Histoire

Offensive du 20 août 1955 à Skikda Rejoindre les rangs de l'ALN, unique choix pour recouvrer l’indépendance

Publié par DK NEWS le 19-08-2020, 17h49 | 53
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L’offensive du 20 août 1955 dans la wilaya de Skikda a constitué un message direct au colonialisme français pour lui signifier que "le peuple algérien rejette toute autre alternative à l’indépendance en rejoignant massivement les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN)", assurent des moudjahidine de la région. 
"L’organisation minutieuse de cette offensive de grande envergure contre des points névralgiques de l’occupation a amené la France à prendre conscience qu’elle faisait face à une véritable guerre et, pis encore, que le peuple algérien enlace cette révolution," indique, dans une déclaration à l'APS à la veille de la célébration du 65e anniversaire de l’offensive du Nord constantinois, le moudjahid Ahmed Hafsi, âgé de 86 ans. 
"Dans les jours qui suivirent cette vaste opération de l’ALN, l’armée coloniale française a lancé des représailles sauvages contre les citoyens et a œuvré à saisir tous les fusils de chasse possédés par les citoyens", ajoute ce moudjahid dont le souvenir des atrocités de la soldatesque française deme ure encore vivace dans son esprit. 
Des massacres collectifs n’ayant épargné ni femmes, ni vieillards, encore moins des enfants, ont été perpétrés par l’armée coloniale française sur plusieurs sites de la région, relate non sans émotion le moudjahid Hafsi. 
"Les objectifs de l’offensive étaient d’amener la Révolution au cœur des zones colonisées du Nord constantinois, de cibler des bases de l’occupation, de briser l’embargo imposé à la région des Aurès et de détruire le mythe de l’armée française invincible et les mensonges médiatisés qui s'acharnaient contre la Révolution la réduisant à des actes isolés de hors la loi et de brigands," soutient ce moudjahid. Agé alors de seulement 21 ans, Ahmed Hafsi garde, plus de six décennies après, une mémoire intacte et tient à transmettre aux jeunes générations l’histoire du combat et des sacrifices consentis par leurs aînés pour le recouvrement de l’indépendance et du droit de vivre libre et fier sur leur terre. 
"Le 19 août 1955, les moudjahidine sont descendus des maquis vers les villages pour recruter des citoyens et collecter des armes et munitions, puis constituer des groupes ayant chacun une mission dont la fermeture des routes et la préparation d’embuscades." "Chaque deux djounoud étaient assistés et appuyés de 15 civils et les groupes ainsi cons titués ont quadrillé la ville de Skikda de tous les côtés des quartiers Bouabez, La Carrière romaine, Bab El Aouras et Sebaa Abar aux cités Zefzef, El Kobia et Bab Ksantina", se remémore-t-il. 
"C’est dans la localité Ezzemane que le chahid Zighoud Youcef a présidé la réunion de coordination de l’offensive", indique Hafsi dont la mission qui lui a été confiée à lui et au chahid Rachid Saker qui avait alors 18 ans et à leur groupe était de faire exploser l’édifice des renseignements généraux le long du boulevard Front de mer près d’El Ksar Lekhdar. 
Arrivé à Skikda depuis Bab Laouras vers midi avec son groupe, Ahmed Hafsi se rendit compte que des tirs étaient entendus déjà à la cité Zefzef où les forces d’occupation ont été alertées de l’attaque. 
"Les civils qui nous accompagnaient essuyèrent des coups de balles nourris et durent fuir de tous côtés", ajoute Hafsi qui souligne s’être retrouvé seul avec Saker qui transportait la bombe artisanale. 
A ce moment, Hafsi raconte avoir abattu un policier qui s’était soudainement dressé face à eux avant d’être lui et son compagnon la cible d’une mitraillette placée sur un édifice qui les força à se séparer. Saker se dirigea vers le port tandis que Hafsi prit la direction d’El Ksar Lekhdar où il dut s’accrocher avec deux policiers de la milice coloniale tu ant l’un et blessant l’autre pour ensuite rejoindre par la route du palais de Meriem Azza, les maquis de la région Sidi Ahmed. 
Le moudjahid affirme avoir vu alors les avions qui bombardaient les localités de Filfila et El Allia d’où des colonnes de fumée des incendies montaient vers le ciel tandis que les tirs n’ont pas cessé de retentir depuis le centre-ville de Skikda tout comme les cris assourdissant des citoyens. 
Ce 20 août 1955, se souvient Hafsi, fut un samedi durant lequel les gardes des casernes étaient remplacées et ce fut aussi le jour du marché hebdomadaire pour les colons au centre-ville de Skikda, ainsi que celui de l’arrivée d’un bateau de France. 
Consciente de la gravité de la situation, l’armée coloniale avait encerclé la ville de Skikda tirant sans distinction sur tous les Algériens rencontrés sur son chemin, ajoute encore ce témoin. 
Une offensive audacieuse affrontée par des représailles féroces
Abordant le bilan de l’offensive, Hafsi assure que "les moudjahidine sont parvenus à détruire plusieurs avions de guerre au sol au niveau de l’aéroport ainsi que plusieurs infrastructures coloniales tuant plusieurs soldats ennemis". 
"La réaction française fut d’une férocité inouïe", ajoute ce moudjahid qui précise que "des arrestations massives avaient été menées parmi la population civile et des milliers d’Algériens virent leurs maisons et mechtas pilonnées par avions et par l’artillerie". 
"Des milices de colons furent aussitôt créées et s’adonnèrent à une série de massacres contre des civiles désarmés", se remémore-t-il encore, assurant que "la plus horrible exaction fut de rassembler le lendemain de l’offensive des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants au stade de Philippeville (baptisé aujourd’hui 20 août 1955) pour y être exécutés collectivement". 
Des massacres horribles furent également perpétrés les 21, 22 et 23 août 1955 à travers les diverses communes et cités de Skikda, relate Ahmed Hafsi qui souligne que le bulldozer conservé encore devant le stade de Skikda fut utilisé pour creuser les fosses communes pour enterrer les civils assassinés et mêmes certains blessés ensevelis vivants". 
Des conférences historiques annuelles pour que nul n’oublie les sacrifices
Dans ce cadre et pour assurer que les générations montantes connaissent bien les détails des massacres perpétrés par le colonialisme français au cours de ces évènements durant lesquels la région a déploré environ 5.000 chouhada, l’association "1er novembre 1954", organise annuellement des conférences historiques marquées notamment par la présentation de témoignages de moudjahi dine, indique son président Mohamed Siad. 
Il a été en outre proposé de réaliser des monuments et plaques commémoratives sur les sites de ces évènements dont un puits dans la commune de Filfila au fond duquel plus de 20 civils avaient été jetés, affirme M. Siad. 
La wilaya de Skikda compte plusieurs autres sites ayant été durant cette offensive du 20 août 1955 le théâtre d’évènements révélateurs de l’adhésion et de l’engagement populaire en faveur de la Révolution libératrice dont le stade communal, le carré des martyrs du cimetière de Zefzef, Filfila et le cimetière des martyrs de Souika, soulignent des acteurs du mouvement associatif.
 

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