Histoire

Fête de la Victoire: le peuple plus que jamais attaché à sa mémoire collective

Publié par DK NEWS le 17-03-2022, 20h40 | 9
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La fête de la Victoire, célébrée le 19 mars de chaque année, coïncide avec le cessez-le-feu consécutif à la signature en 1962 des Accords d'Evian, qui ont acté l'indépendance de l'Algérie après 132 ans de colonisation de peuplement, une célébration marquée par l'attachement indéfectible du peuple algérien à son Histoire, aux valeurs de de sa Guerre de Libération et à la reconnaissance pleine et sans ambiguïté par la France de ses crimes coloniaux.

Ces Accords, négociés par les délégations du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et du gouvernement français, ont abouti à l'indépendance totale de l'Algérie, la sauvegarde de son intégrité territoriale et l'unité de son peuple, conformément aux principes de la Proclamation du 1er Novembre 1954.

Après de premiers contacts, entamés en 1956, débutent, le 16 juin 1961, les premières négociations officielles à Evian-les-Bains, une station thermale du centre de la France. La délégation algérienne est conduite par Krim Belkacem, alors que le gouvernement français est représenté par le ministre Luis Joxe. Cinq points sont à l'ordre du jour de ces négociations: cessez-le-feu, organisation d'un référendum d'autodétermination, statut de la minorité européenne en Algérie, le Sahara, les essais nucléaires français et la base militaire de Mers el Kébir (Oran).

La question fondamentale du Sahara, que la France veut séparer du reste du territoire algérien, oblige les représentant du GPRA à suspendre les négociations, qui reprennent en septembre de la même année, après l'échec des manœuvres françaises autour de cette partie intégrante du territoire national. L'accord de cessez-le-feu, intervenu à la suite de la signature officielle des accords d'Evian le 18 mars 1962, stipule la fin des opérations militaires et toute action armée dès le lendemain (le 19 mars à 12h00) sur l'ensemble du territoire algérien et la tenue d'un référendum d'autodétermination le 1er juillet, lors duquel les Algériens votent massivement en faveur de l'indépendance.

L'Algérie ne renoncera jamais à sa mémoire

La célébration de la journée de la Victoire intervient alors que la question de la mémoire s'affirme comme un point central des relations algéro-françaises. Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, l'a érigé en priorité dans son programme d'action, affirmant que l'Algérie n'y renoncera jamais.

C'est dans le cadre de la préservation de la mémoire, élément fondamental de l'identité nationale, que le président Tebboune avait décidé, l'année passée, de décréter l'observation d'une minute de silence, le 17 octobre de chaque année à travers tout le territoire national, à la mémoire des victimes algériennes des massacres perpétrés le 17 octobre 1961 à Paris par la police française. Ces massacres, qualifiés par de nombreux historiens algériens et français de crime d'Etat, ont fait des centaines de victimes (exécutés sommairement par balles, jetés vivants dans la Seine ou battus à mort, selon les témoignages de survivants et d'anciens policiers français).

Le président Tebboune avait décidé, une année auparavant (2020), d'instituer une Journée nationale de la mémoire, à l'occasion du 75e anniversaire des massacres commis en Algérie par le colonialisme français le 8 mai 1945, afin de préserver cette mémoire de toute altération et de la transmettre aux générations futures. Le 8 mai 1945, des dizaines de milliers d'Algériens étaient sortis dans les rues de Sétif, Guelma, Kherrata et dans d'autres villes pour revendiquer pacifiquement l'indépendance de l'Algérie, ainsi que l'avait promis la France s'ils la soutenaient dans son combat contre le nazisme. La réponse du gouvernement français d'alors fut sanglante, d'une brutalité inouïe: quelque 45.000 Algériens furent massacrés par les forces coloniales et leurs milices.

Outre l'institution de cette Journée nationale de la mémoire, une chaîne de télévision nationale spécialisée dans l'histoire de la Révolution et de la lutte contre le colonialisme a commencé à diffuser ses programme en 2020.

Le dossier de la mémoire comporte, notamment, la reconnaissance par la France des crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis pendant la colonisation, outre les questions des essais nucléaires dans le Sud algérien, la restitution de la totalité des archives algériennes transférées en France et les disparus durant la Guerre de Libération.

Sur le premier point, la position de l'Algérie est que la France doit "assumer ses responsabilités historiques" à travers la décontamination des sites des essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien et l'indemnisation des personnes souffrant de pathologies conséquentes à ces essais.

A propos de la restitution des archives, l'Algérie réclame la "totalité" de ses archives transférées en France, car faisant partie de son Histoire.

En juillet 2020, l'Algérie a récupéré les restes mortuaires de 24 résistants algériens restés 170 ans conservés au Musée d'histoire naturelle de Paris.

Le président Tebboune a souligné la détermination de l'Etat algérien à "poursuivre l'opération jusqu'au rapatriement de l'ensemble des restes des résistants algériens se trouvant à l'étranger".

L'accès aux archives doit se faire "sans restrictions"

Le président français, Emmanuel Macron, a décidé en mars 2021 de faciliter l'accès aux archives classifiées de plus de 50 ans, y compris celles relatives à la Guerre de Libération nationale (1954-1962). Le directeur général des Archives nationales, en charge du dossier de la mémoire, Abdelmadjid Chikhi, a estimé positive cette décision, en ce qu'elle permettra un accès "un peu plus ouvert" aux archives, considérant, toutefois, nécessaire d'attendre les dispositions qui seront prises par l'Etat français sur le plan législatif et réglementaire.

La décision du président Macron faisait suite à une pétition d'universitaires français réclamant l'ouverture des archives et surtout la levée des restrictions concernant les documents classés secret défense".

Dans l'objectif déclaré de "réconcilier les mémoires" entre Français et Algériens, selon ses propos, le président Macron a, entre autres "gestes", reconnu l'assassinat par l'armée française du militant de la cause algérienne Maurice Audin et de l'avocat Ali Boumendjel, rendu hommage à l'écrivain Mouloud Feraoun, assassiné, avec cinq autres enseignants, par l'OAS (organisation de l'armée secrète, qui voulait torpiller l'indépendance de l'Algérie) et affirmé que les crimes commis le 17 octobre 1961 à Paris sont "inexcusables pour la République" française.

Cependant, la France officielle exclut toute "repentance" pour la colonisation de l'Algérie --et son cortège de crimes de guerre et contre l'humanité--, qui fut un véritable désastre pour les Algériens, réduits au statut d'"indigènes" dans leur propre pays et expropriés de leurs terres.

Et c'est là où réside le fond du problème, pointent beaucoup d'historiens: loin d'être une oeuvre civilisatrice, la colonisation, en Algérie comme ailleurs, a été une entreprise destructrice et déshumanisante, reposant sur un substrat idéologique fait de racisme, de ségrégation et de négation de l'autre.

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