, selon les autorités. Par ailleurs, dix-sept personnes ont trouvé la mort et 16 autres blessées dans des affrontements entre les tribus Toubou et Touareg, a faits avoir un responsable du Conseil municipal de la ville d'Ubari (sud).

D'autre part, l'organisation autoproclamée Etat islamique (Daech/EI) avait pris pied l'an dernier dans le pays, contrôlant notamment des zones dans la région de Syrte (450 km à l'est de Tripoli) après avoir mis à profit «une situation de plus en plus chaotique à travers le pays», estiment des observateurs.
Depuis la chute de l'ancien dirigeant libyen Mouammar El-Gueddafi en 2011, le pays est en proie aux violences quasi-quotidiennes et plongée dans une crise politique.

Le pays est aujourd'hui doté de deux Parlements et gouvernements rivaux. L'un, à Tripoli, est sous la coupe de milices, et l'autre, installé dans l'est du pays, est reconnu par la communauté internationale.
Les combats opposant les deux camps ont fait depuis octobre dernier plus de 3.000 morts selon les chiffres de Libya Body Count, un organisme indépendant qui se fonde sur différentes sources, notamment médicales.

Efforts pour un réglement de la crise: L'Algérie en première ligne

La communauté internationale tente depuis des mois de trouver un compromis pour mettre fin au conflit et parvenir à former un gouvernement d'union nationale qui serait la principale institution du pays.En première ligne, l'Algérie a réaffirmé à maintes reprises son engagement, par la voix de sa diplomatie active sur le plan régional et international, en proposant une approche qui converge vers une solution politique dans ce pays. Une approche soutenue par plusieurs partenaires.

Le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de Ligue Arabe, Abdelkader Messahel, a indiqué que la stabilité de la Libye est importante, non seulement pour les pays du voisinage qui sont directement concernés comme l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte, le Tchad et le Niger, mais aussi pour la sécurité et la stabilité de toute la région et l'espace méditerranéen.

L'approche algérienne et américaine, ainsi que celle de l'Onu, converge vers une solution politique dans ce pays, a souligné le ministre. «Il va falloir aller vite vers un gouvernement d'union nationale, qui peut être le facteur déclencheur du retour à la stabilité dans ce pays voisin», a indiqué M. Messahel.
Dans le même sens, le vice-ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Lapo Pistelli avait rassuré de l'«engagement» de son pays et l'Algérie pour trouver une solution à la crise.

Le souhait est de parvenir au «plus vite possible» à la constitution d'un gouvernement d'union nationale en Libye. . Une réunion des pays voisins de la Libye est prévue à N'djamena, le 5 juin prochain, et sera suivie de la réunion tripartite (Algérie-Egypte-Italie) le 7 juin au Caire.