Migrations : L’ONU dénonce la montée des discours anti-migrants en cette année électorale

Publié par DK NEWS le 23-03-2024, 14h56 | 8

La montée des discours anti-migrants en cette  super année électorale pour  rès de la moitié de la population mondiale,  fissure nos sociétés, alerte Amy Pope, qui dirige l’agence de l’ONU pour  les migrations.   

L’Américaine - devenue l’an dernier la première femme à diriger  l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) - a déploré la  multiplication des propos anti-migrants qui animent «les campagnes  électorales à travers le monde».

Certains politiques les accusent de tous les maux, «qu’il s’agisse des  taux de criminalité ou de l’inflation, du chômage ou de l’insécurité»,  a-t-elle dénoncé.

Selon elle, les migrants sont des cibles «faciles» car ils «ne votent  pas». Aux Etats-Unis, où l’immigration est un sujet brûlant de la campagne  électorale, Donald Trump a mis en garde contre une «invasion» à la  frontière sud et a suggéré que certains migrants qui entrent dans le pays  ne sont «pas des personnes».

De tels commentaires peuvent avoir de graves conséquences, a prévenu Mme  Pope, une avocate de 50 ans qui a travaillé tant pour les administrations  démocrate que républicaine.

«Lorsqu’une population est déshumanisée, il y a une augmentation des cas  signalés de violence et de discrimination», a-t-elle déclaré, ajoutant  qu’»en fin de compte, cela est mauvais pour la société».

Elle souligne également que les propos alarmistes correspondent rarement à  ce qui se passe sur le terrain : «Les discours et la réalité n’ont rien à  voir».

Certains pays où les attaques verbales contre les migrants prospèrent ont  pourtant besoin d’eux pour faire tourner l’économie, a-t-elle déclaré,  citant à titre d’exemple les «pénuries de main-d’oeuvre en Europe».

La directrice générale de l’OIM a également relevé que le magazine The  Economist avait récemment montré que l’immigration a participé à la reprise  de l’économie américaine après la pandémie de Covid-19.

«Les pays ont besoin de migrants... et ce besoin va augmenter de manière  assez significative dans les années à venir», a insisté Mme Pope, appelant  à plus de voies sûres et légales de migration et de multiplier les  commentaires positifs sur le sujet.

Au moins 8.565 personnes sont mortes sur les routes migratoires dans le  monde en 2023, ce qui en fait l’année la plus meurtrière depuis le début  des relevés il y a dix ans, selon l’OIM.

Il ne s’agit que des cas pour lesquels des données sont connues. Le  chiffre réel «est certainement beaucoup, beaucoup, beaucoup plus élevé», a  indiqué Mme Pope, ajoutant que la tendance à la hausse allait probablement  se poursuivre alors que la multiplication des conflits et les effets du  changement climatique accentuent les migrations.

Créer des voies sûres et légales de migration est le meilleur moyen  d’éviter que les gens ne se lancent dans de dangereux périples, a estimé  Mme Pope.

«Les besoins sont urgents», a-t-elle déclaré. «Personne ne veut voir un grand nombre de migrants irréguliers franchir  les frontières, traverser la Méditerranée ou traverser la Manche», a-t-elle  affirmé, reconnaissant que cela peut «créer des pressions sur les  sociétés».